Pour la première fois, plus d’une entreprise française sur deux utilise la fibre

55 % des entreprises tricolores sont désormais raccordées à la fibre optique, selon le dernier baromètre Ifop-Covage paru mercredi. Mais 41 % des autres ne souhaitent pas basculer, par crainte de payer plus cher.

Bonne nouvelle pour la compétitivité française. Pour la première fois depuis le lancement de la fibre optique il y a dix ans, plus d’une entreprise française sur deux (55 %) utilise désormais ces précieux fils de verre. C’est ce que montre le dernier baromètre Ifop-Covage paru mercredi qui, depuis quatre ans, mesure le développement de la fibre chez les grands groupes et les PME. Pour l’occasion, 800 sociétés ont été interrogées.

La progression est spectaculaire. Par comparaison, « seulement » 37 % des entreprises étaient fibrées l’année dernière, et à peine 23 % en 2019. « La croissance s’est accélérée au-delà de nos attentes, il y a un vrai momentum », résume Denis Teissier, directeur marketing et communication chez Covage, l’un des gros opérateurs d’infrastructures du pays.

Les beaux yeux de la fibre
Le paradoxe est donc peu à peu en train de disparaître… Après des années de travail à vitesse grand V, les opérateurs télécoms ont fibré la France à plus de 70 %, l’un des plus forts taux en Europe. Les Français aussi ont basculé : depuis le printemps 2022, le nombre d’abonnements à la fibre (15,5 millions aujourd’hui) est supérieur à ceux de l’ADSL sur le vieux réseau cuivre. Mais le marché des entreprises, moins concurrentiel et plus lent à bouger que le marché grand public, restait encore un peu à l’écart. Jusqu’à présent, de nombreuses PME n’étaient pas toujours éligibles, ou pensaient à tort ne pas l’être.

Or c’est précisément ce frein qui s’est beaucoup estompé l’année dernière. « La connaissance de l’éligibilité a beaucoup progressé », explique Denis Teissier. La baisse des prix sur le marché de gros (les opérateurs qui louent leurs réseaux fibre à d’autres opérateurs ciblant les entreprises) a aussi joué.

Autre bonne nouvelle pour les « telcos », les entreprises passent à la fibre « pour ses beaux yeux ». De façon un peu contre-intuitive, la crise sanitaire a en effet eu un impact limité, du moins chez les PME. Ainsi, 69 % des entreprises sondées disent que le Covid-19 ne les a pas incitées à lancer ou à accélérer leur passage à la fibre.

Si les entreprises adoptent cette technologie, c’est donc surtout pour son débit. L’accès à un Internet rapide, la possibilité d’échanger des fichiers volumineux, d’utiliser des logiciels métiers dans le cloud mais aussi la visioconférence viennent en tête des usages. Et la progression va se poursuivre : 59 % des entreprises non équipées veulent adopter la fibre d’ici à trois ans et les deux tiers choisiront alors de la fibre « pro », avec des services dédiés.

Les « réfractaires » progressent
Pour autant, la partie est loin d’être jouée. L’adoption de la fibre varie beaucoup selon la taille et la géographie. Elle est encore minoritaire (49 %) chez les micro-entreprises (1 à 5 salariés), tandis que le taux monte à 74 % pour les entreprises de 50 salariés ou plus. Plus une entreprise est grande, plus sa propension à passer à la fibre augmente. De la même façon, 70 % des entreprises d’Ile-de-France sont fibrées, contre 36 % dans les communes rurales.

Plus inquiétant, le nombre d’entreprises « réfractaires » a augmenté, même si elles restent minoritaires : 41 % d’entre elles n’envisagent pas d’abandonner l’ADSL, contre 35 % en 2021. « Nous n’avions pas forcément vu ce sujet », reconnaît Denis Teissier. Plus que la non-éligibilité, les employeurs redoutent désormais de devoir payer plus cher et d’être contraints ensuite à revoir toute leur architecture informatique. « Il y a encore l’idée qu’on met le doigt dans un engrenage, sans savoir où aller », résume Denis Teissier.

Pourtant, le passage à la fibre optique n’entraîne pas systématiquement une numérisation plus large des processus. Selon une étude récente du BCG pour le Medef, la moitié des entreprises tricolores (surtout dans l’industrie et les secteurs traditionnels) ne sont pas embarquées dans la transition numérique. Preuve que la « brique télécoms » ne fait pas tout.

lesechos

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