L’insuffisance cardiaque, une maladie grave trop souvent ignorée

À l’approche de la Journée mondiale du cœur, le 29 septembre, la campagne nationale de sensibilisation, sous le slogan « Insuffisance cardiaque : et si votre cœur essayait de vous dire quelque chose ?

À l’approche de la Journée mondiale du cœur, le 29 septembre, la campagne nationale de sensibilisation, sous le slogan « Insuffisance cardiaque : et si votre cœur essayait de vous dire quelque chose ? » sera déclinée dans tous les médias à partir de 25 septembre. (Depositphotos)

L’insuffisance cardiaque touche 1,5 million de Français, mais reste mal connue du public et trop peu diagnostiquée selon l’Assurance maladie, qui lance une campagne de sensibilisation aux signaux d’alerte de cette maladie chronique.

« Si demain dans votre famille quelqu’un vous dit + j’ai un cancer +, tout le monde va être ému. La même personne vous dit ‘ on m’a diagnostiqué insuffisant cardiaque, si émotion il y a, elle sera beaucoup moins forte ‘ », détaille Pr Christophe Leclercq, président de la Société française de cardiologie.

Des premiers signaux
Or les pathologies cardio-vasculaires représentent la première cause de mortalité dans le monde, et la deuxième en France -un patient meurt toutes les sept minutes de cette maladie-, après les cancers, a-t-il indiqué.

« Beaucoup (de Français) ne savent pas quel fardeau l’insuffisance cardiaque peut représenter pour les patients », témoigne Philippe Muller, la soixantaine dont près de trente ans de maladie, fondateur de l’association pour le Soutien à l’insuffisance cardiaque (SIC).

Tout devient compliqué, on doit se faire aider pour tout.
L’essoufflement au repos ou après quelques mètres de marche, d’importantes variations de poids, une très grande fatigue font alors partie du quotidien de la personne. « Tout devient compliqué, on doit se faire aider pour tout », relève-t-il.

Mais avant d’en arriver à ces symptômes invalidants, des premiers signes permettent de poser un diagnostic précoce : un essoufflement, même léger, une prise de poids rapide, des œdèmes aux pieds ou aux chevilles et une sensation de fatigue, détaillent les représentants de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).

Errance diagnostique
Pour autant, seul un senior sur cinq peut citer spontanément l’un de ces quatre signaux d’alerte alors que les plus de 60 ans sont les plus touchés, a regretté Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance Maladie.

Résultat, entre 400 000 et 700 000 Français atteints d’insuffisance cardiaque ne sont pas diagnostiqués, évalue-t-il.

En moyenne, les médecins évoquent les symptômes de l’insuffisance cardiaque auprès de seulement 36 % de leurs patients de plus de 60 ans, détaille Thomas Fatôme. La Cnam va ainsi œuvrer à sensibiliser les professionnels de santé.

En raison de l’amélioration de l’espérance de vie, l’insuffisance cardiaque augmente avec l’âge et elle touche 10 % des personnes de 70 ans et plus. Elle peut être liée à des facteurs de risque cardiovasculaire (tabac, diabète, obésité, etc.)

Pour la Cnam, l’enjeu est « considérable » : la pathologie, « lourde, qui peut être invalidante », entraîne parfois des crises dites de « décompensation », nécessitant souvent une hospitalisation, explique le directeur général.

Télésuivi et anticipation
Les 200 000 hospitalisations annuelles en lien avec cette pathologie représentent 42 % des dépenses de l’Assurance maladie consacrées à l’insuffisance cardiaque (qui étaient d’un total de quelque 3 milliards d’euros en 2020).

Et « chaque hospitalisation amplifie les signaux de la maladie », souligne Philippe Muller. Elle augmente également le risque de décès.

Une fois la maladie diagnostiquée, afin d’éviter les hospitalisations répétées, les professionnels de santé préconisent un travail de coopération entre infirmiers, médecins généralistes, spécialistes, et équipes hospitalières, afin d’assurer un suivi.

Autre piste : le télésuivi. Réalisé grâce à une balance connectée qui permet de déceler une prise de poids rapide, parfois signe annonciateur d’une décompensation, ce dispositif est déployé auprès de 15 600 patients atteints de formes avancées de la maladie. Il devrait se généraliser.

letelegramme

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