Shimon Peres jouissait d’une bonne presse auprès du Maroc officiel, notamment sous le règne de Hassan II. En revanche, les organisations de défense des droits des Palestiniens et certains partis panarabes et islamistes gardent de lui une autre image. En 2015, des avocats marocains avaient même demandé son interpellation alors qu’il était sur le point de se rendre à une conférence internationale organisée par la fondation Clinton à Marrakech.
Shimon Peres est décédé le 28 septembre 2016 à l’âge de 93 ans. L’ancien président d’Israël a été célébré en Europe et aux Etats-Unis pour son «engagement en faveur de la paix» et le «dialogue» entre Palestiniens et Israéliens. En témoigne d’ailleurs la teneur des messages de condoléances émanant de chefs d’Etats occidentaux.
Néanmoins, l’homme a laissé de lui une autre image auprès des peuples arabes. Ils gardent de lui le souvenir du massacre de Qana au sud du Liban en 1996, causant le décès de centaines de civils libanais, lors de la sinistre opération «les Raisins de la colère». Une opération lancée à la veille de la tenue d’élections législatives que l’ancien Premier ministre avait perdu face à la droite.
Deux rencontres officielles avec Hassan II…
Au Maroc, Shimon Peres jouissait d’une bonne réputation, notamment sous le règne de Hassan II, mais également auprès de médias francophones locaux qui reprenait les louanges de la presse internationale à son égard. Officiellement, l’Israélien s’est rendu à deux reprises au royaume.
La première remonte au 22 et 23 juillet 1986 à Ifrane, alors Premier ministre d’un gouvernement d’union nationale avec le Likoud d’ Yitzhak Shamir, parti à tendance nationaliste actuellement présidé par Benyamin Netanyahou. La réunion de deux jours était censée relancer le processus de paix. Elle intervenait seulement huit mois après que Hassan II avait exprimé sa disposition à rencontrer des dirigeants israéliens en sa qualité de président du Comité Al Qods.
Même si l’impact de la visite sur la suite des événements fut limité, elle a permis aux Israéliens de briser le «boycott» arabe, réitéré lors du sommet de Bagdad de 1979. En revanche, le Maroc y a perdu des points. L’Alliance arabo-africaine, scellée deux ans auparavant avec Kadhafi à Oujda, a en effet volé en éclats, le «Guide» libyen reprenant son hostilité à l’égard du royaume dans la foulée.
…aucune avec Mohammed VI
Sept années après ce premier contact officiel entre Hassan II et Shimon Peres, les deux hommes se sont retrouvés en septembre 1993. La conjoncture, elle, se présentait sous un tout autre jour. Alors vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, l’Israélien, accompagné d’Itzhak Rabin, le chef du gouvernement, avait fait une escale au royaume pour remercier Hassan II de son engagement en faveur de la paix au Moyen-Orient. Les deux hommes arrivaient tout droit de Washington où ils avaient signé, le 13 septembre, dans le jardin de la Maison blanche, les accords d’Oslo et serré la main de Yasser Arafat, le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ce sera la dernière visite officielle de Shimon Peres au Maroc.
En octobre 2010, alors président d’Israël, ce dernier avait saisi l’organisation de la 6e édition du Forum de l’avenir à Marrakech pour arracher une rencontrer avec Mohammed VI. Sa tentative ne fut pas concluante : le souverain déclina, avec diplomatie, l’offre du vieil homme «en raison la situation politique actuelle avec les Palestiniens», indiquèrent des médias israéliens. Quelques mois auparavant, l’armée de Tel-Aviv avait mené une guerre contre les Palestiniens de Gaza.
Cinq années plus tard, la presse israélienne faisait de nouveau état du projet d’une visite au Maroc de Shimon Peres dans le cadre de sa participation à une conférence internationale organisée par la fondation Bill Clinton. Mais face à la mobilisation d’ONG marocaines et de demandes émanant de partis arabes et islamiques, Rabat a finalement opposé son véto à la participation de Shimon Peres aux travaux de la 3ème session de la Clinton Global initiative, tenue du 5 au 7 mai 2015.
yabi