Le réchauffement climatique rend les océans incapables d’absorber la chaleur générée par l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Mais la hausse des températures en Méditerranée est tellement élevée qu’elle déclenche la formation de cristaux qui émettent à leur tour du CO2.
Le réchauffement des mers et des océans déclenche une cascade d’effets secondaires, parmi les plus connus : la fonte des glaces, la hausse du niveau de la mer, les vagues de chaleur sous-marines, et l’acidification des océans. Mais, selon le département des Nations unies « Climate Action », de plus en plus d’indicateurs montrent que les océans n’arrivent plus à absorber les gaz à effet de serre qui s’accumulent en grand nombre : ils jouent de moins en moins leur rôle de régulateur du climat, face à un « trop plein » de particules polluantes.
La chaleur entraîne la formation de cristaux de carbonate
Ce processus est particulièrement flagrant en Méditerranée : la mer entrerait même dans une phase de stratification. Il s’agit de la séparation de l’eau entre plusieurs couches, un processus repéré dans tous les océans et mers du monde. Cette stratification se caractérise par trois couches : une couche de surface, une couche intermédiaire et une couche en profondeur. Plus le réchauffement augmente, plus les couches empêchent l’eau de se mélanger, en modifiant les échanges entre le carbone, l’oxygène et d’autres nutriments.
Cependant, la chaleur excessive de l’est de la mer Méditerranée pendant l’été l’empêche d’absorber les gaz, et plus encore, elle commence alors à en rejeter. Comment ? À mesure que la stratification augmente, les différences de densité entre les couches océaniques augmentent également : cette stratification renforcée mène à la formation de cristaux de carbonate, qui émettent du CO2.
Un phénomène aggravé par la pollution aux micro-plastiques
15 % des gaz émis dans l’atmosphère au-dessus de la mer Méditerranée proviendraient de ces cristaux. Un processus qui pourrait s’accélérer en raison de deux facteurs : la hausse continue de la température de l’eau, mais aussi la pollution qui permet aux cristaux de s’agglutiner. L’industrialisation croissante, les établissements côtiers et le tourisme ont conduit à des eaux fortement contaminées sur de nombreuses zones côtières méditerranéennes.
En raison des faibles mouvements des marées et des courants de la région, la pollution a tendance à rester proche de sa source en Méditerranée, et à ne pas se diluer comme c’est le cas dans d’autres mers et océans. Les auteurs supposent que ces cristaux ont probablement besoin d’un noyau pour se former : les particules de pollution, en particulier les micro-plastiques. La mer Méditerranée est en effet l’une des étendues d’eau les plus polluées au monde par les micro-plastiques.
futura