En prélude de la visite du ministre de l’Intérieur français Darmanin en Afrique de l’Ouest, et notamment au Sénégal pour discuter sur la facilité des expulsions des « modou », ces dealers sénégalais qui trafiquent dans la capitale française, le journal « le Parisien » revient sur ces compatriotes, qui constituent la face hideuse de l’immigration.
Selon le Parisien, le « modou », du nom de ces dealers sème la mort dans Paris en vendant du crack, et empoisonne la vie des riverains. De la porte de la Chapelle à Stalingrad en passant par les Jardins d’Éole (XIXe), au gré des déplacements de toxicomanes imposés par les pouvoirs publics, les modous réapparaissent toujours au milieu de leurs clients. Le crack à Paris, c’est eux! Selon le journal, 200 transactions ont lieu quotidiennement dans le bidonville du square de la Porte-de-la-Villette, où se retrouvent aujourd’hui la majorité des consommateurs.
D’ici quelques jours, le ministre de l’Intérieur va se rendre en Afrique de l’Ouest pour faciliter les expulsions, mettant ainsi la pression sur les modous, ces dealers sénégalais qui trafiquent dans la capitale. Le ministre de l’Intérieur français veut éradiquer ce fléau d’ici un an, sans doute dans la perspective des Jeux olympiques à Paris en 2024. Une course contre la montre aux allures de mission impossible. Le dernier plan qui visait à sortir de la rue les usagers du crack s’est soldé l’an dernier par des résultats mitigés.
200 policiers mobilisés au quotidien
Au quotidien, lit-on dans le journal « 200 policiers » sont mobilisés, ce qui a permis en un mois « 128 arrestations », a présenté à la mi-août la préfecture de police dans un « bilan d’action crack ». « Le problème, c’est que ce rythme-là on ne peut pas le tenir dans la durée, même avec le renfort d’un millier de collègues à Paris, soupire un gradé. À moyen terme, une stratégie plus fine va être mise en place. « Il faut démanteler les filières, je me rendrai bientôt en Afrique de l’Ouest pour avoir un dialogue franc avec les pays concernés et créer les conditions de reconduite très rapide des trafiquants dans leurs pays d’origine », a annoncé Gérald Darmanin la semaine dernière. Dans le viseur du ministre : les modou. Car informe le journal toujours, le mode de fonctionnement de ces dealers, qui seraient plusieurs dizaines à Paris, est singulier. La quasi-totalité est âgée d’une trentaine d’années, viennent de Louga, une région du nord-ouest du Sénégal. À leur arrivée en France, ils sont pris en main par des compatriotes plus expérimentés qui leur apprennent le « métier » de dealer de crack.
Le modou « moyen » gagne de 500 € à 800 € par jour
On s’organise, on mutualise les moyens, on maximise les profits. Objectif : se faire le plus d’argent possible pendant dix ou quinze ans avant de rentrer au pays. En moyenne, un modou vend 50 à 80 cailloux par jour. À 10 € la dose, cela fait un chiffre d’affaires qui ne dépasse pas les 800 €. Pourquoi les pouvoirs publics n’ont jamais gagné la bataille du crack ? Déjà, jamais de grosse saisie (seulement 2,2 kg depuis le début de l’année). Les trafiquants fonctionnent à flux tendus. Même l’interpellation du « vendeur du jour », une spécialité des équipages de brigade anti criminalité, est difficile car le modou apprend à cacher les cailloux dans sa bouche. Enfin, la peine de prison qui lui pend au nez, inévitable, ne fait pas peur. Parmi les pistes pour éradiquer le crack, l’expulsion des modou vers le Sénégal sera évidemment explorée. « Pour que cela fonctionne, il faut une vraie collaboration avec le pays d’origine », souligne une source judiciaire. Le souci, c’est que le dealer préfère revendiquer une nationalité gabonaise, ce qui rend son expulsion bien plus complexe. Et s’il n’y a plus de dealers sénégalais, peuvent-ils être remplacés ?
Faut-il des peines plus lourdes?
Selon le journal qui cite le parquet de Paris, « un trafiquant encourt dix ans voire vingt ans en récidive. Ce n’est pas la peine de changer la loi. Après, le parquet peut requérir encore plus sévèrement. C’est une option. » Couper la route de l’argent ? Autre piste : empêcher l’envoi d’argent au pays. Les modou ont recours à un système de compensation auprès de commerces communautaires parisiens. Ils envoient aussi des mandats cash de type Western Union. Des passeurs d’argent issus de la communauté sont sollicités. D’après la préfecture de police, plus de 156 000 € d’avoirs criminels ont été saisis depuis le début de l’année. « Tarir l’approvisionnement en cocaïne, à partir de laquelle on fabrique le crack, me semble impossible, analyse un spécialiste du trafic de stupéfiants. On n’a jamais réussi à le faire. Éradiquer le crack, c’est peut-être envisageable. Mais un an pour ça, c’est très difficile. Espérons juste qu’on ne va pas encore déplacer les consommateurs en banlieue pour faire place nette à Paris. »
« le Parisien »