Le procès sur les massacres commis le 28 septembre 2009 au stade de Conakry qui s’est ouvert hier a été reporté au 4 octobre prochain à la demande de la défense. Les victimes et leurs proches espèrent que 13 ans après le drame, les coupables soient enfin désignés.
Le 28 septembre 2009, une manifestation de l’opposition contre la candidature à la Présidentielle 2010 du capitaine Moussa Dadis Camara, alors chef de la junte au pouvoir, avait été réprimée dans le sang au sein du Stade de Conakry.
Une enquête de l’ONU et les organisations de défense des droits de l’Homme, le bain de sang perpétré par les militaires aurait coûté la vie à 157 personnes et fait 1200 blessés ainsi que le viol en public de plus d’une centaine de femmes. Le correspondant sur place d’Afrik.com avait lui aussi été agressé, comme de nombreux journalistes qui couvraient l’évènement.
Les récits des victimes sont terribles et montrent l’absence totale de maîtrise des militaires qui ont donné libre cours à leurs plus bas instincts. A l’époque, Dadis Camara avait tenté de se dédouaner. «L’événement a débordé. (…) Dire que je contrôle cette armée serait de la démagogie», avait-il clamé. Mais il est peu probable que cet argument soit entendu par les juges la semaine prochaine.
Vers la fin de l’impunité ?
«L’ouverture de ce procès emblématique marque une étape historique dans la lutte contre l’impunité en Guinée», a déclaré M. Souleymane Bah, président de l’OGDH. «Nous espérons que ce procès permettra de démontrer la capacité des juridictions nationales à connaître de crimes de masse, à rendre aux victimes leur dignité et à leur proposer une réparation adéquate». La défense a demandé le report du procès d’une semaine, au 4 octobre prochain, pour un problème de transmission de pièces.
Pour autant, hier, pour l’ouverture à la date de la commémoration de ce triste anniversaire, de nombreuses parties civiles, des victimes, avaient fait le déplacement au tribunal. Sur le banc des accusés, sont présents plusieurs dizaines de présumés responsables, dont l’ex chef de la junte Moussa Dadis Camara et son ancien aide de camp Toumba Diakité. Mais il y avait aussi le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan et Pramila Patten, représentante spéciale des Nations unies chargée de la question des violences sexuelles. Ces représentants donnent espoirs qu’enfin on arrive à la fin de l’impunité en Guinée : « Les récentes décisions prises par les autorités nous donnent beaucoup d’espoir quant à la tenue d’un procès équitable, impartial et transparent, respectueux des droits de toutes les parties», a déclaré Mme Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA. «Nous espérons à terme, que les victimes pourront obtenir justice et réparation».
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