Après les mouvements de protestation qui ont viré aux scènes de pillages et de vandalisme sur tout le territoire le week-end dernier, le Premier ministre haïtien appelle au calme. Dimanche 18 septembre, Ariel Henry s’est adressé à la population haïtienne lui demandant de garder son calme et de protéger les biens des autres et les institutions du pays. Des citoyens l’accusent de « jeter de l’huile sur le feu ».
Dans son adresse à la nation, le Premier ministre a affirmé que les scènes de pillages n’avaient rien à voir avec la hausse du prix du carburant. Ariel Henry a dénoncé les méfaits de gens armés qui ont gagné les rues, pillé les magasins et les organisations internationales. Un discours que maître Frantz Mon Fils juge irresponsable.
« Nous constatons qu’il considère la population, surtout les jeunes qui sont derrières leurs barricades, comme des voleurs. Un jeune qui revendique de meilleures conditions de vie, des universitaires qui réclament de meilleures conditions d’apprentissage, des professeurs et toutes les couches de la société qui se soulèvent et tu les qualifies de gangs. Je crois que c’est Ariel Henry qui contrôle les gangs », estime-t-il.
« Cette adresse à la nation n’a aucun effet »
Pour Odiel Petit-Frere, un jeune entrepreneur, cette adresse à la nation est carrément nulle et non avenue. « Dans la situation actuelle, on attendait que le Premier ministre annonce le retrait de sa décision d’ajuster le prix du carburant. Ou peut-être sa démission parce que, lorsque tu diriges mal le pays, tu mets la vie des citoyens en danger », dit-il.
En aucun cas, le discours du Premier ministre haïtien n’aura contribué à calmer la colère de la population, nous fait savoir Fritz Desir, porte-parole du parti politique Haïti en action. Pour lui, Ariel Henry a commis une erreur irréparable en augmentant de plus de 50% les prix du carburant. « Aujourd’hui, cette adresse à la nation n’a aucun effet. Au contraire, elle donne encore plus de souffle à la mobilisation du peuple haïtien. »
En effet, un petit groupe de manifestants avait encore gagné les rues ce lundi pour réclamer le départ d’Ariel Henry. Faute de quoi, ils continueront à bloquer et à piller.
rfi