En prenant le contrôle des neurones grâce à la lumière. Une première mondiale a ainsi été annoncée en mai 2021 à l’Institut de la vision, à Paris, par une équipe française conduite par les Pr José Sahel et Botond Roska (Université de Pittsburgh, États-Unis) avec la start-up GenSight.
Depuis l’essai dit Pioneer, deux patients ont partiellement récupéré la capacité de percevoir des formes grâce à un dispositif visuel portable permettant de les amplifier. Atteintes d’une rétinite pigmentaire, ces personnes vivaient dans l’obscurité totale depuis plus de quinze ans et leurs photorécepteurs, les cellules rétiniennes sensibles à la lumière, avaient été peu à peu détruites.
Des opsines pour restaurer l’audition
Depuis la publication de travaux allemands dans Science en 2002, les scientifiques savaient qu’une protéine d’algue, une opsine, devenait capable, en cas d’exposition à la lumière, de produire un courant électrique. Ils se sont donc servis de cette propriété pour introduire, par une injection au niveau de l’œil, le code génétique de l’opsine dans les photorécepteurs humains à l’aide d’un vecteur viral utilisé classiquement en thérapie génique, un adénovirus. Les deux patients ont commencé à percevoir des formes visuelles, sept mois après l’injection pour le premier et douze mois pour le second. L’essai est toujours en cours et doit se poursuivre avec d’autres malades.
Concernant l’audition, des opsines ont également été utilisées, mais uniquement chez des rongeurs à ce jour. Avec de premiers succès pour les travaux du Dr Tobias Moser, chirurgien ORL à la tête de l’Institut pour les neurosciences de l’audition à Göttingen (Allemagne). Son objectif est de taille : restaurer l’audition en réussissant, cette fois, à exprimer le gène de l’opsine au niveau de l’os de la cochlée afin que les neurones deviennent sensibles à la lumière et puissent stimuler le nerf auditif. Le démarrage des essais cliniques est prévu pour 2025.
Implants cardiaques : un cœur photosensible
Contrôler le rythme cardiaque par la lumière. Un récent état des lieux de dix ans de travaux, publié en 2021 dans Nature Review Cardiology par Emilia Entcheva, responsable du Laboratoire d’optogénétique cardiaque à l’Université de Washington (États-Unis), montre qu’il est possible de modifier génétiquement le tissu cardiaque en le rendant sensible à la lumière. À terme, l’idée est d’améliorer les dispositifs cardiologiques implantables (pacemaker, défibrillateurs) pour les rendre moins énergivores.
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