Pour son deuxième mandat, Emmanuel Macron a décidé de conserver deux fortes têtes qui étaient déjà présentes du temps de Jean Castex : Éric Dupond-Moretti à la Justice et Gérald Darmanin à l’Intérieur. Le Monde a consacré le 28 août un article à ce dernier dans lequel il s’explique sur sa relation très tendue avec l’ancien avocat.
En gardant au gouvernement Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, Emmanuel Macron devait se douter que ça continuerait à faire des étincelles. La tension entre les deux hommes a atteint son paroxysme après les élections régionales de juin 2021, selon Le Monde, qui a révélé dans un article publié le 28 août qu’ils auraient failli en venir aux mains avant un conseil des ministres. Le ministre de la Justice aurait reproché à son collègue de l’Intérieur d’avoir félicité Xavier Bertrand pour sa réélection dans les Hauts-de-France. L’ancien ténor du barreau aurait accusé le locataire de la Place Beauvau de « trahison ». Face à l’attaque, l’ancien Républicain ne se serait pas laissé démonter et lui aurait rétorqué : « Commence par gagner une élection ! » De quoi faire monter encore plus la colère du garde des Sceaux.
« Je n’aime pas qu’on me parle mal », reconnaît plus de deux mois plus tard Gérald Darmanin dans les colonnes du Monde. « Sans doute est-ce le reste d’une éducation populaire qui consiste à se faire respecter : on se permet avec nous des choses que les bourgeois ne se permettent pas entre eux », se justifie celui qui revendique souvent ses origines populaires dans le quotidien. Avant d’affirmer : « Et puis le rapport de force fait partie de la vie. Sinon on se fait bouffer. » « J’ai appris que si tu ne grilles pas la queue à la cantine de temps en temps, on ne te file pas de frites ! », a ajouté avec humour l’ancien maire de Tourcoing.
Parfois, les deux ministres se marchent sur les pieds
Mais s’il y en a bien un qu’il ne fait pas rire, c’est bien Éric Dupond-Moretti. Leur mésentente supposée n’a pas pris de vacances. Tel son mentor Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin n’a pas chômé et s’est montré omniprésent cet été. À tel point qu’il a parfois marché sur les platebandes de son collègue du gouvernement. Cela s’est notamment fait sentir lors de son déplacement à Mayotte où il a notamment fait la proposition de durcir l’attribution de la nationalité aux enfants d’étrangers nés sur l’île, mais aussi de créer des « lieux de redressement » pour les enfants délinquants, qui seraient encadrés par des militaires. De quoi rendre furax Éric Dupond-Moretti qui aurait, selon Le Monde, transmis une note à Matignon.
Il y expliquait que la mesure proposée par le ministre de l’Intérieur était inapplicable pour des mineurs de moins de 13 ans. En reconnaissant que, sur ce sujet, Gérald Darmanin avait « dérapé », d’après le journal, Emmanuel Macron a d’une certaine façon donné gain de cause à Éric Dupond-Moretti. Le président de la République aurait demandé à Élisabeth Borne de le recadrer. « Quand on a une personnalité, je crois qu’on contribue à une polyphonie, il faut effectivement faire attention à éviter la cacophonie. La cheffe d’orchestre, c’est la Première ministre et il faut répondre à la baguette de la Première ministre », a résumé Gérald Darmanin dans C à vous, sur France 5, ce mercredi 31 août. Tout en réaffirmant, en même temps, le droit d’exprimer sa sensibilité.
gala