Un chirurgien de Georges-Pompidou à Paris reconnaît une « faute morale » après avoir publié la radio d’une rescapée du Bataclan sur le site de NFT Opensea, en septembre 2021.
Un chirurgien jugé pour avoir diffusé une radiographie du bras d’une rescapée du Bataclan sur un site de NFT (certificats numériques) a reconnu mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris « une faute morale », mais « pas professionnelle ».
Emmanuel Masmejean, chirurgien orthopédiste réputé à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, est poursuivi pour violation du secret médical, détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel et divulgation illégale volontaire de données à caractère personnel nuisibles.
Radio d’une femme blessée au Bataclan
Il lui est reproché d’avoir publié sur un site de vente d’objets numériques NFT une photo de la radio d’une femme blessée au Bataclan lors des attentats du 13-Novembre. On y voit un avant-bras transpercé par une balle de kalachnikov.
Le chirurgien avait accompagné le cliché d’un commentaire indiquant que « cette jeune patiente » avait « perdu son petit ami dans cette attaque », soit « des éléments de vie privée de la patiente », a relevé la présidente du tribunal.
Son procès s’est ouvert mercredi et a été renvoyé en continuation au 28 septembre après trois heures de débats animés parce que la salle d’audience devait être libérée pour une comparution immédiate.
« Un moment extrêmement douloureux »
« L’histoire de cette radio, qui dormait dans mon armoire depuis six ans, c’est un moment extrêmement douloureux, physiquement et psychologiquement ensuite », a raconté la rescapée, qui souhaite rester anonyme, ajoutant qu’elle avait depuis dû reprendre anxiolytiques et séances de thérapie.
« J’allais enfin mieux et à ce moment-là ressurgit cette radio », a-t-elle déploré à la barre, en s’interrogeant sur l’intention de son chirurgien.
« J’ai fait une erreur »
Le médecin, qui lui a réitéré ses excuses, a motivé son geste par la volonté de faire « une expérimentation », en l’occurrence publier un cliché médical « marquant et historique » sur une blockchain.
« J’ai fait une erreur, une maladresse, mais à mon sens pas de faute professionnelle. Il n’y a aucun aspect mercantile », s’est défendu Emmanuel Masmejean, qui a concédé « une faute morale » pour ne pas avoir sollicité l’autorisation de la rescapée.
Le cliché, estimé à 2.776 dollars sur le site, a été publié en septembre 2021, alors que s’ouvrait le procès des attentats jihadistes qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015.
Le Pr Masmejean, suspendu de ses fonctions et en arrêt maladie, avait posté le cliché sur un site américain dédié aux oeuvres NFT (jeton non fongible), nommé Opensea. L’image s’est retrouvée également sur Showtime, un « réseau d’art digital social », créé par le fils de M. Masmejean.
Le site Opensea est utilisé par 20 millions d’utilisateurs, a rappelé mercredi la présidente du tribunal.
AFP