Dans un nouveau rapport, l’ONG internationale BirdLife dresse un tableau « profondément inquiétant » sur l’état des populations d’oiseaux
La situation continue de se dégrader pour les oiseaux, signe d’une crise plus large du vivant : près de la moitié des espèces sont en déclin dans le monde et une sur huit est menacée d’extinction, sous la pression notamment de l’agriculture. Dans un rapport de référence publié le 28 septembre, l’ONG internationale BirdLife dresse un tableau « profondément inquiétant » sur l’état des populations d’oiseaux dans le monde.
Une accélération du déclin
« Une espèce d’oiseau sur huit est menacée d’extinction, et l’état des populations d’oiseaux dans le monde continue de se détériorer : les espèces se rapprochent toujours plus rapidement de l’extinction », écrit BirdLife. La majorité des espèces qui ne sont pas encore menacées sont pour leur part en déclin. Ainsi les populations de 49% des espèces (soit 5.412) sont en déclin, 38% (4.234) sont stables et seulement 6 % (659) sont à la hausse. Ces chiffres montrent une accélération par rapport au dernier rapport publié il y a quatre ans. En 2018, environ 40% des espèces apparaissaient en déclin.
« La tendance est claire, c’est que ça continue à se dégrader malgré toutes les actions des Etats, les engagements, les promesses », souligne Cédric Marteau, directeur du pôle « protection de la Nature » à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) française. Or, la santé des oiseaux est importante car c’est aussi un bon indicateur de l’état de la nature en général, estiment les spécialistes. « On a juste à regarder les oiseaux et on a une photographie assez exacte de la dégradation globale du vivant », explique Cédric Marteau.
La France est également concernée, notamment Outre-mer, où des espèces sont menacées d’extinction. C’est le cas par exemple en Polynésie où il ne reste plus que cinq couples du monarque de Fatu Hiva, proche du merle. « Les déclins ne se limitent pas aux espèces rares et menacées. Les populations de certaines espèces communes et largement répandues connaissent aussi un déclin rapide », pointe aussi BirdLife.
L’intensification de l’agriculture en première ligne
Cette crise est causée par plusieurs facteurs, presque tous liés à l’activité humaine : agriculture, exploitation forestière, espèces exotiques envahissantes, chasse et changement climatique. La première menace est l’extension et l’intensification de l’agriculture : les oiseaux pâtissent de la perte de leurs habitats, de la toxicité des pesticides et de la diminution de la nourriture disponible.
En France métropolitaine, comme au niveau mondial, les oiseaux les plus menacés sont ainsi ceux qui habitent les plaines agricoles. « On voit bien que malgré les promesses, malgré les engagements, malgré le plan phyto, les concentrations en produits chimiques utilisés dans nos plaines agricoles ou en viticultures sont toujours en augmentation », relève Cédric Marteau. Ces produits tuent des oiseaux mais agissent surtout indirectement, en tuant ce dont se nourrissent les poussins.
« Les pressions auxquelles les oiseaux, et plus largement la biodiversité, sont confrontés aujourd’hui sont plus importantes et plus diverses que jamais », souligne Patricia Zurita, directrice générale de BirdLife International, dans l’avant-propos du rapport. Mais « des solutions efficaces à ces problèmes existent », ajoute-t-elle à quelques semaines de la COP15, grand sommet de la biodiversité qui se tiendra sous l’égide de l’ONU en décembre à Montréal. BirdLife avance ainsi un certain nombre de propositions, de la restauration des habitats au renforcement des législations sur la protection des oiseaux.
Cette COP « sera un moment crucial pour les oiseaux et toute la nature, alors que les 193 pays signataires se réuniront pour finaliser et adopter le cadre de la stratégie mondiale pour la biodiversité », insiste la LPO.
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