Octobre rose : l’institut Curie à l’assaut des récidives du cancer du sein

Le cancer du sein touche près de 60.000 femmes chaque année en France. Dix ans après le diagnostic, 15 à 25% de ces tumeurs récidiveraient, localement ou à travers des métastases. Les chercheurs de l’Institut Curie étudient de nouveaux moyens pour prévenir ces rechutes.

A l’occasion d’Octobre Rose, mois de mobilisation nationale contre le cancer du sein, l’Institut Curie revient sur le risque de rechute du cancer du sein, ses causes et les nouveaux essais cliniques. Il dévoile également de nouvelles ambitions : mettre en place une structure dédiée aux cancers féminins, aussi bien les tumeurs du sein que les cancers gynécologiques (col de l’utérus, ovaires, etc.).

La récidive, pourquoi et comment y faire face ?
La rechute des cancers s’explique à travers trois phases successives. D’abord, certaines cellules résistent au traitement : elles sont qualifiées de cellules « persistantes ». Elles entrent ensuite en « dormance ». C’est cette étape qui reste la plus mystérieuse pour les chercheurs. Ce phénomène est lié à la fois à des propriétés intrinsèques aux cellules cancéreuses mais aussi à leur environnement, dans lequel les signaux sont abondants. L’enjeu des études actuelles est donc de comprendre pourquoi et comment les cellules persistantes se réveillent. Elles entrent après dans la phase d’expansion : suite à la réception de signaux chimiques, certaines cellules cancéreuses prolifèrent de nouveau.

Différents axes de recherche se distinguent. Le premier vise à comprendre pourquoi certaines cellules résistent au traitement. « Il faut réaliser le bon diagnostic pour savoir si certaines cellules pourraient s’avérer persistantes », explique Paul Cottu, oncologue médical à l’Institut Curie. On sait notamment que le fer peut provoquer une résistance aux traitements. Un second cible les cellules environnantes (macrophages, lymphocytes, cellules dendritiques …), puisque le dialogue entre cellules normales et cancéreuses est en effet indispensable à la tumeur. Enfin, la prolifération de ces cellules leur demande une certaine « plasticité ». Une capacité qui est, elle aussi, au cœur de plusieurs études.

L’importance des essais cliniques
« Mon médecin m’a proposé de rentrer dans un essai clinique pour éviter la rechute, c’est-à-dire la survenue de métastases. Au début, j’hésitais mais lorsque j’ai compris l’importance de l’essai, j’ai suivi le protocole qui a duré 18 mois. » Corinne a 49 ans et a été diagnostiquée d’un cancer du sein en 2016. Aujourd’hui, plusieurs essais cliniques, c’est-à-dire des études faites sur l’Homme, sont en cours. PADA-1 a par exemple pour objectif de retarder l’évolution du cancer en ciblant une mutation du gène ESR1, qui rend résistant à l’hormonothérapie (un traitement qui inhibe la production des hormones favorisant la croissance de tumeurs cancéreuses). Un autre projet a pour cible les fibroblastes, cellules du tissu conjonctif (protecteur des tissus et des organes). Des cellules qui sont impliquées dans la propagation métastatique. L’un de ces essais cliniques a même abouti l’année dernière à la commercialisation d’une molécule : l’olaparib. Elle est aujourd’hui prescrite pour les femmes qui présentent une des mutations de gènes BRCA1 ou BRCA2, connues comme étant à l’origine de la plupart des prédispositions familiales au cancer du sein.

Nouvelles ambitions de l’Institut Curie
« Si les avancées des dernières décennies sont indéniables, il nous faut maintenant avoir une vision davantage globale de ces cancers avec des recherches ciblées selon l’âge des femmes, depuis le micro-environnement tumoral jusqu’à l’individu dans son environnement », précise le Dr Anne Vincent-Salomon, pathologiste et spécialiste des cancers féminins. L’Institut Curie a pour objectif de créer une structure réservée aux cancers qui touchent les femmes. Une ambition qui pourrait être financée suite à l’appel à projet auquel a répondu l’institut afin de devenir IHU, Institut Hospitalo-Universitaire. Il pourrait ainsi s’associer à l’Université Paris Sciences Lettres (PSL), l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). L’institut pourrait alors bénéficier d’une aide de 50 millions d’euros sur 10 ans pour mener à bien son objectif.

L’appel à projet se termine le 7 novembre 2022. Rendez-vous au printemps prochain pour en connaître les résultats.

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