Un voyage aux enjeux multiples pour une redynamisation des relations franco-algériennes et un rayonnement de la diplomatie française au Maghreb et au Sahel
Le président français, Emmanuel Macron a effectué une visite de trois jours, en Algérie, du 25 au 27 août 2022. Cette visite intervient juste un mois, après sa tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée Bissau, (du 25 au 28 juillet), en rétorsion à celle du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, effectuée en Afrique, notamment, en Egypte, au Congo, en Ouganda et en Ethiopie, dans la même période (du 23 au 27 juillet). La visite d’Emmanuel Macron en Algérie, en tant que chef d’Etat, est la deuxième du genre après celle qu’il y a effectuée le 06 décembre 2017, année de son élection. Elle s’inscrit dans une logique de réconciliation et de réorientations stratégiques des dynamiques bilatérales franco-algériennes, face aux nouvelles reconfigurations géopolitiques, en vue d’une meilleure exploitation des nouveaux enjeux géostratégiques et d’une matérialisation des objectifs qui sous-tendent les relations entre Paris et Alger, depuis l’indépendance algérienne.
I – Aperçu sur la politique étrangère de la France
Les principes de la politique étrangère française
Pays transcontinental se présentant par une métropole et ses territoires d’outre-mer dont elle dispose en Amérique (Martinique, Guadeloupe, Guyane française, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin et Saint-Barthelémy), en Afrique (la Réunion, Mayotte, les îles éparses de l’océan Indien : (Bassas da India, îles Europa, îles Glorieuses, île Juan de Nova et île Tromelin), avec les Terres australes et antarctiques Françaises (TAAF): les îles Saint-Paul et Nouvelle Amsterdam, l’Archipel Crozet, les îles Kerguelen et la Terre d’Amélie, et en Océanie (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française, etc.), la France est un Etat puissant et influent. Son dynamisme est remarquable sur la sphère mondiale, en général et notamment en Afrique, dès lors qu’elle est au premier rang du système international. Toutefois, elle fait naturellement face à de nombreux obstacles liés à sa politique socio-économique, tels que l’étroitesse de son territoire qui la place parmi les plus petits du groupe des grandes puissances mondiales. En effet, comparée aux autres grandes puissances, tels que la Russie, le Canada, la Chine et les Etats-Unis qui sont respectivement les Etats les plus vastes de la planète, la France dispose d’un territoire qui ne reflète pas sa place dans l’échiquier géopolitique mondial. A l’insuffisance de son territoire, s’ajoute le manque criard de ressources naturelles (pétrole, gaz, uranium, etc.) dont elle souffre énormément, au regard de l’importance de ces matières premières et la place qu’elles occupent dans l’économie mondiale.
Cependant, la finesse de sa politique étrangère lui a permis de trouver des alternatives qu’elle exploite par la mise en œuvre de politiques stratégiques, en vue de relever ces défis. Ainsi, la mondialisation, facteur d’interconnexion de la quasitotalité des Etats de la planète, lui sert de cadre de coopération et d’interaction avec l’ensemble des pays pouvant lui offrir des enjeux économiques et stratégiques, dont la plupart des pays africains.
La politique étrangère française est stratégiquement transversale, de par la prise en compte, non seulement, de nombreux domaines, mais aussi de nombreuses questions, tels que l’économie, la culture, les Droits de l’Homme, la paix et la sécurité, l’humanitaire, le sport… L’importance de cette transversalité se justifie par l’efficacité de sa diplomatie économique et le dynamisme de son commerce extérieur. A cela, s’ajoutent la pertinence de ses politiques de sécurité, son attachement aux questions liées au climat et l’environnement, la question du développement, la promotion de l’idée et des principes des Nations unies, le respect des Droits de l’Homme, son attachement à la Justice internationale. Aussi, se note-t-il la productivité de sa diplomatie sportive, la diplomatie féministe, avec la protection et promotion des droits de la femme), la diplomatie culturelle, etc.
La diplomatie de la France se conforme aux grands principes de l’ONU que sont le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la protection des droits de l’Homme, la fourniture de l’aide humanitaire, la promotion du développement durable et la garantie du droit international.
En plus, la diplomatie française œuvre à la construction et à la consolidation de l’ordre international de par le respect par la France des principes à caractère primordial dudit ordre, à savoir le principe de l’universalité de la communauté des Nations, le principe de la responsabilité collective des Etats pour le maintien de la paix et la prévention de l’agression, le principe de la coopération internationale pour l’avancement du progrès social et économique, la place centrale des Nations unies et le rôle de l’institution onusienne dans les affaires internationales.
Alors, dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique étrangère par son outil diplomatique réputé dynamique et efficace, la France demeure une vivace et ponctuelle actrice du renforcement des acquis liés à l’architecture européenne constituée de plusieurs espaces régionaux. Il s’agit de l’Europe occidentale, centrale, orientale, septentrionale, méditerranéenne et balkanique. En effet, laquelle architecture dispose de nombreux enjeux à caractère mondial, au regard des implications géostratégiques qui exigent que la géopolitique de l’Europe soit repensée à travers le rôle des organisations interétatiques, telles l’OTAN, l’OSCE et l’UE qui animent la coopération interétatique dans ce continent. C’est cette posture de la France qui détermine le dynamisme de la diplomatie française sur la scène géopolitique mondiale.
La diplomatie française dans l’échiquier géopolitique mondial
L’histoire de la politique étrangère française est depuis longtemps marquée par la puissance et l’influence de la France dans l’environnement géopolitique mondial. La diplomatie économique constitue une priorité stratégique majeure de la politique extérieure du pays. En effet, elle permet de promouvoir des intérêts économiques et stratégiques de la France. Ce qui constitue l’une des missions principales du Quai d’Orsay, en charge de l’Europe et des affaires étrangères à travers le monde. En ce sens, la diplomatie économique française poursuit plusieurs objectifs. Lesquels se définissent comme suit : soutenir les entreprises françaises à exporter leurs marchés extérieurs ; attirer vers la France des investisseurs étrangers créateurs d’emplois ; adapter le cadre de régulation européen et international aux intérêts économiques, défensifs et offensifs de la France ; faire connaître le dynamisme des entreprises françaises, notamment les startups.
A cet égard, les ministres, conformément à leurs portefeuilles respectifs, sont pleinement investis dans cette mission et traitent ainsi des sujets économiques à chaque fois qu’ils se déplacent à l’étranger. Le caractère fin et stratégique de la diplomatie économique française s’illustre par les importants investissements de la France à l’étranger, la présence de nombreuses entreprises françaises à travers le monde (Orange, Total, devenu TotalEnergies, Auchan, EIFFAGE, Carrefour, Super U, Decathlon…), la qualité des produits français exportés à l’étranger, tels que des voitures de grandes marques, le riz, le sucre, l’oignon, l’huile, la viande bovine, le beurre… Au surplus, parmi les orientations de la politique étrangère de la France sur la scène internationale, se note la promotion des principes et valeurs démocratiques sur la sphère mondiale. La mise en œuvre des orientations diplomatiques de la France s’exprime par une alternance entre l’idéalisme et le réalisme, autrement dit, la pratique d’un soft, hard et smart power, en vue de maintenir les performances économiques au niveau mondial.
La France est un membre actif, puissant et influent de plusieurs institutions internationales, tels que l’ONU dont elle est un membre permanent avec un droit de veto, l’UE et le G7 dont elle fait partie des membres fondateurs et des économies les plus performantes, et le G20 auquel elle fournit un apport conséquent pour son dynamisme à travers le monde. En outre, le poids économique et stratégique de la France dans les institutions financières dites de Bretton Woods, à savoir la BM, le FMI et l’OMC, est remarquable dans les politiques internationales de ces institutions. D’ailleurs, le FMI a plusieurs fois été dirigé par des Français. La force militaire de la France dans le monde, avec ses nombreuses bases militaires à l’étranger (Allemagne, Djibouti, Emirats arabes unis, Sénégal, Gabon, Côte d’Ivoire, Niger, Tchad…) et la forte présence de forces armées françaises à l’étranger (Roumanie, Syrie, Irak, Congo RDC, Centrafrique, etc.) constituent des indicateurs de sa place de grande puissance militaire sur la scène internationale. Ainsi, la force française de dissuasion demeure très visible dans de nombreuses opérations de maintien de la paix dans des pays en guerre, comme la Libye et le Mali.
La France s’est toujours inscrite dans une dynamique de coopération avec ses anciennes colonies, entretenant en permanence des relations économiques et stratégiques. A cet égard, elle maintient les principes et la logique de cette coopération, et améliore ainsi, régulièrement les stratégies y afférentes, au regard des mutations des configurations géopolitiques qui déterminent les contextes spécifiant l’échiquier mondial. Cette dynamique lui ouvre des perspectives de maintenir sa place dans la mondialisation, qu’elle consolide par sa diplomatie. Laquelle s’articule stratégiquement par la mise en œuvre de son soft, hard et smart power. D’où son important poids dans la sphère géopolitique mondiale, à l’heure de la mondialisation dominée par un jeu de rapports de force qui animent les relations internationales, comme peut l’exprimer le contexte de la guerre russo-ukrainienne. En ce sens, la France, dans sa pratique diplomatique, a enregistré de nombreux acquis qui confirment sa place et son poids dans le système international, ainsi que son apport à l’ordre mondial, tels que les accords sur le climat signés lors de la Cop21, tenue du 30 novembre au 12 décembre 2015. Cependant, elle fait face à de nombreux obstacles et menaces, tels que le terrorisme dont elle est souvent victime, la dépendance énergétique de la Russie et des pays du Moyen-Orient, le sentiment anti-français qui se développe de plus en plus, notamment sous la présidence d’Emmanuel Macron. En effet, la France souffre d’un sentiment de rejet dans plusieurs pays, notamment, en Afrique, dans le monde arabe, etc.
La politique étrangère de la France en Afrique
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ayant ouvert la voie à l’indépendance aux pays africains, l’Afrique en général, et sa partie francophone en particulier, est devenue l’une des zones de prédilection de la France dans le cadre de l’exercice de sa politique étrangère qui trouve de nombreux intérêts économiques et stratégiques dans ce continent. La coopération franco-africaine connue sous l’appellation de « France-Afrique » symbolisant les relations entre la France et les pays du continent noir, mené par l’Union africaine, se joue à travers des dynamiques économiques, sécuritaires et stratégiques. Qui plus est, se notent les relations entre l’UA et l’UE au sein de laquelle, la France joue un rôle de moteur dans le cadre de la politique européenne de coopération. En outre, la France s’investit dans plusieurs domaines en Afrique, notamment économique, politique et sécuritaire auxquels contribue la diplomatie française pour la stabilité du continent.
Cela peut s’expliquer par la présence des nombreuses ambassades françaises en Afrique, la présence militaire et des investissements de la France dans plusieurs pays d’Afrique, de par les nombreuses entreprises françaises (Orange, Total, Eiffage, Auchan, etc.) installées dans le continent. Aussi, la présence de nombreux étudiants africains en France traduit-elle le rapprochement qui caractérise les relations entre la France et l’Afrique, d’où la tenue à intervalle régulier, du sommet France-Afrique constituant une plateforme de dialogue, de négociation et de coopération à bien des domaines. Cependant, la problématique de l’émigration illégale et irrégulière demeure l’un des facteurs majeurs qui bouleversent les orientations de cette coopération franco-africaine.
A cet égard, l’idée de renforcer et de pérenniser la coopération franco-africaine en général, et celle franco-algérienne en particulier, devient dans cet état de fait, une urgence géostratégique qui s’impose à la France dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique étrangère en Afrique, d’où une réorientation des relations franco-algériennes dans plusieurs domaines, notamment économique, sécuritaire et stratégique. D’ailleurs, c’est dans ce cadre que s’inscrit cette deuxième visite d’Emmanuel Macron en Algérie, après celle de 2017.
II – Rappel historique des relations socio-économiques et diplomatiques franco-algériennes
Ancien territoire français d’outre-mer, constituant ainsi trois départements français (Alger, Oran et Constantine) jusqu’à l’indépendance du pays le 05 juillet 1962, l’Algérie est un pays de l’Afrique du Nord, possédant un littoral sur la Méditerranée, avec une superficie de 2 382 000 km2. Son histoire est étroitement liée aux anciens empires romain et ottoman. Mais aujourd’hui, son lien historique et symbolique avec la France dont elle constituait une partie intégrante du territoire, semble être la facette la plus connue de la trajectoire de sa construction et de sa marche vers la souveraineté, avec l’atroce guerre dite d’indépendance qui a trouvé une issue grâce à la signature des accords d’Evian, le 18 mars 1962. L’histoire des relations entre la France et l’Algérie est dominée par des tensions qui existent entre les deux pays depuis plusieurs décennies. Ces tensions sont liées au passé colonial et à la guerre d’indépendance d’Algérie qui a touché de plein fouet ce pays d’Afrique du Nord. En effet, cette histoire commune reste toujours un sujet sensible pour une frange importante des populations des deux pays. Le processus ayant conduit l’Algérie à l’indépendance est marqué par ladite guerre qui a fait état d’un bilan macabre, d’où cette histoire d’être ancrée dans la mémoire algérienne.
Face à ce mauvais soutenir de l’Algérie, le pays a opté pour un rapprochement avec l’URSS. Ce lien historique algéro-soviétique est déterminant dans l’histoire diplomatique et stratégique de l’Algérie. Au surplus, l’Algérie se montre ouverte aux principes et valeurs du panafricanisme qu’elle tente de valoriser, même si elle demeure plus ancrée dans l’idéologie islamo-panarabiste qu’elle incarne dans sa diplomatie. Ce qui l’amènerait à être en divergence avec son partenaire français qui incarne les principes de la démocratie moderne. En effet, la France met au centre de ses convictions socio-politiques la démocratie libérale et l’interculturalité. Alors, il sied de rappeler que les relations franco-algériennes sont dominées par des crises diplomatiques qui bouleversent les interactions entre Paris et Alger. Ce fut le cas de la crise diplomatique d’octobre 2021 qui a prévalu entre les deux pays, sur fond de montée de sentiment anti-français qui constitue de nos jours, un facteur de blocage au rayonnement français. Ce sentiment semble dominer l’état actuel des relations bilatérales franco-algériennes. Cela crée les conditions du rapprochement entre l’Algérie et d’autres puissances, telles que la Russie, la Chine, la Turquie, etc. ou renforce leurs liens, d’où l’importance de la visite de Macron en Algérie, en vue de réorienter la stratégie française vers une nouvelle dynamique diplomatique plus efficace.
L’Algérie fait face à la montée en puissance de l’islamisme radical et de l’extrémisme violent, aboutissant au terrorisme qui croît dans plusieurs régions de la planète, notamment au Moyen-Orient et au Sahel, que ce phénomène bouleverse depuis plusieurs décennies. La naissance de réseaux terroristes, comme le Mouvement islamique armé (MIA) en 1982, le Front islamique du salut (FIS) en 1989, le Groupe islamique armé (GIA) en 1992, l’Armée islamique du salut (AIS) en 1993, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) en 1998, al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en 2007, et l’assassinat de l’ancien président algérien, Mohammed Boudiaf le 29 juin 1992, illustrent la période sombre, appelée la « décennie noire » ou la « décennie du terrorisme » que le pays a traversée. D’ailleurs, l’Algérie a très tôt été parmi les zones les plus dangereuses liées au terrorisme. Une situation qui ne laisse pas indifférente la France, dès lors qu’elle est victime de plusieurs attentats terroristes, à l’intérieur, comme à l’extérieur de son territoire. La problématique du l’islamisme radical, de l’extrémisme violent et du terrorisme constitue un facteur de blocage aux relations franco-algériennes. A cet effet, la question de la menace terroriste est prise en compte dans la politique étrangère française qui s’adapte en permanence, aux contextes géopolitiques régionaux et mondiaux se caractérisant par les mutations géostratégiques.
III – Le contexte de la visite
L’Algérie a connu au plan socio-politique, des temps de troubles qui ont bouleversé l’ordre politique et institutionnel du pays, de 2018 à la démission de l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 02 avril 2019. En clair, la fin du règne d’Abdelaziz Bouteflika a été accélérée par une série de manifestations populaires, connues sous l’appellation arabe de « hirak » (mouvement). Il s’agit de manifestations hebdomadaires qui ont eu lieu les vendredis et mardis, en Algérie, jusqu’en 2021, pour protester, non seulement, contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat présidentiel, mais aussi, contre son projet, également contesté par l’armée, de se maintenir au pouvoir, à l’issue de son quatrième mandat, dans le cadre d’une transition et de la mise en œuvre d’un ensemble de réformes. En sus, les protestataires avaient réclamé une Deuxième République, sans participation des caciques du régime en place, à cet effet. Ces derniers sont exclus de la République réclamée, parce que c’est eux qui devraient organiser le scrutin auquel Bouteflika a proposé sa candidature. D’ailleurs, c’est cette élection que l’ancien Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune a remportée, alors que lui-même a été contesté par les manifestants, pour son appartenance au système de Bouteflika. A la suite de la défection de l’armée algérienne qui s’opposait aux desiderata de Bouteflika de se maintenir à la tête de l’Algérie, après son mandat en cours, alors, Abdelkader Bensalah est désigné président par intérim, en remplacement de ce dernier, qui a été obligé de démissionner.
Depuis la période de la transition, avec comme président, Bensalah qui a dirigé l’Algérie, suite à la démission de Bouteflika, jusqu’à l’élection de l’actuel président, Abdelmadjid Tebboune, le 19 décembre 2019, la vie politique algérienne fait face à des manifestations régulières, des violences et des instabilités, à cause de l’attitude de ce dernier, accusé par des algériens, de mettre en œuvre des politiques antidémocratiques. Cependant, il se note de nos jours, une stabilité relative pouvant laisser augurer un avenir certain, vu la situation politique actuelle du pays, même si les revendications populaires continuent de façon sporadique.
Alors, la visite du président français est intervenue après une crise diplomatique qui a prévalu entre la France et l’Algérie, depuis octobre 2021, sur fond de montée d’un sentiment anti-français constituant de nos jours, l’un des principaux obstacles qui bouleversent le rayonnement de la diplomatie française en Afrique. Laquelle crise s’est exacerbée suite aux propos tenus par Emmanuel Macron ayant déclaré que « le système politico-militaire (algérien), s’est construit sur une rente mémorielle et sur une histoire officielle (…) totalement réécrite, qui repose sur une haine de la France ». Aussi, le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France, par les autorités algériennes, le 02 octobre 2021, et la fermeture de l’espace aérien algérien par Alger, aux avions militaires français, le lendemain, constituent des facteurs d’exacerbation de la crise. L’année précédente, l’Algérie avait décidé le 27 mai, de rappeler immédiatement son ambassadeur à Paris, pour consultation, après la diffusion, la veille, sur France 5 et LCP, de documentaires sur le mouvement « hirak » de contestation contre le régime algérien. Cette posture de l’Algérie traduit la détermination de certaines anciennes colonies françaises vis-à-vis de la France, comme le Mali qui se trouve en conflit face à celle-là.
La visite est également marquée par des instabilités dans la région sahélienne, se caractérisant par des coups d’Etat au Mali (2020 et 2021) et au Burkina (2022), et des manifestations populaires contre la transition qui dirige le Tchad suite à l’assassinat de l’ancien président tchadien, Idriss Déby Itno le 20 avril 2021, par les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT), dirigé par Mahamat Mahdi Ali. En fait, l’environnement socio-politique du Tchad est depuis longtemps dominé par une crise politique, une croissance de groupes rebelles et de réseaux terroristes qui bouleversent l’ordre étatique et enfoncent le pays dans un conflit armé aux conséquences énormes. Cet état de crise justifie l’importance de l’initiative prise par les autorités politiques et religieuses et la société civile tchadiennes, d’enclencher un processus de dialogue national inter-tchadien, en vue de parer aux problèmes liés à l’ordre public et au tissu sécuritaire. Depuis la survenance de ces incidences, les trois pays sont confrontés à des difficultés liées à la transition, telles que sanctions de la CEDEAO contre Bamako et Ouagadougou.
Il sied de rappeler que cette deuxième visite d’Emmanuel Macron en Algérie a été effectuée quelques mois après la célébration du 60ème anniversaire des accords d’Evian du 18 mars 1962, ayant mis fin à la guerre d’indépendance algérienne et quelques semaines après la célébration de la fête nationale du pays, le 05 juillet. En outre, alors qu’il est miné par la croissance de mouvements terroristes dans la zone du Sahel, tels que le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS), etc. le Mali a préféré démissionner du G5-Sahel, à cause d’un conflit qui l’oppose à ses quatre autres partenaires de cette institution sécuritaire régionale (Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad).
Par conséquent, ce conflit qui gangrène cet instrument de coopération militaire, économique et sécuritaire, vient complexifier la tension qui prévaut actuellement, entre la France et le Mali. Le conflit franco-malien est marqué par le départ des forces françaises du territoire malien où elles étaient depuis le lancement de l’opération Serval, menée par Paris, en 2012, pour la restauration de l’ordre constitutionnel et institutionnel au Mali. Il est à rappeler que le Mali est dans une crise politique et est miné par des tensions sociales, depuis le coup d’Etat orchestré par le capitaine Amadou Haya Sanogo, contre le président malien d’alors, Amadou Toumani Touré, le 22 mars de la même année. En plus, des réseaux terroristes opérant au Mali et des groupes armés déstabilisent le pays depuis plus d’une décennie ; l’ordre étatique cherche en vain à se rétablir.
En effet, le conflit qui met actuellement aux prises la France et le Mali tire son origine d’un incident diplomatique entre les deux pays, causé par l’ambassadeur malien à Paris, ayant tenu en février 2020, des propos accusant des soldats français de « débordements » dans les quartiers chauds de Bamako. L’ambassadeur, Toumani Djimé Diallo a incriminé au Sénat, la Légion étrangère française. Ce qui a provoqué la colère des autorités françaises qui qualifient ces propos de « faux et inacceptables ». Au lendemain de ces déclarations mal perçues par Paris, les autorités de Bamako ont décidé de rappeler le diplomate malien et de dépêcher leur ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé en France, pour apaiser la situation. D’ailleurs, les autorités maliennes ont soutenu que le voyage du chef de la diplomatie malienne entre dans le cadre d’un renforcement des relations d’amitié et de la coopération entre Paris et Bamako.
Les propos de l’ambassadeur malien peuvent être analysés comme l’expression du sentiment anti-français qui prévaut au Mali depuis des années. Ainsi, la crise diplomatique s’est exacerbée au lendemain du deuxième coup d’Etat du 24 mai 2021, après celui du 18 août 2020. Ces deux coups d’Etat sont perpétrés par un groupe de colonels dirigé par Assimi Goïta, devenu président de la transition au Mali. A noter que ces colonels putschistes ont très tôt bénéficié du soutien de la Russie. A preuve, suite au coup d’Etat du 24 mai, la société privée paramilitaire russe, le Groupe Wagner intervient depuis bien des mois en territoire malien, en vue d’aider les meneurs du coup d’Etat à légitimer leur pouvoir et la transition dont la durée a été rejetée par la CEDEAO qui a pris des mesures de sanctions contre le Mali.
N’acceptant pas de cohabiter avec des forces du Groupe Wagner qu’elle qualifie de « mercenaires », la France a préféré quitter le sol malien. La fin de l’évacuation des dernières forces militaires françaises présentes au Mali, est survenue le 15 août 2022, date à laquelle lesquelles forces sont entrées en territoire nigérien où elles s’installent désormais dans le cadre de l’opération Barkhane.
Alors, les autorités pro-russes de la transition malienne se sont engagées dans une dynamique de rupture de coopération militaire d’avec la France. Par conséquent, la tension monte de façon exponentielle entre Paris et Bamako. Dans ce contexte de crise diplomatique franco-malienne, la junte malienne a expulsé l’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, le 31 janvier 2022, justifiant cette expulsion par des déclarations de responsables français que les autorités de la transition de Bamako jugent « hostiles » à leur encontre. Auparavant, lors de la 76ème Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 25 septembre 2021, le Premier ministre de la transition malienne, Choguel Maïga a accusé la France d’« avoir abandonné son pays (Mali) en plein vol». Ces propos ont provoqué de vives réactions de la part de Paris. Par ailleurs, le 27 avril 2022, la Haute Autorité de la communication du Mali a décidé de suspendre définitivement France 24 et RFI dans le pays. Le Mali a également accusé la France de soutenir les terroristes opérant en territoire malien. En effet, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop a écrit le 15 août 2022, aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies, pour dénoncer le comportement des forces françaises que Bamako accuse de soutenir des groupes terroristes, en leur fournissant du renseignement et des armes. A cet effet, les autorités maliennes demandent audit conseil de statuer sur la question qu’elles ont portée à l’instance onusienne.
En conséquence, le processus de paix et de sécurité est confronté à des perturbations dans la coopération militaire entre le Mali et ses partenaires internationaux. Ce qui complexifie les opérations onusiennes de maintien de la paix qui se mènent dans ce pays, depuis le coup d’Etat de 2012. En sus, les acteurs de la sécurité malienne font face à des blocages de la part du Mali, avec l’arrestation de 49 militaires ivoiriens à Bamako, par les autorités de la transition, le 10 juillet 2022. Ces derniers sont accusés d’être des mercenaires venus déstabiliser le processus de transition.
Pour gérer la crise diplomatique franco-malienne et la tension entre la Côte d’Ivoire et le Mali, le Sénégal a proposé ses bons offices. Dakar s’est montré prêt à mener une médiation sur la question relative aux accusations du Mali contre la France selon lesquelles celle-ci soutient les terroristes opérant dans le territoire malien et perturbant la transition dans ce pays qui a subi deux coups d’Etat en moins d’un an, et entre Abidjan et Bamako.
Par ailleurs, la visite de Macron en terre africaine est venue à point nommé, au regard du sentiment anti-français que nourrissent beaucoup de jeunes africains, et des blocages causés par la pandémie du Covid-19 qui a interrompu la tenue à intervalle régulier du sommet de la France-Afrique inscrit dans le cadre de la coopération franco-africaine. D’ailleurs, c’est pour trouver un antidote à ce sentiment anti-français incarné par ces jeunes, qu’Emmanuel Macron a changé le format dudit sommet lors de la tenue de sa 28ème édition, du 08 au 09 octobre 2021. En effet, lors de ce sommet, le président français a préféré inviter de jeunes africains à la place de ses pairs africains, pour qu’ils y plaident la cause de l’Afrique. Toutefois, ce schéma pour lequel Macron a opté a causé des critiques à son encontre, de la part d’autres africains, le jugeant incohérent. Cette stratégie de Macron va dans le sens d’étouffer le sentiment anti-français, les mouvements de contestation contre la France, la campagne contre le franc de la communauté financière africaine (FCFA) menée par de jeunes activistes africains, etc.
Face à la crise franco-malienne, la France s’est investie dans une dynamique de repositionnement militaire stratégique, en allant au Niger où ses forces qui étaient stationnées au Mali vont désormais camper. D’ailleurs, c’est dans cette dynamique de rayonnement économique et diplomatique qu’entre la tournée d’Emmanuel Macron au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau, en juillet 2022, suite à la tournée du ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov en Afrique (Egypte, Congo, Ouganda et en Ethiopie), au cours du même mois.
De nos jours, la France fait face à d’autres puissances étrangères, engagées en Afrique. Cela s’illustre par le poids de la Chine dans l’environnement géopolitique africain, dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique commerciale dite des « nouvelles routes de la soie ». La place de la Chine dans la géopolitique de l’Afrique se caractérise par ses investissements dans le continent s’inscrivant dans les dynamiques de la coopération sino-africaine. A cela, s’ajoute le retour de la Russie sur la scène internationale en général et notamment en Afrique. Aujourd’hui, il se remarque une influence russe dans le continent africain, avec la présence du groupe Wagner au Mali, en Centrafrique, en Libye, au Soudan, etc.
En plus, la guerre russo-ukrainienne et ses conséquences se caractérisant par une crise énergétique et gazière et une cherté des denrées de première nécessité, obligent la France à trouver des alternatives face à cette situation de crise économique qui touche tout le monde entier. D’où l’intérêt d’Emmanuel Macron à trouver une voie de réconciliation diplomatique entre la France et l’Algérie, en vue d’une meilleure coopération entre les deux pays.
Cette visite d’Emmanuel Macron en Algérie est intervenue au moment où les relations entre la France et le Maroc souffrent d’une froideur, une situation qui pourrait contribuer au positionnement de l’Algérie dans la sous-région, donnant sens à la France dans l’échiquier géopolitique du Maghreb. Ce voyage de Macron a coïncidé avec la tenue à Tunis, du sommet Japon-Afrique, connu sous l’appellation de la TICAD 8. Ledit sommet est marqué par une brouille diplomatique entre le Maroc et la Tunisie, pays organisateur de cette huitième édition. En effet, la Tunisie a invité le leader du Polisario, Ibrahim Ghali, à prendre part à cet évènement international. Cette invitation a provoqué la réaction du royaume chérifien qui la conteste, la jugeant provocatrice en son endroit. Alors, la Tunisie semble se joindre à la position de l’Algérie au sujet du Sahara Occidental dont le mouvement indépendantiste, Polisario est soutenu inconditionnellement par l’Etat algérien, d’où le conflit qui oppose ce dernier à Rabat, depuis plusieurs décennies.
IV – Enjeux et objectifs de la visite
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Aujourd’hui, l’Afrique demeure très attractive grâce à ses abondantes et diverses ressources naturelles qui suscitent la convoitise des grandes puissances étrangères. Ainsi, le continent africain voit la présence desquelles puissances qui utilisent tous les moyens possibles, notamment la coopération, pour tirer profit de ces ressources que le continent peine toujours à exploiter de lui-même. Cette attractivité de l’Afrique se remarque par la convoitise, la convergence et l’abondance des investissements des grandes puissances étrangères qui occupent une place de premier plan dans l’environnement géopolitique africain. Intervenu à un moment crucial, ce voyage de Macron en Algérie va dans le sens de cette coopération.
Les enjeux de la visite sont essentiellement économiques et stratégiques. Ils révèlent de nombreux intérêts entre la France et l’Algérie, grâce à la coopération franco-algérienne qui date de longtemps. Toutefois, cette coopération est souvent minée par des hostilités qui trouvent leurs origines dans l’histoire de la « colonisation » algérienne.
La tournée d’Emmanuel Macron dans le continent en juillet dernier, qui a coïncidé avec celle de Sergueï Lavrov, a été suivie de celle du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken qui a aussi effectué une visite en Afrique du Sud, au Congo RDC et au Rwanda (du 07 au 11 août). Les voyages de ces personnalités en Afrique justifient l’intérêt des puissances étrangères au continent, et déterminent leur implication dans l’environnement géopolitique africain dont les principaux enjeux demeurent liés aux ressources naturelles, aux processus démocratiques, à la gouvernance sécuritaire et conflits armés, à la coopération internationale, à l’apport de la diplomatie africaine dans l’échiquier géopolitique mondial, à la place de l’Afrique dans l’économie mondiale, etc.
La coopération entre la France et l’Afrique, connue sous l’appellation de la France-Afrique constitue un enjeu de taille de la géopolitique africaine, dans la mesure où elle a enregistré beaucoup d’acquis à bien des égards, et ouvre également des perspectives d’avenir sur plusieurs plans, tels que l’économie, le tourisme, la science et la formation, la sécurité… Cette visite de Macron dégage une voie de rapprochement entre la France et le Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), pour un repositionnement stratégique et la création de nouvelles conditions de puissance et d’influence de Paris au Maghreb et au Sahel, en général, notamment en Algérie. En effet, le CEMOC est créé en 2010, à l’initiative de l’Algérie. Cet outil de coopération militaire rassemble l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Son siège est basé à Tamanrasset, en Algérie.
Cependant, depuis sa création, cette coopération militaire ne s’est pas encore réalisée concrètement, mais existe toujours. D’ailleurs, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtan Lamamra a effectué un voyage le 1er septembre 2022, à Bamako où il a participé au Comité de suivi de l’accord de 2015 relatif à la crise malienne. Qui plus est, il a eu un long entretien avec son homologue malien, Abdoulaye Diop, dans le cadre de la 18ème session du Comité bilatéral stratégique Mali-Algérie. Alors, Alger et Bamako s’engagent à relancer le CEMOC, vu que le G5-Sahel semble être bouleversé par la crise politique malienne. Alors, cette démarche d’Emmanuel Macron facilite la réconciliation franco-algérienne, après une brouille diplomatique, depuis octobre 2021. Aussi, sert-elle de stratégie d’endiguement de la percée russe et chinoise en Afrique, ainsi que de gestion de l’engagement économique et diplomatique de la Turquie dans le continent africain.
La problématique du gaz est de taille parmi les enjeux de cette visite survenue dans un contexte marqué par la guerre russo-ukrainienne qui a engendré une crise énergétique à travers le monde. En clair, le gaz algérien se présente comme une alternative face aux sanctions économiques et commerciales de l’Occident contre la Russie, d’où l’importance du gazoduc Maghreb-Europe. Cependant, au cours de la visite, il n’y a pas eu de nouveaux contrats entre Paris et Alger, sur le gaz algérien. En outre, la question de la sécurité est prise en compte, avec la relance de politiques sécuritaires communes. Toutefois, Emmanuel Macron s’est gardé de se prononcer sur les tensions entre l’Algérie et le Maroc, sur fond de conflit du Sahara Occidental. Ce conflit entre Alger et Rabat demeure le principal blocage du gazoduc Maghreb-Europe et du fonctionnement de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). La coopération entre la France et l’Algérie en particulier et entre la France et l’Afrique en général, est déterminante sur beaucoup de questions liées à la sécurité internationale, telles que l’émigration illégale et irrégulière, la criminalité transnationale (trafic illicite : drogue, êtres humains, organes d’êtres humains…), et surtout la lutte contre le terrorisme, dès lors qu’il se note une montée en puissance de réseaux terroristes à travers le Sahel, (le Groupe de Soutien à l’Islam et au Musulmans (GSIM), l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS)…), depuis plusieurs années.
V – La portée de la visite
Venue à point nommé, cette visite d’Emmanuel Macron en Algérie, du 25 au 27 août 2022, a une portée économique, stratégique et sécuritaire. En fait, au-delà de la réconciliation franco-algérienne qu’elle a occasionnée, elle constitue un facteur de recadrage de la diplomatie française au Maghreb et Sahel, vu le conflit entre la France et Mali se trouvant à couteaux tirés et se regardant en chiens de faïence. Ledit conflit bouleverse la politique étrangère française dans ces deux sous-régions. Depuis des années, les intérêts français sont menacés en Afrique, notamment au Sahel. Alors, le Maghreb peut être une base arrière stratégique pour la France en vue de remédier aux obstacles stratégiques auxquels elle fait face, même si l’Algérie elle-même était en froideur ou en conflit avec son ancienne métropole dont elle était un territoire d’outre-mer.
Le recadrage de la politique étrangère française, en Algérie, acté par la visite de Macron dans ce pays, dégage des perspectives de repositionnement stratégique et diplomatique et de rayonnement économique de la France en Afrique, en général et au Maghreb en particulier. Cela servira de support de renforcement de la visibilité de la diplomatie française dans la sphère internationale. A cet effet, s’impose une redéfinition des stratégies de la diplomatie française face aux nouvelles configurations géopolitiques et aux nouveaux enjeux géostratégiques. Alors, c’est sur cette dynamique que s’inscrit la réconciliation entre la France et l’Algérie, marquée par le renouement officiel des relations bilatérales entre Paris et Alger, dans le cadre de la réalisation de leurs objectifs politico-économique respectifs.
En outre, se note le développement par la France, de nouvelles approches stratégiques pour le renforcement de la sécurité dans les sous-régions maghrébine et sahélienne. Cela se justifie par une réorientation de la politique extérieure et de la stratégie d’influence de la France dans ces deux sous-régions, et par une assomption de son rôle d’acteur influent de la géopolitique de ces zones, dans le but de renforcer son rayonnement en Afrique, notamment dans ces sous-régions. La France est une puissance qui a toujours occupé une place de choix dans le jeu géopolitique de ces sous-régions respectives. Cela s’illustre par le lancement des opérations Serval au Mali et Barkhane au Sahel, et la mise en œuvre du G5-Sahel. A cela, s’ajoute l’opération Takuba articulée du 27 mars 2020 au 1er juillet 2022, particulièrement au Mali et au Sahel en général. Qui plus est, la France a longtemps coopéré de façon bilatérale dans les domaines économique, sécuritaire et stratégique, avec les différents Etats du Maghreb et du Sahel.
Par ailleurs, les politiques économiques et stratégiques se redéfinissent et se réorientent aux fins de construire un environnement socio-économique régional stable. La visite de Macron a pris en compte cette dimension liée à la sécurité et à la stabilité dont il a défini des perspectives géostratégiques. D’ailleurs, c’est à cet effet que le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtan Lamamra s’est rendu à Bamako, suite à cette visite.
Alors, la visite de Macron constitue un facteur de relance du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), une initiative à laquelle Alger et Bamako sont favorables. Cette stratégie permet de trouver une solution face aux obstacles qui bouleversent le G5-Sahel sur fond de crise politique malienne. La visite d’Emmanuel Macron a été suivie du voyage du président du Conseil européen, Charles Michel en Algérie, le 05 septembre, et de la tournée de l’émissaire de l’ONU pour le Sahara Occidental, Steffan De Mistura à Tindouf, à Alger et en Mauritanie, du 04 au 10 du même mois.
VI – Un voyage inscrit dans une dynamique de rayonnement diplomatique et stratégique de la France en Afrique, notamment au Maghreb et au Sahel
D’importants enjeux géostratégiques sont notés dans le contexte de ce voyage. D’emblée, la visite constitue un facteur de réconciliation entre la France et l’Algérie qui sont prises en étau dans une crise diplomatique nuisant fortement aux intérêts des deux pays. Ensuite, elle ouvre de nouvelles perspectives d’avenir liées à la coopération bilatérale entre Paris et Alger, permettant de développer des politiques de repositionnement et de rayonnement à bien des égards, pour les deux parties. D’ailleurs, consciente des nombreux défis majeurs auxquels elle fait face, la France expérimente des stratégies diplomatiques en phase avec les réalités du moment. Ce qui traduit le renforcement de son dynamisme diplomatique en Afrique constituant un des grands ensembles géopolitiques qui possèdent d’importants enjeux géostratégiques, telles que les ressources naturelles dont l’exploitation permet d’accroître l’économique mondiale. Alors, ce sont ces atouts déterminant l’attractivité de l’Afrique qui suscitent la convoitise du continent par les grandes puissances étrangères qui y convergent et y interagissent dans un jeu de rapports de force.
6.1. La France au Maghreb : orientations, acquis et limites
Sous un angle géographique, le Maghreb correspond à l’ensemble territorial englobant l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Cependant, il y a une deuxième conception selon laquelle le concept de « Maghreb » est souvent défini avec une prise en compte des déterminants géopolitiques, tels que la culture, la religion et les facteurs ethnolinguistiques qui occupent une place importante de la vie socio-politique des Etats de cette sous-région. Ce qui amène des géographes à inclure en son sein, la Libye et la Mauritanie. Alors, cette deuxième conception désigne un espace géographique plus vaste. Aujourd’hui, cette définition du Maghreb demeure plus courante, quand il s’agit d’une réflexion à mener sur cette zone, sous une approche géopolitique.
Deux facteurs principaux constituent essentiellement les enjeux géopolitiques majeurs de cette sous-région. Il s’agit de ses ressources naturelles (pétrole, gaz et eau) dont regorgent la plupart des pays s’y situant, notamment l’Algérie, la Libye et la Mauritanie, et de la situation géostratégique de la sous-région ouvrant celle-ci à l’océan Atlantique et à la mer Méditerranéenne. Aujourd’hui, cette la sous-région se situant au sein de l’espace méditerranéen se présente comme une zone tampon, entre le Nord et le Sud. Ce qui fait de l’ensemble territorial maghrébin un enjeu géostratégique de la géopolitique de la Méditerranée, voire de la géopolitique mondiale. La position géostratégique du Maghreb connecte les Etats de cette zone à ceux de l’Europe en général et à la France en particulier, dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne, connue sous l’appellation du « dialogue 5 + 5 » ou dans le cadre de l’initiative stratégique de l’Union pour Méditerranée (UPM). Dans un tel contexte, la France définit ses orientations économiques, sécuritaires et stratégiques, en vue de renforcer sa politique de puissance et d’influence, par la mise en œuvre d’une diplomatie économique adaptée aux enjeux de la région, assurant des acquis dans plusieurs domaines. Ainsi, elle a fait d’importants investissements auxquels s’ajoute la présence militaire, au regard de l’importance et du caractère stratégique du territoire algérien. Aussi, la force miliaire de dissuasion de la France est-elle remarquable dans l’environnement géopolitique du Maghreb. Alors, si la France a enregistré des acquis importants liés à sa politique étrangère au Maghreb, toutefois, elle traîne des limites pouvant s’exprimer par une incapacité à trouver un antidote au sentiment anti-français qui prévaut dans la sous-région maghrébine. D’autres limites relatives à l’insécurité (émigration clandestine, trafic illicite, terrorisme) sont notées.
Par ailleurs, face à la crise énergétique qui touche de plein fouet tout le monde entier, la France fait toujours face au blocage du gazoduc Maghreb-Europe se présentant pourtant comme une alternative à laquelle crise causée par la guerre russo-ukrainienne. Il se note également une incapacité de la part de Paris à résoudre le conflit entre le Maroc et l’Algérie, même si l’ancienne métropole de l’Algérie est arrivée à trouver une voie de sortie de crise diplomatique qui l’opposait à celle-ci depuis plusieurs mois. Mais, aujourd’hui, Paris et Rabat sont dans une brouille diplomatique qui sape leurs relations bilatérales. D’ailleurs, de telles crises entre la France et des pays du Maghreb sont récurrentes, surtout depuis la montée du terrorisme à travers le monde, à partir des années 1990.
6.2. La France au Sahel : orientations, acquis et limites
Sous un angle géographique, le Sahel désigne l’ensemble territorial correspondant à la région qui regroupe cinq pays, à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Ces pays font frontière à plusieurs autres pays qui interviennent dans la géopolitique de la région sahélienne. Ainsi, une présentation du Sahel sous une approche géopolitique devient pertinente, présentant ladite région à travers une définition par extension qui comporte les pays des espaces périphériques sahéliens. Il s’agit du Sénégal, Guinée, Maroc, Algérie, Libye, Soudan, Centrafrique, Cameroun, Nigéria, Bénin, Togo, Ghana, et de la Côte d’Ivoire. Plusieurs pays parmi ceux se situant à la frontière du Sahel sont concernés par les facteurs géopolitiques qui animent la zone sahélienne, tels que l’émigration clandestine, la criminalité organisée, le terrorisme, les conflits armés, etc. Au plan géopolitique, l’ensemble territorial englobant ces différents pays, constitue l’une des chasses gardées de la France dont les intérêts se trouvent menacés à travers cet espace, depuis quelques années.
Très sous-développée, la région est minée par une instabilité permanente, alors que le développement va ensemble avec la sécurité. Vu cet état de fait, l’Alliance Sahel est lancée par la France, l’Allemagne et l’UE, dans le but d’améliorer les conditions de vie des populations des Etats du G5-Sahel. En effet, cette stratégie interétatique permet de coordonner les politiques des acteurs au développement de la région, en vue de répondre aux besoins fondamentaux des populations éprises de sécurité et de meilleures conditions de vie.
La France a participé à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, dans le contexte de la profonde crise qui s’est installée dans le pays, à partir de 2012. En effet, le Mali traversait un conflit armé, au cours duquel, le Nord du pays était sous contrôle du groupe indépendantiste du Mouvement National Libération de l’Azawad (MNLA), puis des islamistes autoproclamés djihadistes. C’est cet imbroglio qui a conduit le pays au coup d’Etat du capitaine Sanogo contre le Président, Amadou Toumani Touré. Alors, au regard de ces tensions, la France est intervenue militairement, avec l’opération Serval, à la demande des autorités maliennes, afin d’arrêter l’avancée des terroristes et de permettre au pays de trouver son intégrité territoriale et sa stabilité socio-politique. Ce dynamisme de la France détermine sa participation à la médiation internationale dans le cadre du processus de stabilisation qui a abouti à l’accord de paix dit d’Alger, constituant une étape importante de la trajectoire de la MINUSMA.
Il faut noter que les réalisations de la France dans le cadre de sa politique étrangère au Sahel, ne se limitent pas à ses interventions militaires, avec les opérations Serval, Barkhane, Takuba, etc. Paris a effectué des investissements importants dans cette région, qui illustrent ses acquis économiques et stratégiques. Cependant, des limites demeurent remarquables. Elles se symbolisent par le sentiment anti-français qui prend des proportions inquiétantes pour la diplomatie française, l’insécurité qui règne sous différentes formes : émigration clandestine, trafic illicite, criminalité organisée et surtout par le terrorisme. A cela, peut s’ajouter la percée de la Russie au Mali. Ce qui met la France sur une mauvaise posture l’entraînant dans une rude concurrence avec la Russie et surtout avec la Chine qui est très en vogue dans la sphère géopolitique africaine. Face à cette situation qui détermine les principaux défis majeurs auxquels elle fait face, la France développe de nouvelles politiques stratégiques en vue de relever lesquels défis.
VII – Perspectives face aux défis actuels
Au regard des enjeux géostratégiques dominés par des problématiques socio-économiques, qui déterminent le contexte de la visite d’Emmanuel Macron, le développement de perspectives s’impose dans le spectre des relations entre la France et l’Algérie. Ces perspectives sont essentiellement liées aux domaines économiques et stratégiques. Alors, compte tenu de la mémoire coloniale qui demeure toujours un point d’achoppement entre les deux pays, il a été décidé la création par les deux chefs d’Etat, d’une commission d’historiens français et algériens pour étudier les archives sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Toutefois, selon Emmanuel Macron, pas question pour la France de présenter des excuses, pourtant espérées et attendues en Algérie. Cette attitude de Macron est la même que celle qu’il a adoptée lors de sa visite en Polynésie française, en juillet 2021, au cours de laquelle il n’était pas question pour lui de présenter des excuses à propos du dossier des conséquences des essais nucléaires français faisant état d’explosion de 193 bombes dans la région, entre 1966 et 1996. Alors que le président français, lors de son voyage au Rwanda, au mois de mai 2021, avait reconnu la responsabilité de la France sur la guerre civile qui a conduit au génocide rwandais de 1994.
En effet, la création de ladite commission franco-algérienne doit permettre de revisiter le passé colonial aux fins de mieux repenser l’histoire des relations entre la France et l’Algérie. En ce sens, Macron appelle à regarder l’avenir malgré un passé « douloureux » qu’Algériens et Français n’oublient toujours pas, à cause des atrocités subies au niveau des deux camps. Cette vision d’Emmanuel Macron pour un meilleur avenir ne peut se réaliser sans réconciliation entre Paris et Algérie. Alors, après plusieurs mois de bras de fer, la France et l’Algérie se sont engagées à sceller officiellement le rétablissement des relations bilatérales entre les deux pays, par la mise en œuvre d’un partenariat franco-algérien renouvelé, après avoir amorcé réconciliation. Laquelle se symbolise par la signature d’une déclaration commune entre Paris et Alger, en vue d’une nouvelle « dynamique de progression irréversible » dans les relations de coopération franco-algérienne.
Ainsi, elle se matérialise concrètement par la redynamisation de leurs relations économiques, diplomatiques et stratégiques, en vue d’atteindre leurs objectifs socio-politiques respectifs. Cette réconciliation nécessite une redéfinition des contours géopolitiques des zones soudano-sahélienne et maghrébine et un renforcement des relations franco-nigériennes, avec le redéploiement des forces françaises de l’opération Barkhane établies au Mali, vers le Niger. Une telle approche stratégique constitue un gage de stabilité des relations entre la France et ses Etats partenaires de longue date de la zone maghrébine, comme ce fut le cas des relations franco-tchadiennes qui sont au beau fixe depuis plus de deux décennies. La stabilité des relations stratégiques et diplomatiques entre la France et le Tchad peut se justifier par le fait que celui-ci abrite le QG de l’opération Barkhane dirigée par Paris. L’importance stratégique de ce pays du Sahel se détermine par le fait qu’il est, non seulement, entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale, mais aussi, entre les parties centrale et septentrionale de ce continent. Cette position donne au Tchad, un caractère d’épicentre de la géopolitique d’un continent très mouvementé de par la présence de nombreuses puissances étrangères.
En définitive, la France a intérêt à redéfinir les enjeux et les réalités de ses relations avec ses partenaires africains, en vue de lever les ambiguïtés dont lesquelles relations souffrent depuis quelques temps. D’ailleurs, la crise qui prévaut au sein du G5-Sahel ayant occasionné la démission du Mali de cette institution sécuritaire sahélienne peut être analysée comme une illustration de la perte de contrôle de Paris sur certains Etats africains. Mais, la visite d’Emmanuel Macron a jeté les bases de la concrétisation de l’initiative du CEMOC dont l’Algérie est l’initiatrice. En fait, cette organisation virtuelle créée en 2010, par l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, est mise à jour lors de la rencontre du ministre algérien des Affaires étrangères et son homologue malien, le 1er septembre 2022. L’Algérie redéploye sa diplomatie pour rendre opérationnel le CEMOC, aux fins de trouver un antidote à la crise que traverse le G5-Sahel, suite à la démission du Mali de cette institution sahélienne, à cause de son conflit avec ses quatre partenaires. Alors que ces Etats étaient bien engagés dans une stratégie commune de gouvernance sécuritaire cohérente. La visite de Macron en Algérie peut faire de ce pays du Maghreb une tour de contrôle diplomatique et sécuritaire de la France dans le cadre de la mise en œuvre de sa nouvelle politique stratégique qu’elle entend développer au Sahel.
VIII – Ce qu’il faut retenir de la diplomatie française en Afrique et de la visité de Macron en Algérie
8.1. Ce qu’il faut retenir de la diplomatie française en Afrique
Au regard de ce qui précèdent, il se note des questions qui se remarquent souvent dans la politique étrangère de la France sur l’échiquier géopolitique africain.
En effet, la France est incontestablement classée dans le groupe des Etats puissants et influents sur la scène diplomatique internationale. Elle use de ce statut, à bien des égards, pour confirmer son poids et le rôle qu’elle doit jouer dans l’environnement géopolitique mondial, dominé par des rapports de force qui déterminent les dynamiques de la mondialisation. Laquelle est marquée de nos jours, par la guerre russo-ukrainienne qui bouleverse le système international, de par les conséquences de ladite guerre sur l’économie mondiale. Aujourd’hui les obstacles liés aux relations internationales concernent tous les Etats de la planète, surtout les grandes puissances dont les économies respectives ne dépendent pas de leurs propres matières premières. Ce fut le cas de la France qui cherche, par tous les moyens possibles, à trouver des voies de sortie de crises qui entravent la scène socio-économique mondiale. Ainsi, l’idée de renforcer et de pérenniser la coopération franco-africaine en général, et celle franco-algérienne en particulier, est devenue une nécessité, voire une urgence géopolitique pour la France, dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique étrangère à travers le monde.
Il faut noter que la France a une diplomatie transversale et efficace qui sous-tend son influence dans sa coopération avec l’Afrique, s’opérant à travers un partenariat économique, stratégique et sécuritaire. Grâce aux orientations de sa politique étrangère en Afrique, la France a réussi à réaliser de nombreux investissements économiques à travers le continent, avec l’exercice de son soft, hard et smart power qui la rendent visible dans l’environnement africain des affaires. Cependant, elle fait face à des menaces de tous genres, au premier rang desquelles se trouve le terrorisme international dont le Maghreb et le Sahel demeurent parmi les zones les plus dangereuses du continent, voire du monde. A cela, s’ajoutent les conflits armés récurrents, crises et instabilités politiques, développement d’un sentiment anti-français dont le cas du Mali en est une parfaite illustration, etc.
Aujourd’hui, en Afrique en général, notamment au Maghreb et au Sahel, l’avenir de la France dans le cadre de sa politique étrangère est confronté à des défis majeurs complexes qu’elle doit impérativement relever pour prospérer dans le continent.
8.2. Ce qu’il faut retenir de la visite de Macron en Algérie
La visite de Macron en Algérie, après de long mois de crise diplomatique entre les deux pays, a permis à Paris et Alger, de poser un certain nombre de jalons pour la redynamisation de leurs relations bilatérales qui sont constamment tumultueuses depuis l’indépendance de ce pays du Maghreb, le 05 juillet 1962. Toutefois, la visite ne peut pas effacer le mauvais souvenir des Algériens sur la guerre d’Algérie, qui a toujours un impact négatif sur les relations franco-algériennes, même s’il y a des engagements pris par les deux pays, pour lever les ambiguïtés y afférentes, telle la signature de la déclaration connue sous l’appellation de la « déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé ». Cet élan permettra à la France et à l’Algérie, de valoriser leur lien de complémentarité et d’interdépendance socio-économique qu’il y a entre elles. Cependant, la persistance du mauvais soutenir de la guerre d’Algérie et de ses nombreuses victimes, à l’origine d’une histoire douloureuse, reste encore un obstacle. Ce qui laisse constater que les relations franco-algériennes sont marquées par une constance des dynamiques les déterminant, car elles ne connaissent guère une grande évolution depuis plusieurs années. Alors, cela amène la France à s’inscrire sur une logique de redéploiement stratégique dans plusieurs domaines. Pour ce faire, Paris doit redéfinir le contexte géopolitique actuel et redynamiser son soft power dans l’exercice de sa politique étrangère au Maghreb en général, notamment en Algérie.
Il sied de préciser que lors de cette visite, Emmanuel Macron n’a pas évoqué la question du gazoduc Maghreb-Europe qui constitue, pourtant, l’un des enjeux majeurs pouvant permettre à la France et à l’Europe d’amortir la crise énergétique causée par la guerre russo-ukrainienne qui sape l’environnement économique mondial.
En définitive, au regard des bouleversements géopolitiques en cours, l’idée de redéfinir la coopération franco-africaine en général, et celle franco-algérienne en particulier, constitue pour la France, une urgence géostratégique qui requiert toutes les politiques nécessaires à cet effet. Car la France est confrontée à un sentiment anti-français sans précédent dans plusieurs pays d’Afrique. En ce sens, une réorientation des relations franco-algériennes dans tous les domaines devient l’un des moyens les plus indiqués pour le rayonnement diplomatique de la France en Afrique, l’Algérie demeurant son pré-carré géopolitique pouvant permettre à Paris de tenir sa place et son statut de grande puissance dans le continent.
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