Maroc : La fuite des cerveaux, une source qui ne tarit pas

La fuite ou « l’exode des cerveaux » désigne la migration vers les pays développés des travailleurs qualifiés ou très qualifiés du Sud tels que les ingénieurs, techniciens, informaticiens, spécialistes de la finance, médecins et professionnels de santé et, même étudiants…

Selon les rives et les deux hémisphères, pour les uns, c’est favoriser la venue d’une élite intellectuelle et professionnelle à même d’amener ce plus de compétence manquant aux sociétés d’accueil, pour les autres, il s’agirait tout bonnement d’un « pillage » des cerveaux », à travers une émigration de neurones en quelque sorte.

La cause en est un meilleur salaire, un autre mode de vie, une reconnaissance professionnelle, un secteur éducatif et santé supérieur… et bien d’autres « avantages » que la mère-patrie n’est pas en mesure de proposer. Cela dit les compétences toutes catégories de nos compatriotes candidat à l’exil volontaire vers des Eldorados. Etats-Unis, Canada, Europe, pays du Golf les terres d’accueil sont nombreuses.

Bref, que l’on soit ingénieur, médecin, professeur ou autres cadres, la tentation est là et bien peu y résistent. A titre d’exemple, entre 600 et 800 ingénieurs marocains et entre 300 et 500 médecins, sautent le pas chaque année pour tenter leur chance ailleurs. Mais l’exode massif est tel qu’il ne concerne pas que ces deux secteurs, d’autres n’y échappent pas on peut mettre dans le panier, architectes, consultants en big data, développeurs…

Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, la moitié des 1.400 médecins qui se forment annuellement dans les facultés de médecine, quittent le Maroc pour s’installer en Europe ou au Canada. Cela inclut les dentistes et les pharmaciens. La raison, selon le ministre, est que le médecin marocain est demandé en Europe.

Le syndicat des médecins libéraux a, lui, fait savoir que depuis 2018, ils sont près de 5.300 médecins marocains à avoir émigré et opté pour la plupart pour le Canada, l’Allemagne ou encore la France. Ils sont d’ailleurs 8.000 médecins à avoir rejoint l’Hexagone. Les causes de l’exode des professionnels marocains du monde de la santé, de l’ingénierie sont nombreuses et variées.

Il s’agit entre autres de la modicité des salaires. Mais en dehors du salaire, ce sont aussi les conditions de travail et la méritocratie qui motivent au départ. Ils sont nombreux à partir et à laisser leur mère-patrie et ce, même si la proportion des migrants qualifiés est relativement minime comparée à celle des migrants non qualifiés, ce phénomène représente des enjeux sociaux et économiques importants autant pour le pays d’accueil que celui du départ.

La fuite des cerveaux n’est pas sans conséquence sur les secteurs de l’économie et de la santé dès lors que l’on soulève le monde de la médecine. Elle coûte au Maroc entre 0,10 et 0,25% du PIB, soit l’équivalent de 1,1 milliard à 1,767 milliard de dirhams par an.

Dans ce contexte on l’imagine, nombreuses sont les entreprises étrangères à être à l’affût des profils dont regorge le Royaume grâce à la qualité de plus en plus reconnue de la formation notamment dans des domaines formant « des ingénieurs Big Data, ingénieurs web, architectes système ou encore des ingénieurs consultants qui sont interceptés, dès leur parcours académique terminé.

Sachant en cela, que la formation d’un ingénieur coûte au Maroc environ 2,5 millions de dirhams ce sont là autant de compétences de perdues qui auraient pu lui être utiles. Le Royaume connaît actuellement une montée en puissance d’opérateurs nationaux dans les domaines de technologiques avancées où le Maroc ambitionne de devenir un pays à la pointe, et les ingénieurs, oiseaux rares, s’envolent vers d’autres contrées.

Le classement 2021 des pays les moins performants en matière de conservation des cadres sur leur territoire, réalisé par Global Talent Comptitiveness, place l’Algérie à la 98e place sur 134 pays, le Maroc au 95e rang, tandis que la Tunisie se classe à 81è et l’Egypte à la 84è . Ce qui montre clairement que la fuite des cerveaux est un véritable casse-tête qui frappe de plein fouet le Maghreb.

D’ailleurs de nombreuses entreprises étrangères (nord-américaines, européennes pays du Golfe arabe) ayant compris le fait, organisent des campagnes régulièrement dans ces pays pour attirer les cerveaux. Il y a aussi le placement de cadres à l’étranger par des cabinets de recrutement locaux de plus en plus nombreux. Les pays du Maghreb perdent 20 à 30% de leurs cadres au profit de la rive nord de la Méditerranée, bon an mal an.

hespress

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