Aujourd’hui, sur l’Osaka Exchange, les cours du caoutchouc se situent à un plus bas de 10 mois à 218,8 yens ($1,57) le kilo. Sur le mois d’août, les prix du caoutchouc naturel ont chuté de 7 à 15 % dans différentes qualités et marchés.
Ainsi, sur le marché FOB de Bangkok, les prix, en dollar, ont baissé de 7,1% pour le TSR20, de 8,7% pour le RSS3 et de 7,4% pour le latex 60%. Sur le marché de Kuala Lumpur, le SMR20 a chuté de 7,3 % et le latex de 7,4 % en août. Sur le marché de Kottayam en Inde, alors que le grade de référence RSS4 a chuté de 7,2 %, latex 60 % a chuté en affichant une chute de 14,2 % au cours du mois d’août, souligne l’analyste Jom Jacob.
Une baisse surtout imputable à la Chine, qui représente environ 42% de la demande mondiale de caoutchouc naturel. L’activité des usines chinoises s’est contractée pour la première fois en trois mois en août dans un contexte d’affaiblissement de la demande, tandis que les pénuries d’électricité et les nouvelles flambées de la Covid 19 ont perturbé la production. « L’économie se remet encore lentement d’une épidémie généralisée de Covid-19 au premier semestre de l’année. Pourtant, les flambées locales et la canicule punitive ont perturbé la tendance et créé de nouvelles pressions à la baisse, menaçant la reprise », estime Wang Zhe, économiste principal chez Caixin Insight Group. La morosité du secteur immobilier, la poursuite de la politique zéro Covid et le rationnement de l’électricité dans les régions du sud-ouest en raison de la chaleur extrême et de la sécheresse ont freiné l’activité manufacturière.
Au Japon, l’activité manufacturière a augmenté à son rythme le plus faible en près d’un an en août, les entreprises étant touchées par la détérioration des conditions de l’économie mondiale et la baisse de la demande de la Chine et de la Corée du Sud.
Le marché du caoutchouc n’échappe pas non plus, à l’instar de la plupart des marchés, aux tensions géopolitiques et économiques que cela soit la guerre en Ukraine, le ralentissement économique mondial, la forte inflation, le resserrement de la politique monétaire, la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, la fermeté du dollar, etc
Autant d’éléments qui pèsent sur la demande mondiale du caoutchouc naturel et la rend très incertaine, voir baissière dans les mois à venir. Aujourd’hui, elle est estimée à 14,415 millions de tonnes en 2022, en hausse de 1,5 % par rapport à l’année précédente.
Du côté de la production mondiale, elle est prévue en hausse de 3,6% à 14,625 Mt. L’excédent ne serait que de 210 000 tonnes. Mais, souligne Jom Jacob, la période de la mi-juillet à la mi-décembre est la saison de production maximale du caoutchouc naturel dans le monde et donc sur l’ensemble de cette période, la production mensuelle attendue est supérieure à la consommation. En outre, compte tenu des risques pesant sur la demande, l’excédent pourrait s’aggraver.
« En résumé, des facteurs fondamentaux et non fondamentaux sont susceptibles de peser sur les prix du caoutchouc naturel, rendant pratiquement impossible que les prix fassent volte-face au moins jusqu’en décembre 2022 » conclut Jom Jacob.
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