Pour lutter contre la sécheresse, le Kenya autorise l’importation et la culture de maïs OGM

Depuis 2016, le Kenya fait face à une terrible sécheresse qui entrave la production agricole du pays. Pour lutter contre ce fléau, le président kényan a annoncé l’autorisation d’importation de maïs OGM, interdite depuis 2012.

L’annonce a été faite le lundi 3 octobre 2022 dans une déclaration : le président kényan William Ruto autorise à nouveau la culture de maïs génétiquement modifié, interdite depuis 2012. Il y a dix ans, le gouvernement du Kenya décide d’interdire l’importation d’organismes génétiquement modifiés (OGM – voir encadré ci-dessous) sur son territoire, ne connaissant pas encore les impacts sur la santé humaine. Aujourd’hui, face à la sécheresse, cette interdiction est levée et l’importation et culture de maïs OGM est autorisée.

Depuis 2016, le Kenya fait face à une terrible sécheresse qui entrave la production agricole du pays. Avec un secteur représentant près de 70% de la population active et contribuant à 24% au produit intérieur brut (PIB) du pays, l’agriculture est un pilier de l’économie kényane. Le maïs reste l’une des principales productions avec 3,5 millions de tonnes produites par an (3,5Mt), ainsi que les légumineuses comme les petits pois et les lentilles (3,9Mt) et les tubercules comme les pomme de terre, le manioc ou les patates douces (3,2Mt). Mais le manque de précipitations entraine la sécheresse des sources d’eau naturelles, exerçant une pression énorme sur les bassins de rétention d’eau et les puits de forage existants. Les terres agricoles s’assèchent et ne permettent plus aux agriculteurs de cultiver leurs terres. Une crise de la faim avec un manque de ressources alimentaires dont le pays peine à sortir frappe aujourd’hui plus de 4 millions de personnes.

Le manque de nourriture et l’accès à l’eau devenant critique, le gouvernement kényan a décidé d’autoriser à nouveau l’importation et la culture de maïs GM, interdite depuis 2012. « La culture et l’importation de maïs blanc génétiquement modifié est désormais autorisé », déclare la présidence. Les autorités souhaitent « réduire la dépendance du Kenya » aux cultures très consommatrices en eau « en plantant des cultures qui sont résistantes à la sécheresse » ainsi que « redéfinir significativement l’agriculture au Kenya ».

Qu’est-ce qu’un OGM ?

Les OGM appartiennent au secteur des biotechnologies, subtil mélange entre sciences du vivant et technologies. Ce sont des organismes vivants (bactéries, plantes…) dont l’ADN a été modifié afin de conférer une nouvelle caractéristique. Il existe différentes techniques de modification génétique, toutes réalisées en laboratoire. La technique historique utilisée est la transgénèse, utilisée pour la première fois en 1973, qui consiste à insérer aléatoirement un ou plusieurs gènes dans le génome cible afin d’en modifier des caractéristiques. Depuis, de nouvelles techniques de modifications génétiques sont utilisées telles que la recombinaison. Le principe de cette dernière est simple : des fragments d’ADN sont retirés d’un ou plusieurs organismes et sont ressoudés (recombinés) à l’ADN de la cellule cible. Cet évènement, à l’origine de la diversité d’une population, a également lieu de façon naturelle dans nos cellules lors de brassages chromosomiques (échanges d’allèles, des versions d’un même gène, entre deux chromosomes).

En agriculture, quatre grandes cultures représentent 99% de la production d’OGM : le soja, le maïs, le coton et les plantes de canola (variétés de navettes et de colza développées au Canada et possédant des qualités nutritionnelles supérieurs) en majorité destinées à l’alimentation animale. Cependant les OGM sont également utilisés pour l’industrie, la recherche fondamentale ou encore la santé.

Le maïs MON87460, modifié pour tolérer la sécheresse
En 2011, l’ancienne entreprise américaine Monsanto (qui fait partie du groupe Bayern depuis 2018) a mis au point une lignée de maïs tolérant la sécheresse MON87460, en insérant dans son génome une séquence codant pour une protéine de choc thermique (cspB), provenant de la bactérie commune non pathogène Bacillus Subtilis. Cette séquence code pour la protéine CSPB, qui permet à l’acide ribonucléique (ARN) d’adopter une conformation adaptée aux conditions de stress et d’améliorer les fonctions cellulaires de la plante.

Le maïs MON87460 avait été développé dans l’objectif d’aider les producteurs d’Afrique du Sud, du Kenya, du Mozambique et d’Ouganda à augmenter leurs récoltes, vivant alors une crise alimentaire très importante à cause d’une sécheresse menaçant la vie de plus de dix millions d’individus. Or en 2012, le gouvernement kényan avait annoncé l’interdiction d’importer des OGM sur son territoire et n’autorisait pas la commercialisation du maïs MON87460, ne remarquant pas de différences significatives entre les variétés modifiées et les variétés conventionnelles.

Le 3 octobre 2022, le gouvernement kényan a levé l’interdiction concernant les cultures modifiées et rejoint ainsi l’Afrique du Sud, le Soudan, l’Egypte et le Burkina Faso qui autorisent la culture commerciale de semences OGM telles que le maïs, le sorgho (céréale originaire d’Ethiopie, extrêmement résistante à la sécheresse et cultivée pour ses graines dans l’alimentation humaine mais aussi pour le fourrage animal), ou encore le niébé (légumineuse riche en protéines de la famille des haricots, largement consommée en Afrique).

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