L’avant-première du film «Fatema, la sultane inoubliable», hier mardi 27 septembre 2022, au Megarama de Casablanca, a attiré très peu de monde. Abderrahmane Tazi, tout juste rentré du festival national du film de Tanger où son long-métrage a décroché le prix de la musique, passé inaperçu, l’a joué fair-play. Explications.
Fatema, la sultane inoubliable est sorti en salles. Depuis hier, mardi 27 septembre, ce film de Mohammed Abderrahmane Tazi, cousin de la sociologue marocaine de renom, décédée en 2015, est projeté dans les cinémas du Maroc.
Le scénario, écrit par la cinéaste Farida Belyazid, en binôme avec Abderrahmane Tazi, himself, a été mis en scène dans l’objectif de rendre hommage à la sociologue.
«J’ai fait ce film pour le grand public et pour pousser tous ceux qui ne la connaissent pas à aller lire ses livres», a déclaré le réalisateur dans une déclaration pour Le360, quelques minutes avant la projection en avant-première hier au Megarama de Casablanca.
Un visionnage, qui soit dit en passant, n’a pas rassemblé grand monde. Une trentaine de personnes seulement étaient réunies à la salle 6. Le timing de l’avant-première de ce film, qui pourtant semblait très attendu, était mal calculé.
La projection casablancaise, à la veille de la sortie nationale, a tout d’abord eu lieu deux jours après la clôture du Festival national du film de Tanger où le film était en compétition. Et, ensuite, elle a coïncidé avec le match amical de football du Maroc contre le Paraguay, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
La plupart des invités, y compris les acteurs qui ont joué dans ce film, Meriem Zaimi en tête, étaient absents, et n’ont pas pu faire le déplacement. Pour détendre l’atmosphère, avant le démarrage de la projection programmée à 20h00 tapantes, Abderrahmane Tazi a raconté une anecdote, un fait qui s’est déroulé dans les années 90 au Caire.
«J’étais allé présenter mon film (à l’époque de l’argentique) que j’ai emmené avec moi dans mes valises. Au moment du débat, il y avait une dizaine de personnes, quelques minutes plus tard, je me tourne et je vois un monde fou. Ils étaient en train de voir un match de foot», ironise Abderrahmane Tazi, très fair play.
A propos du fait que son film a décroché uniquement le prix de la musique à Tanger, presque passé inaperçu, Abderrahmane Tazi garde aussi son calme, montre qu’il n’a pas été réellement affecté par son absence dans la liste des meilleurs prix de ce festival national. «Je n’ai pas fait ce film pour le festival, je l’ai fait pour le grand public».
Dans Fatema, la sultane inoubliable, on y apprend, tardivement, que Si Mohammed, le cousin de Fatema Mernissi, joué par Brice Brexter Glaoui, est en fait Abderrahmane Tazi en personne. Il est celui qui apparaît le plus à ses côtés, l’accompagne, toujours muni de son appareil photo, documente ses sorties sur le terrain à Taznakht, à Ouarzazate… dans les coins reculés du Maroc où elle va à la rencontre des femmes.
On y apprend également qu’elle était, certes, connue et reconnue, au Maroc et dans le monde, mais qu’elle était une personne solitaire et qui souffrait de sa solitude, qu’elle avait une mère qui peignait, qu’elle encourageait beaucoup les peintres et les jeunes chercheurs et ses élèves à la faculté de Rabat…
Toutes ces facettes de la personnalité de Fatema Mernissi, qui a toujours milité pour le droit des femmes et pour les libérer du joug masculin, ont été survolées par Abderrahmane Tazi qui a fait appel à des acteurs comme Rachid El Ouali, Niserine Erradi, Malek Akhmiss…
Un film à fort potentiel, sur une forte personnalité qui a marqué l’histoire du Maroc, mais qui méritait plus de temps, peut-être même une réécriture cinématographique, pour asseoir l’intrigue. Force est de constater, en effet, que l’histoire, mise en scène ni de manière chronologique, ni de manière fragmentaire, est comme éparpillée, noyée dans la nécessité pour le réalisateur, de réussir (et c’est réussi) à reproduire le physique de Fatema Mernissi en misant sur le maquillage et sur les costumes.
le360