Monkeypox : la variole du singe pourrait affecter le cerveau

Certains patients contractent des encéphalites et font des crises d’épilepsie après avoir été infectés par la variole du singe, selon une récente méta-analyse.

Variole du singe
Le virus de la variole du singe pourrait atteindre le cerveau et engendrer des séquelles neurologiques dans de rares cas.

Deux ans et demi après le début de la pandémie de Covid-19, la recherche commence à mieux comprendre comment le virus du SARS-CoV-2 affecte nos organes et notamment notre cerveau. La variole du singe, qui a refait surface en mai 2022 dans le monde, est désormais elle aussi scrutée de près. 3.547 cas ont été confirmés en France au 1er septembre 2022, tandis qu’en tout, la maladie s’est propagée à 41.000 personnes dans le monde, selon l’OMS fin août 2022. 34% des cas recensés dans le monde se trouvent aux Etats-Unis et 12 décès ont été enregistrés jusqu’à présent. Les premiers symptômes de la variole du singe sont la fièvre, des douleurs musculaires, une fatigue. Puis une éruption cutanée étendue apparaît (macules, papules puis pustules). Mais, causée par un virus tout comme le Covid-19, elle pourrait, elle aussi, affecter le cerveau des personnes contaminées, selon les conclusions d’un récent article paru dans eClinicalMedicine, une revue du Lancet.

« Nous faisions partie des premières équipes à se pencher sur les complications neurologiques et psychiatriques du Covid-19, c’est pourquoi nous avons cet intérêt pour les conséquences neuropsychiatriques des maladies infectieuses », explique le Dr Jonathan Rogers, de la faculté de sciences du cerveau à l’University college de Londres (UCL) à Sciences et Avenir. « Par ailleurs, des complications neurologiques ont déjà été observées chez les personnes atteintes de la variole, qui fait partie de la même famille de virus que la variole du singe, les poxvirus. »

Crises d’épilepsie et encéphalite
Pour en savoir plus, l’équipe dirigée par des scientifiques britanniques a passé en revue 19 essais cliniques sur la variole du singe. Une méta-analyse comprenant au total 1.512 participants issus des Etats-Unis, du Nigeria, de la République démocratique du Congo (RDC), de la République du Congo et de la Grande-Bretagne. Leurs résultats ont montré qu’environ 2,7% des patients atteints par la variole du singe ont eu au moins une crise d’épilepsie et 2% d’entre eux ont eu une encéphalite, une inflammation grave du cerveau qui peut causer des séquelles à long terme. « Il est probable qu’une part des malades souffre à la fois d’encéphalite et de crise d’épilepsie. Malheureusement, la plupart des études ne mentionnaient que peu de détails. Ceci dit, de façon générale, l’encéphalite peut elle même causer des crises d’épilepsie, des symptômes psychiatriques, des épisodes de confusions voire même un coma ou la mort. Par ailleurs, l’encéphalite peut entraîner des handicaps neurologiques à long terme. Nous devons donc surveiller les personnes atteintes par la maladie sur plusieurs années afin d’observer ce qui se passe. »

Par ailleurs, 2,4% des patients ont souffert de confusion. « La confusion observée fait probablement partie d’un syndrome plus large appelé le délirium, un état de confusion intense à cause de la maladie. On ne sait pas encore ce qui le provoque dans le cas de la variole du singe. Le plus probable étant le contexte de l’infection et une réponse inflammatoire généralisée de l’organisme. » Les conditions d’hospitalisation peuvent parfois empirer cet état de confusion mais n’en sont pas la cause principale, selon le Dr Rogers. Les auteurs notent également que des problèmes psychologiques comme la dépression et l’anxiété étaient plus fréquents chez les patients hospitalisés, ce qui peut être en lien avec les lésions importantes pour l’apparence physique ainsi que la stigmatisation de la société autour de cette maladie.

Une propagation possible jusqu’au cerveau
Les chercheurs n’ont pas pu estimer la durée de ces symptômes, la plupart des études n’incluant pas de données à long terme sur le suivi des patients. Mais ces premiers résultats laissent penser qu’une atteinte du système neurologique sont possibles dans de rares cas. « Dans une petite proportion des malades, le virus semble en effet se propager jusqu’au cerveau. On ne sait pas encore exactement comment. Soit de façon directe, en infiltrant les tissus du cerveau, soit de façon indirecte par une réaction immunitaire. » Notons que la plupart des dommages neurologiques ont été observés chez des patients dont l’état avait nécessité une hospitalisation.

De nombreuses autres complications de la maladie ont déjà été recensées. Les autorités françaises estiment qu’environ 1 cas sur 10 serait touché par des affections telles qu’une éruption majeure avec plus d’une centaine de vésicules (ou des lambeaux de peau qui se détachent), des douleurs intenses à l’anus, au rectum ou à la bouche, une infection de la glotte, une surinfection de la peau, une atteinte infectieuse des yeux, une atteinte pulmonaire. Pour mieux comprendre le phénomène des complications neurologiques, l’étude appelle à une « surveillance coordonnée de ces symptômes » dans les structures de soin afin que les patients soient pris en charge de façon adéquate. De plus amples travaux sont nécessaires pour comprendre l’ampleur réelle du phénomène et en savoir plus sur la façon dont le virus de la variole du singe affecte les organes.

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