Crise de l’énergie : Les stations de ski redoutent « un choc économique »

COUP DE FROID Avant l’ouverture de la saison hivernale, les stations de ski s’inquiètent de l’augmentation des tarifs de l’électricité qui pourrait mettre à mal leur équilibre financier

Si les stations de ski ont l’obligation d’ouvrir cette saison, elles redoutent néanmoins d’être grandement fragilisées par la hausse vertigineuse du prix de l’électricité.

Pour certaines d’entre elles, la facture pourrait être multipliée par 7 ou 8.

Domaines skiables de France plaide pour la sobriété énergétique et demande à l’Etat que les sociétés de remontées mécaniques intègrent le dispositif d’aide aux entreprises grandes consommatrices d’énergie.

La hausse vertigineuse du prix de l’énergie, qui occupe désormais tous les esprits, fait craindre le pire aux stations de ski. De là à imaginer que certaines d’entre elles n’ouvriront pas au début de la saison hivernale ? « Nous sommes dans l’incapacité de signer un nouveau contrat avec EDF au vu des propositions qui nous sont faites. La facture d’électricité représenterait entre 20 % et 25 % de notre chiffre d’affaires, contre 5 % actuellement », dénonçait sur France 3 Sébastien Giraud, le directeur général de la régie des remontées mécaniques de Villard-de-Lans (Isère). Et d’enfoncer le clou : « On ne pourra pas la payer. En l’état actuel des choses, nous ne serons pas en capacité d’ouvrir. »

Des propos tempérés par d’autres. « C’est une aberration de dire que les pistes ne pourront pas ouvrir car, en réalité, nous avons l’obligation de le faire. Ce n’est pas une option », souligne-t-on du côté de Val Thorens. « Les télésièges sont considérés comme un moyen de transport, au même titre que les bus ou les métros. Les gestionnaires de remontées mécaniques ont des délégations de service public. Ils ont donc l’obligation d’ouvrir », précise Anne Marty, directrice générale adjointe d’Altiservice et présidente déléguée de Domaines skiables de France (DSF).

Une facture multipliée par 7 ou 8 ?
Voilà de quoi rassurer les skieurs. Les stations seront tenues de faire tourner leurs télésièges, mais à quel prix ? Beaucoup redoutent déjà d’avoir à régler des factures astronomiques. « L’impact sera important, même si la situation est disparate d’une station à l’autre », redoute déjà Anne Marty. Celles dont le contrat de fourniture d’électricité est en cours ne seront pas les plus pénalisées. Pour les autres, le temps presse. Les stations dont le contrat expire au 31 janvier, « doivent signer rapidement ». Sinon, « les prix pourraient être multipliés par 7 ou 8 », s’inquiète-t-elle.

Altiservice gère les stations de Saint-Lary et Font-Romeu dans les Pyrénées. Dans le pire des scénarios, la « facture grimperait de 2 millions à 15 millions d’euros, souligne Anne Marty. On passerait d’un résultat net de 4,5 millions d’euros à -2 millions d’euros. Ce n’est pas supportable pour nos stations. »

Dénonçant la « hausse très brutale des prix de l’électricité » et redoutant « un choc économique », Domaines skiables de France a demandé à l’État que les sociétés de remontées mécaniques puissent bénéficier du dispositif d’accompagnement des entreprises énergo-intensives « au même titre que l’ensemble des autres filières françaises ». En attendant, le salut passera par des actions combinées au niveau national.

Vers une hausse des forfaits
« La priorité est d’adopter un plan de sobriété pour réduire au maximum notre consommation, indiquait sur RCF Alexandre Maullin, président de DSF. Avec un peu d’ingéniosité, nous pouvons tous arriver à une baisse de 10 %. » « Des réflexions sont en cours. Dans les créneaux horaires de faible affluence, on pourrait, sur un secteur desservi par deux téléphériques, en arrêter un », précise-t-on à Val Thorens. « On peut aussi abaisser la vitesse de 6 m/seconde à 4 m/seconde », poursuit Anne Marty. D’autant que « le skieur ne rendra pas compte de la différence », selon Alexandre Maullin qui ne veut « pas crier au feu avant même que la maison ne brûle ».

La hausse des tarifs des forfaits semble, quant à elle, inéluctable. « Une partie du surcoût sera inévitablement répercutée au client final », confirme DSF précisant que les discussions à ce sujet doivent être menées avec les collectivités.

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