Réforme de l’assurance-chômage, projet de loi budgétaire, financement de la sécurité sociale, réforme des retraites… Les textes que les 577 députés vont devoir étudier ces prochains jours et semaines sont importants, mais devraient attiser les divergences entre la majorité et ses oppositions. Avec un risque de dissolution de l’hémicycle en cas de blocage du gouvernement ? Emmanuel Macron n’exclut pas cette éventualité…
Le plus difficile commence pour elle. À 16 h, ce lundi, les tambours de la Garde républicaine résonneront dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Yaël Braun-Pivet, 51 ans, rejoindra, alors, son siège au Perchoir, afin d’ouvrir sa première véritable session parlementaire, en tant que nouvelle présidente du Palais Bourbon, après une mise en route d’un mois en juillet.
Le marathon législatif, qui attend la députée Renaissance des Yvelines et ses 576 collègues, élus ou réélus les 12 et 19 juin, s’annonce harassant, mouvementé… voire musclé. Les textes qu’ils vont devoir discuter au cours des prochains jours et semaines sont importants. Ils devraient susciter pas mal de débats et d’éclats de voix dans un hémicycle à la majorité relative.
Échauffement
Après un lundi après-midi consacré à la politique de soutien de la France au peuple ukrainien, les parlementaires commenceront l’examen de la réforme de l’assurance-chômage à partir de 21 h 30. Les échanges promettent d’être animés durant trois jours. Un préambule à la longue et difficile discussion budgétaire – à compter du lundi 10 octobre – et à la présentation du projet de loi de financement de la sécurité sociale à partir du jeudi 20 octobre.
Les divergences sont tellement marquées entre les groupes que les voix et les abstentions de chacune et chacun seront comptées et recomptées. Le groupe Renaissance (170 membres) et ses soutiens MoDem (50) et Horizons (30) devront faire le plein des votes s’ils veulent approuver les textes soumis par le gouvernement. Mais ils seront parfois contraints de nouer des alliances, avec la droite LR surtout, pour tenter d’emporter la mise.
Rêve de grand soir
La majorité présidentielle pourrait-elle être mise en minorité au cours de cette session ? La Nupes (LFI, PCF, PS, Verts) en rêve forcément. Notamment sur la réforme des retraites qu’Emmanuel Macron prévoit de soumettre à la représentation nationale en janvier prochain, pour une application effective au cours de l’été 2023.
Les Insoumis, socialistes, communistes et écologistes ont déjà montré leurs dents contre cette refonte qu’ils jugent injustifiée et injuste. Certains, comme François Ruffin (LFI) et Fabien Roussel (PCF), en appellent à un référendum. Le Rassemblement national, de son côté, s’oppose à un report de l’âge de départ. Que feront les Républicains ? Partisans d’une réforme, soutiendront-ils l’exécutif ?
Dissolution ?
La gauche et l’extrême gauche promettent déjà de déposer une motion de censure, si d’aventure le gouvernement était contraint de passer en force – via l’article 49.3 – sur ce projet de loi retraites. Cette adoption du texte sans vote mettra, alors, le feu à l’hémicycle. Une éventualité que le chef de l’État envisage déjà, évoquant une possible dissolution de l’Assemblée nationale – la sixième de la Ve République – si son exécutif était mis en minorité par les oppositions.
Une façon de rappeler à l’ordre les députés, de leur mettre la pression, eux, qui se verraient alors contraints de repartir en campagne à un moment où les Français n’ont pas vraiment la tête aux élections. Les parlementaires LR auraient beaucoup à perdre de cet éventuel nouveau scrutin. Leurs collègues de Renaissance tout autant, probablement. A contrario, la France insoumise et le RN disent se réjouir d’une telle éventualité. « La première victime d’une dissolution, aujourd’hui, ce serait la majorité », prédit Olivier Marleix, le patron des députés LR.
Pour ou contre l’obligation de porter la cravate à l’Assemblée nationale ?
Ingérable le Palais-Bourbon, alors que Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI, annonce déjà sa volonté de déposer 75 000 amendements sur la future réforme des retraites ? Yaël Braun-Pivet se veut optimiste, misant avant tout « sur le dialogue et la concertation » avec les différents groupes pour éviter les blocages. « Une dissolution, ce serait notre échec, l’échec de tous ceux siégeant à l’Assemblée », prévient-elle. Intégrant toutefois cette possibilité aujourd’hui.
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