Et si c’était le virus d’Epstein-Barr (EBV) qui était à l’origine du déclenchement imprévisible de la sclérose en plaques ? Selon une nouvelle étude de chercheurs américains, le virus d’Epstein-Barr (EBV) provoquerait très probablement la sclérose en plaques. Pour la première fois, des scientifiques ont identifié un responsable de cette maladie auto-immune. Cette découverte ouvre la voie et soulève l’espoir du développement possible d’un futur traitement, qui permettrait de guérir cette maladie affectant environ 2,8 millions de personnes dans le monde.
Un article paru le 13 janvier 2022 dans Science est le premier à apporter des preuves solides d’un lien de causalité entre une infection par EBV et l’apparition de la sclérose en plaque. « C’est un grand pas en avant car cela suggère que la plupart des cas de sclérose en plaque pourrait être évitée en bloquant l’infection par l’EBV, et cibler l’EBV pourrait conduire à la découverte d’un traitement contre la sclérose en plaques », explique Alberto Ascherio, scientifique à l’université d’Harvard et directeur des travaux publiés dans Science.
L’infection par le virus EBV est suspectée depuis longtemps de participer à l’apparition de cette maladie neurodégénérative (Une maladie neurodégénérative correspond à une pathologie progressive qui affecte le cerveau ou plus globalement le système nerveux, entraînant la mort des cellules nerveuses. Les plus fréquentes sont la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson). Dans la sclérose en plaques (SEP), la gaine de myéline qui entoure les fins prolongements de nos neurones (les axones), est attaquée par les cellules immunitaires des patients. Sa destruction provoque des « plaques » disséminées dans le cerveau et la moelle épinière. Évoluant par « poussées », la maladie est très variable d’un patient à l’autre, mais elle peut entraîner de graves séquelles et elle est l’une des causes fréquentes de handicap chez les jeunes adultes. L’affection se traduit par une multitude de symptômes (faiblesse musculaire, fourmillements dans les bras ou les jambes, troubles de la vue…)
Selon des études antérieures, des anticorps sanguins dirigés contre l’EBV sont présents en quantités chez environ 99,5 % des patients atteints de SEP. Mais aussi chez 94 % des individus sains : en clair, 94 % de la population générale a été exposée à ce virus très répandu, qui se transmet par la salive et provoque parfois une mononucléose infectieuse, avec fatigue, fièvre, pharyngite, adénopathies…
Le virus d’Epstein-Barr-Virus appartient à la famille des herpès virus, et il est responsable de la mononucléose infectieuse affectant généralement les adolescents et les jeunes adultes. Appelée aussi par la fièvre glandulaire, celle-ci se transmet par la salive, ce qui lui vaut l’appellation de « maladie du baiser » (ou « maladie des fiancés ») à travers un contact direct entre deux personnes (un baiser) et par des projections comme la toux ou les postillons. La mononucléose est une maladie infectieuse qui se caractérise par une multiplication dans le sang de globules blancs appelés lymphocytes. La maladie entraîne notamment l’enflure des ganglions, des maux de gorge, une grande faiblesse et une forte fatigue. Elle touche les adolescents et les jeunes adultes de façon particulièrement virulente, même si tous les groupes d’âge peuvent être atteints.
Hasard du calendrier, l’entreprise américaine Moderna a annoncé le 5 janvier 2022 le début des tests cliniques pour un vaccin contre le virus d’Epstein-Barr utilisant la technologie à ARNm.
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