Thomas Pesquet pousse un grand coup de gueule contre les complotistes

Pris à parti par des internautes au discours complotiste, l’astronaute français a tenu à mettre le points sur les I sans prendre de pincettes.

Thomas Pesquet, ici en combinaison peu avant une mission de maintenance à l’extérieur de l’ISS. © NASA / ESA

Notre société moderne est parfois très ambivalente, et les systèmes d’information modernes en sont un excellent exemple ; l’humanité n’a jamais eu accès à autant d’informations de qualité qu’aujourd’hui, et pourtant, il existe encore tout un pan de la population qui reste intimement convaincue que les reptiliens sont parmi nous, que la Terre est plate et qu’Apollo 11 a été tourné dans un studio.

On se souvient par exemple de la réaction épidermique de Buzz Aldrin en 2019 ; la légende d’Apollo 11, poussée à bout par les invectives d’un négationniste un peu trop véhément, il a fini par craquer en lui adressant un coup de poing bien mérité. Aujourd’hui, c’est notre Thomas Pesquet national qui a été pris à partie de la même façon. L’intéressé a été interpellé par des internautes sur la base d’une interview accordée à France 2 au sujet des missions Artemis, qui doivent ramener l’Homme sur la Lune d’ici quelques années.

Des attaques à la mauvaise foi consternante

Au moment de décrire son admiration pour notre satellite et son excitation vis-à-vis du programme, il s’est réjoui que notre espèce soit en passe d’« aller très loin, aussi loin qu’aucun être humain ne s’est jamais éloigné de la Terre ». « Quand je regarde la lune, le soir, j’ai un petit frisson, parce que je me demande si c’est humainement possible d’aller là-bas », a-t-il ajouté sur un ton rêveur.

Il s’agissait d’une référence aux implications du programme, puisqu’il doit servir de point de départ à la prochaine phase de colonisation spatiale. Mais comme on pouvait s’y attendre, certains internautes l’ont interprété d’une façon très différente. Pour eux, il s’agissait de lapsus révélateurs qui prouveraient que l’humain n’est jamais allé sur la Lune.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ; naturellement agacé et amer, l’astronaute s’est saisi de son smartphone pour aller remettre les pendules à l’heure sur Twitter. Une saillie rare, qui témoigne bien de l’impact de ces accusations chez ce grand professionnel, pourtant unanimement reconnu dans le milieu pour sa bienveillance et son humanité.

Un crève-cœur pour ce grand vulgarisateur

Il n’a pas souhaité donner de grain à moudre à ses détracteurs; pas question de se lancer dans une nouvelle explication théorique. Cela serait de toute façon peine perdue dans ce contexte. « On ne va pas démontrer ici que les alunissages ont bien eu lieu, parce que ça a déjà été fait des MILLIONS de fois », annonce-t-il d’entrée. Il déplore aussi l’oreille sélective dont souffre une partie du public. « Ils parlent de vérité, mais choisissent des trucs qui les arrangent et ignorent le reste », décrit-il.

« ça nie tout le (vrai) boulot incroyable que des milliers de gens font dans le monde pour les missions spatiales (entre autres) », s’insurge-t-il. « Ils/elles méritent mieux que ça. Et on ne parle même pas des gens qui ont en plus risqué leur vie pour ces missions… ». Une situation forcément douloureuse et difficile à accepter pour un scientifique de vocation qui a toujours accordé une importance énorme à la transmission et à la vulgarisation saine.

« Il y a d’un côté des gens qui expliquent les choses pour de vrai, comme @gourmaud_jamy et des centaines d’autres, et de l’autre des gens qui essaient juste de créer du chaos en ayant l’air d’expliquer. Il faut voir la différence dans les intentions et dans les méthodes » […] « ça me fait de la peine, après tout ce que j’ai fait depuis 10 ans, mes deux missions, les milliers d’heures de boulot en plus pour les partager et expliquer la science et la technologie, d’avoir à faire ce tweet aujourd’hui », se désole-t-il.

Espérons que ce coup de gueule rare permettra de remettre les idées en place à certains sélénosceptiques… même si l’on peut déjà affirmer sans trop de risques qu’on reverra probablement ces discours fleurir à chaque nouvelle étape du programme Artemis. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que l’humanité finira bien par retourner sur la Lune, que ce soit en 2025 ou plus tard… et ceux qui promulguent ces discours ne feront pas partie du voyage, contrairement aux astronautes professionnels qui repoussent littéralement les frontières de l’humanité.

Qu’a vraiment dit Thomas Pesquet ?
Thomas Pesquet n’a jamais avoué que le premier alunissage était une vaste fumisterie, mais il a en revanche raison sur le caractère inédit de la mission Artemis. Le vaisseau utilisé pour la prochaine excursion sélène promet d’emmener l’Homme plus loin qu’il n’est jamais allé avec Apollo 11. Avant de se poser, Artemis se placera d’abord en orbite autour de la Lune, à un peu plus de 64 000 kilomètres de notre satellite. Une distance bien plus importante qu’en 1969, où la fusée de Buzz Aldrin et Neil Armstrong s’était “contentée” de stationner à environ 483 kilomètres de la surface lunaire. Une infographie précise du trajet prévu par la NASA est accessible sur le site officiel de l’Agence spatiale canadienne.

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