Astéroïdes tueurs : tout savoir sur Dart, la première mission pour sauver la Terre

C’est inédit. Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2022, la sonde Dart percutera un astéroïde potentiellement dangereux pour notre planète afin de dévier sa trajectoire. Les agences spatiales américaine, européenne et chinoise se préparent en effet à répondre à ce qui n’était jusque-là qu’un scénario de science-fiction : éviter aux humains le sort des dinosaures. Décryptage.

Ce n’est que soixante minutes avant l’impact, le 27 septembre peu après minuit (heure française), que l’astéroïde Dimorphos deviendra directement observable. Il se trouvera alors à 11 millions de kilomètres de la Terre. Et à 24.000 kilomètres de la sonde américaine Dart (Double Asteroid Redirection Test), lancée dix mois plus tôt depuis la base militaire de Vanden-berg en Californie à la rencontre de l’astéroïde. Une caméra dénommée DRACO, seul instrument intégré dans la sonde de la Nasa, ne distinguera tout d’abord qu’un minuscule point blanc de 1,4 pixel sur le fond noir de l’espace. Mais le système de navigation autonome, inspiré de ceux qui guident les missiles, le gardera constamment en ligne de mire. Et les images enregistrées par la caméra, de plus en plus nettes et précises, permettront de diriger l’engin vers le centre de l’astéroïde, à la vitesse faramineuse de 24.000 km/h.

Deux minutes avant le crash, le bolide se situera à 800 kilomètres du rocher spatial, dévoilant une silhouette claire de 40 pixels. Puis de 300 pixels, lorsqu’il ne se sera plus qu’à vingt petites secondes et une centaine de kilomètres de la surface… « DRACO pourra encore transmettre des images trois secondes avant l’impact, s’enthousiasme Patrick Michel, astrophysicien à l’observatoire de la Côte-d’Azur et un des initiateurs du projet . Ces ultimes clichés devraient être très impressionnants. Et nous saurons sans doute déjà, grâce à eux, si le vaisseau kamikaze s’écrasera bel et bien sur l’astéroïde et pourra accomplir sa mission.  » À savoir : expérimenter, pour la première fois dans des conditions réelles, la possibilité de dévier un astéroïde… en le « torpillant » depuis la Terre !

Car si Dimorphos ne présente lui-même aucun danger pour notre planète, « d’autres corps célestes pourraient poser un jour des risques majeurs voire existentiels à l’humanité, avertit le scientifique niçois. Il est donc crucial de s’y préparer et de développer des moyens de défense, avec ce premier test grandeur nature.  » Des dizaines de tonnes de roches interplanétaires tombent chaque jour sur notre planète. Tandis que la plupart se désintègrent dans l’atmosphère, les plus grosses – de quelques centimètres à plusieurs mètres de large – produisent des météorites qui atteignent le sol, généralement sans dommage. Mais des objets beaucoup plus volumineux croisent aussi l’orbite de la Terre. Dans la trajectoire plus ou moins elliptique qu’ils effectuent autour du Soleil, ils peuvent s’approcher à moins de 50 millions de kilomètres.

Et même, pour les plus dangereux, à moins de 7 millions de kcaption under imageilomètres, accentuant le risque de collision dans un horizon plus ou moins lointain. Le nombre de ces géocroiseurs est inversement proportionnel à leur taille et à leur fréquence d’impact. Seuls quatre spécimens de plus dix kilomètres de diamètre ont ainsi été identifiés dans l’environnement de la Terre. S’ils la percutaient, ils engendreraient un cataclysme similaire à celui qui s’est produit il y a 66 millions d’années, lorsqu’un tel mastodonte s’est écrasé dans le Yucatán, au sud-est du Mexique.

En soulevant des milliards de tonnes de poussières dans la haute atmosphère (sans compter l’onde de choc gigantesque, les tempêtes de feu, etc.), l’impact aurait bloqué durablement les rayons du Soleil et transformé le climat. Résultat : une suite de conséquences provoquant l’extinction de 70 % des espèces dont les dinosaures non aviens. Très rare, ce type d’événement ne se produirait que tous les 100 à 200 millions d’années (voir le tableau ci-dessous).

Les dimensions de ces géocroiseurs sont inversement proportionnelles à leur nombre et à leur fréquence d\'impact.

Les dimensions de ces géocroiseurs sont inversement proportionnelles à leur nombre et à leur fréquence d’impact. Crédits : Bruno Bourgeois

Près d’un millier d’astéroïdes de plus d’un kilomètre de diamètre

Voyons maintenant une collision avec des astéroïdes dont le diamètre serait compris entre un et dix kilomètres de diamètre.

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