Covid, changement climatique : le développement mondial recule de cinq ans

People living in a slum sit near to their waterlogged dwelling after heavy rains in Bangalore on September 7, 2022. (Photo by Manjunath Kiran / AFP)

Covid-19, catastrophes climatiques… les crises s’accumulent et le niveau de vie mondial en pâtit. Dans un rapport publié ce jeudi, le Programme de l’ONU pour le développement (Pnud) s’alarme d’une baisse historique de l’Indice de développement humain (IDH), calculé en fonction de l’espérance de vie, l’éducation et le niveau de vie. Pour la première fois depuis sa création il y a plus de 30 ans, l’indicateur recule depuis deux années consécutives en 2020 et 2021. Au point de revenir à son niveau de 2016. Soit cinq ans de développement effacés.

«Cela veut dire que nous mourons plus tôt, que nous sommes moins éduqués et que nos revenus baissent, précise Achim Steiner, administrateur du Pnud. Nous avons vécu des catastrophes avant, nous avons eu des conflits avant, mais la confluence de ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui est un recul majeur pour le développement de l’humanité.» À la pandémie de Covid-19 et ses répercussions sur la mortalité, les systèmes de santé et l’économie des pays, se sont ajoutées d’autres crises – notamment climatiques.

Plus de 90 % des pays concernés
La Suisse, la Norvège et l’Islande sont toujours en tête du classement de l’ONU, tandis que le Soudan du Sud, le Tchad et le Niger le referment. Mais le maintien des inégalités entre pays ne doit pas tromper : plus de 90 % sont concernés par ce recul de développement. Un «choc sans précédent» pour l’auteur du rapport, Pedro Conceiçao. En témoigne le recul de l’espérance de vie mondiale : de 73 ans en 2019, elle a chuté à 71,4 ans en 2021. «Aux Etats-Unis, il y a eu une baisse de deux ans d’espérance de vie, dans d’autres pays, la chute est encore plus grande.», poursuit-il.

Si le rapport des Nations Unies s’arrête à 2021, les perspectives pour 2022 sont tout aussi sombres. La faute à la guerre en Ukraine et son impact sur les sécurités alimentaire et énergétique. Certains pays d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Afrique subsaharienne ou d’Asie du Sud n’avaient pas encore eu le temps de se remettre de la pandémie.

Transformation du modèle économique
Au-delà des chiffres, le rapport décrit des populations «perturbées», en proie à l’incertitude. Il craint que toutes ces «frustrations» ne mènent sur la voie des extrêmes, de la violence et plaide pour un changement en profondeur. «Nous ne pouvons plus continuer avec les règles du jeu du siècle dernier, focalisé sur la croissance économique, insiste Achim Steiner. La transformation dont nous avons besoin requiert de nouveaux indicateurs : bas carbone, moins d’inégalités, plus de durabilité…»

Le Pnud suggère de se concentrer sur trois axes : les investissements dans les énergies renouvelables et la préparation aux nouvelles pandémies, l’assurance (dont la protection sociale) pour absorber les chocs et les innovations pour pouvoir faire face aux prochaines crises. Il appelle à inverser la tendance à la baisse de l’aide au développement des pays les plus vulnérables, observée depuis quelques années. Le chef du Pnud persiste : «Changement climatique, pauvreté, cybercriminalité, pandémies nécessitent que nous travaillions ensemble, en tant que communauté internationale.»

LIBERATION

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