A, B, O, AB: jusqu’ici, l’humanité semblait divisée en quatre groupes sanguins, que venaient compléter les rhésus (positif ou négatif). Selon Wired, les choses pourraient bien changer, de nouvelles découvertes fondamentales ayant récemment été effectuées par la science. Celles-ci pourraient expliquer pourquoi certaines transfusions sanguines, en de très rares occasions, peuvent avoir des conséquences désastreuses.
À l’origine de l’avancée scientifique décrite ici, les recherches qui ont fait suite à l’hémorragie cérébrale d’un bébé britannique, qui lui a coûté la vie. Né par césarienne anticipée après la détection d’un grave problème sanguin, le bébé avait été transfusé à plusieurs reprises dès sa venue au monde. La composition de son sang ou de celui de sa mère pouvait-elle expliquer l’hémorragie? C’est en tout cas ce que les médecins ont cherché à savoir.
Une partie de la réponse était en fait à trouver chez la mère: des analyses ont en effet montré que son sang contenait des anticorps assez inhabituels. D’autres tests plus poussés ont ensuite permis d’établir que le sang de la patiente était d’un type extrêmement rare, ce qui aurait rendu le sang de son bébé incompatible avec le sien. Face à cette incompatibilité, son système immunitaire aurait produit les anticorps en question afin de combattre le sang de son propre bébé. Lorsque les anticorps en question ont atteint le placenta, il était trop tard.
Pour quelle raison le sang de cette femme, et celui d’autres patients et patientes ayant vécu des situations similaires, étaient-ils différents? En vertu des classifications actuelles, les scientifiques étaient bien en peine de répondre. D’où la nécessité de créer une nouvelle façon de répertorier les groupes sanguins: le système «Er».
Numéro quarante-quatre
Contrairement à ce que nous savons généralement du sang, le classement ABO est loin d’être le seul système à avoir été établi et proposé par la communauté scientifique. C’est pourquoi «Er» est considéré comme le quarante-quatrième système de classement sanguin. Au cours de la dernière décennie, explique Wired, un nouveau système a été homologué chaque année en moyenne, comme celui dévoilé en 2020, incluant un nouveau groupe sanguin nommé MAM négatif, porté officiellement par… onze personnes dans le monde.
Le système «Er» est plus spécifiquement lié à Piezo1, une protéine particulière présente à la surface des globules rouges, comme le détaille la revue Blood. Dans ce classement, il y a au total cinq antigènes, soit cinq variations possibles de Piezo1 pouvant mener à une incompatibilité sanguine. Apparemment, deux de ces antigènes n’avaient jamais été décrits auparavant –l’un d’entre eux a été trouvé dans le sang de la mère britannique ayant perdu son bébé.
«Er» n’a pas encore été officiellement validé, mais ce n’est qu’une question de temps: cela se produira lors de la prochaine réunion de l’International Society of Blood Transfusion, société scientifique fondée en 1935. Les spécialistes décrivent ce nouveau système comme une découverte «de taille», semblable à celle «d’une nouvelle planète».
Pour autant, cela ne devrait rien changer pour l’immense majorité d’entre nous: le système ABO devrait continuer à être employé dans le secteur médical. En revanche, les personnes porteuses d’un sang particulier, reconnaissable grâce au système «Er», pourront être détectées puis prises en charge de façon adaptée, afin d’éviter toute incompatibilité.
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