Le président américain, Joe Biden, a donné jeudi un discours à Philadelphie, berceau de la démocratie américaine, à deux mois des élections de mi-mandat. Avec une virulence rare, il s’en est pris à « l’extrémisme » de l’ex-président Donald Trump et de ses partisans, qu’il considère comme une menace pour les institutions du pays.
Joe Biden, dans une rare attaque directe de son prédécesseur républicain, a dénoncé jeudi 1er septembre « l’extrémisme » de Donald Trump et de ses partisans, leur reprochant d’ébranler les « fondations mêmes » de la démocratie américaine, dans la ville qui en fut le berceau.
S’exprimant à Philadelphie (est), il a clamé : « Donald Trump et les ‘républicains MAGA’ représentent un extrémisme qui menace les fondations mêmes de notre République ». L’ancien président et ceux qui souscrivent à son idéologie « Make America Great Again » (« Rendre à l’Amérique sa grandeur », l’ancien slogan de Donald Trump) « ne respectent pas la Constitution. Ils ne croient pas à l’État de droit. Ils ne reconnaissent pas la volonté du peuple », a martelé le président démocrate, dans ce rare discours en « prime time ».
Join me as I deliver remarks on the continued battle for the soul of the nation. https://t.co/VF5kPclCXs
— President Biden (@POTUS) September 2, 2022
Derrière lui, se détachant tout illuminé sur le ciel nocturne, le « Independence Hall », bâtiment de briques rouges où furent adoptées la Déclaration d’indépendance et la Constitution américaine.
Le démocrate, qui avait tenu à Philadelphie son premier meeting de candidat à la présidentielle, sait aussi que l’État où elle se trouve, la Pennsylvanie, détient peut-être la clé des élections législatives de novembre. Et donc de la suite de son mandat.
Les représentants de la droite radicale « applaudissent la colère. Ils se nourrissent du chaos. Ils ne vivent pas dans la lumière de la vérité mais à l’ombre des mensonges » , a encore scandé le président de 79 ans, qui veut galvaniser l’électorat démocrate et convaincre les indécis.
« Pas de place pour la violence politique »
Joe Biden avait déjà entonné pendant sa campagne le refrain sur la « bataille » à mener pour « l’âme de l’Amérique », mais sur un air plus doux : celui de la réconciliation et des appels à l’unité. Longtemps, cet ancien sénateur, vieux routier de la politique, a chanté les vertus de la coopération avec les républicains de bonne volonté.
Plus rien de tel jeudi soir. « Tous les républicains n’adhèrent pas à cette idéologie extrême », a-t-il certes reconnu, mais pour mieux décocher ensuite cette flèche : « Il ne fait aucun doute que le Parti républicain d’aujourd’hui est dominé, entraîné et intimidé par Donald Trump » et ses partisans.
Dénonçant les attaques persistantes et infondées du milliardaire contre la validité de l’élection de 2024, Joe Biden a lâché : « Vous ne pouvez pas aimer votre pays seulement quand vous gagnez. »
Alors que Donald Trump a promis jeudi de gracier s’il était réélu les personnes condamnées pour l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, le président démocrate a affirmé qu’il n’y avait « pas de place pour la violence politique aux États-Unis », et estimé que contester un scrutin menait au « chaos ».
Quand pendant son discours, un groupe d’opposants réuni à proximité a lancé en chœur « Fuck Joe Biden », il a rétorqué : « Ils ont le droit de s’indigner. C’est la démocratie. » En ne résistant toutefois pas à la tentation d’une pique : « Ils n’ont jamais été étouffés par les bonnes manières. »
Les démocrates rêvent d’un exploit
Selon un sondage publié jeudi par le Wall Street Journal, si les législatives de mi-mandat avaient lieu aujourd’hui, 47 % des électeurs voteraient démocrate, et 44 % républicain. La droite avait encore une avance de 5 points en mars. Les démocrates se prennent à rêver d’un exploit lors de ce scrutin qui renouvelle toute la Chambre des représentants et un tiers du Sénat.
Les enquêtes d’opinion ne sont pas infaillibles et, dans la vie politique américaine, deux mois, c’est une éternité. Mais le débat politique s’est déplacé depuis le début de l’été, abandonnant les sujets économiques pour venir sur le terrain du droit à l’avortement, des acquis de société, des inquiétudes sur la démocratie – autant de thèmes porteurs pour les démocrates.
Dans leurs premières réactions jeudi, les républicains ont d’ailleurs tenté de revenir à des problématiques qui leur sont plus favorables. « Tout va bien pour l’âme de l’Amérique. Les Américains souffrent à cause de votre politique. L’inflation rampante. La criminalité hors de contrôle. La montée du terrorisme. Les frontières détruites. Arrêtez vos sermons », a réagi le sénateur Lindsey Graham, fidèle parmi les fidèles de Donald Trump, à l’adresse de Joe Biden.
Donald Trump, dans une réaction énigmatique, a publié sur son réseau social Truth une image de Joe Biden brandissant les deux poings dans ce décor frappant, en la flanquant d’une photo de lui-même en train d’embrasser un drapeau américain.
AFP