Le Rwanda va recevoir 310 millions de dollars de la part du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de son nouvel instrument destiné à aider les pays en développement et à faibles revenus à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Kigali s’est doté ces dernières années d’un plan d’action pour le climat dont le coût global est estimé à 11 milliards de dollars dont 6,9 milliards de dollars dépendent de nouveaux financements. Le gouvernement ambitionne dans ce cadre de réduire jusqu’à 38 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Et donc d’investir jusqu’à 8,8 % du PIB du pays chaque année. Mais d’après le ministre des Finances et de la Planification économique, Uzziel Ndagijimana, certaines ressources ont déjà été mobilisées sous la pression des chocs externes.
Des conséquences sérieuses sur la croissance
En effet, le changement climatique pourrait avoir des conséquences sur la croissance du pays d’Afrique de l’Est étant donné la dépendance de son économie aux secteurs clés, mais sensibles aux aléas climatiques, comme l’agriculture. Un Rapport national sur le climat et le développement du Rwanda (CCDR) lancé la semaine dernière met d’ailleurs en évidence les politiques et interventions clés qui sont nécessaires au pays afin de renforcer la résilience climatique dans le cadre de l’Accord de Paris. « La mise en ?uvre des engagements du Rwanda en matière d’adaptation et d’atténuation réduirait considérablement la volatilité du PIB résultant de la variabilité climatique accrue », a déclaré Pablo Benitez, économiste principal spécialiste de l’environnement à la Banque mondiale. « Cela réduirait également l’impact du changement climatique sur la croissance annuelle du PIB et stimulerait la production industrielle et l’emploi. »
Une stratégie climat reconnue
Le Rwanda est le premier pays africain à bénéficier d’une aide dans le cadre du RST, lancé en mai dernier. Deux pays américains, le Costa Rica et l’île de la Barbade, ont également trouvé un accord avec le FMI pour en bénéficier. « Le Rwanda dispose d’un bilan solide en termes de réformes économiques et est très avancé dans la mise en place d’une stratégie climat. Ce nouveau PCI, combiné avec les fonds du RST, doit permettre de soutenir les autorités dans leurs efforts de stabilisation macroéconomique [?] et d’adaptation au changement climatique », selon le FMI.
Concrètement, ce nouveau fonds fiduciaire pour la « résilience et la durabilité » (RST en anglais) permet au FMI d’accorder un financement à long terme, et peu cher, afin d’aider les États bénéficiaires à mettre en place les politiques nécessaires pour affronter le changement climatique ou les pandémies. Il peut s’agir d’un financement jusqu’à vingt ans, avec une période de grâce (période pendant laquelle le pays ne commence pas à rembourser) pouvant atteindre plus de 10 ans. L’accord doit être encore validé par le conseil d’administration « dans les prochaines semaines », a précisé le communiqué.
Ce nouvel accord avec le FMI comprend la mise en place d’un nouvel instrument de coordination de sa politique économique (PCI) qui intègre les conditions à remplir dans le cadre du financement, pour une durée de trois ans.
Malgré tout, des obligations vis-à-vis du FMI
Pays essentiellement agricole, le Rwanda enregistre une croissance économique impressionnante, cette année elle devrait atteindre 6,8 %, malgré le contexte économique mondial compliqué, mais reste confronté à une inflation élevée, les prix alimentaires ayant progressé de 15,9 % en août, incitant la banque centrale à relever le taux directeur de 100 points de base à 6 %. « Le Rwanda reste vulnérable aux chocs extérieurs. Les prix de l’énergie et alimentaires élevés vont continuer à nourrir l’inflation et affaiblir ses réserves », a cependant souligné Haimanot Teferra, responsable de l’équipe du FMI qui s’est rendue sur place du 26 septembre au 7 octobre.
LEPOINT