Beaucoup de proches du président congolais ont en effet été accusés de corruption et de détournement présumé d’argent public. Même si la justice s’est saisie de ces affaires, très peu d’entre eux ont été condamnés. Ceux qui l’ont été ont été soit acquittés, soit ils ont bénéficié d’une liberté provisoire.
Le premier à être placé sous mandat de dépôt a été un cadre du parti présidentiel, l’ancien ministre de la Santé, Eteni Longondo. Il a été accusé par l’Inspection générale des finances d’avoir détourné plus de sept millions de dollars destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Il bénéficie d’une liberté provisoire en septembre 2021.
En décembre de la même année, l’ex-directeur de cabinet du chef de l’Etat congolais, Vital Kamerhe, est condamné à treize ans de prison dans une affaire de détournement de plus de 50 millions de dollars alloués à la construction de maisons préfabriquées pour des militaires et des policiers. Vital Kamerhe a été acquitté en juin dernier, faute de preuves.
Il y a quelques jours, le conseiller en charge des questions stratégiques du président congolais, Vidiye Tshimanga, a démissionné de ses fonctions, au lendemain de la diffusion d’une vidéo le montrant en train de négocier sa commission sur un contrat minier avec de faux investisseurs qui l’ont piégé. La justice s’est saisie de l’affaire.
Enrichissement personnel vs. investissement public
Jean-Jacques Lumumba, banquier et ambassadeur d’Unis, un réseau panafricain de lutte contre la corruption, est par ailleurs porte-parole de la Dynamique Congo 2060. Il explique à la DW :
« Au-delà même du dépassement budgétaire, c’est la qualité budgétivore de notre loi des finances, où vous voyez que les institutions politiques et publiques prennent beaucoup plus d’argent que ce que devrait avoir par exemple l’enseignement ou la sécurité du pays ». Jean-Jacques Lumumba regrette que « le budget de la République démocratique du Congo [soit] beaucoup plus porté à nourrir les acteurs et à entretenir les politiciens que de lancer de vrais projets d’investissements et des projets sociaux pour le peuple congolais ».
Vers une nouvelle affaire ?
L’actuel président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Denis Kadima, est lui aussi cité dans une affaire d’acquisition douteuse de deux appartements d’une valeur de quatre millions de dollars américains.
Selon Valéry Madianga, acteur de la société civile, « l’Inspection générale des finances a mis en place ce qu’on appelle la patrouille financière. Mais l’Inspection générale des finances n’est pas partout. C’est pourquoi, la corruption a empiré ».
Valéry Madianga rappelle que la RDC approche des élections, prévues en 2023, et que « chaque acteur politique peut avoir sa part de gâteau pour préparer les échéances électorales. Même si on nous dit qu’il y a une hausse des recettes publiques, cette hausse ne profite aujourd’hui qu’à des politiciens. La corruption a pris de l’ampleur. »
La République démocratique du Congo occupe la 169e place sur 180 pays dans le classement de Transparency international, publié en janvier dernier, sur l’indice de perception de la corruption au cours de l’année 2021.
dw