« Bonjour maman et papa, je vais bien. Ne vous inquiétez pas pour moi. J’ai fait ce que j’avais à faire. Maman, ne t’inquiète pas pour moi – tout va bien se passer ».
C’est le message vidéo que Brahim Saadoune a envoyé depuis l’est de l’Ukraine en direction de son pays, le Maroc. Crâne rasé, visage sérieux, Brahim répondait, en détention, aux questions d‘un journaliste russe.
Le silence du Maroc
Jusqu’à l’enregistrement de cette vidéo, son cas est largement méconnu au Maroc. Sa famille tente de contacter les autorités pour obtenir des informations, mais elle fait d’abord face au flou, comme explique sa soeur Imane.
« Les autorités marocaines étaient tellement silencieuses depuis le début. Et le pire, c’est que j’ai l’impression qu’elles ont essayé de cacher son cas à tout le monde. Lorsque nous avons appelé l’ambassade (en Ukraine) et donné son nom, ils ont fait comme s’il n’existait pas. Et on pouvait entendre la peur dans leur voix. Je ne comprends pas pourquoi. Mais les autorités marocaines n’ont encore rien fait. Rien. Absolument rien. Pas même un coup de fil pour nous dire de rester forts », se désole-t-elle.
Ce n’est que tardivement que les autorités vont confirmer publiquement que Brahim a été capturé en tant que membre del’armée ukrainienne.
Rabat a tout de même tenu à indiquer qu’il a été détenu par une organisation qui n’est reconnue ni par les Nations unies ni par le Maroc. L’attitude hésitante du Maroc pourrait également être liée à ses relations avec la Russie. Les deux pays entretiennent notamment des relations économiques étroites.
Le Maroc tente de rester neutre auprès des Nations unies depuis le début de l’invasion russe et le royaume n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine.
Appel à l’aide
Faute de soutien de la part des autorités marocaines, le père de Brahim, Taher Saadoune, organise des conférences de presse, s’adressant au gouvernement marocain, aux responsables du Donetsk et même à Vladimir Poutine.
„Je n’ai reçu aucun appel, pas même du ministère des Affaires étrangères, rien du tout. Cette conférence ici est importante pour que les organisations internationales se penchent sur le cas de ce jeune homme de 21 ans – qui a été forcé à être en première ligne. Il a été arrêté par la Russie, donc la Russie est pour nous le premier interlocuteur – avec le chef des forces armées, Vladimir Poutine », a martelé Taher Saadoune, lors d’une conférence de presse.
Grâce au hashtag #savebrahim, lancé par ses amis en Ukraine, la famille de Brahim reçoit des encouragements. Mais pas seulement. Elle doit aussi faire face à la la haine, et même des applaudissements à sa condamnation à mort. Brahim Taher Saadoune a tout de même fait appel de sa condamnation à la peine capitale.
dw