Inflation: quel taux en Belgique comparé aux autres pays européens?

Si l’inflation est forte en Belgique, elle est parfois plus bien plus haute (ou plus basse) ailleurs en Europe, et ce pour des raisons diverses.

Les mois passent et l’inflation en Belgique continue d’augmenter. Établie à 10,5% en août, elle a fait un bond à 12% en septembre (selon l’indice des prix à la consommation harmonisé, ou IPCH). En septembre 2021, le taux n’était que de 3,8%. Selon Statbel, les prix qui augmentent le plus sont ceux du gaz naturel (134,9%), de l’électricité (81,3%) et du gasoil de chauffage (56,3%). Suivent certains aliments comme les huiles alimentaires, le beurre et le lait (entre 25% et 37%), mais aussi les hôtels (31,2%).

Ces augmentations ont de quoi faire peur mais qu’en est-il dans les autres pays européens? Pour avoir une vision d’ensemble, voici deux cartes: l’une montrant l’inflation en août 2022 (où les données sont assez complètes) et l’autre en septembre 2022 (mois pour lequel plusieurs pays n’ont pas encore rendu public leur taux d’inflation).

L’Europe de l’Est, première victime de l’inflation

Sur qui frappe tout de suite sur la carte d’août 2022, c’est la différence entre l’Europe occidentale et orientale. À l’est, certains pays atteignent des taux d’inflation parfois plus de deux fois plus hauts qu’en Belgique. C’est notamment le cas des pays baltes, où l’inflation est supérieure à 20%. En Estonie, les prix augmentent désormais autant en un mois qu’en un an auparavant. Les Estoniens pâtissent notamment de leurs très nombreux contrats d’électricité variables (directement impactés par la guerre en Ukraine), du manque de soutien étatique et de prix dopés par de fortes hausses de salaires.

La Hongrie est également très affectée, avec une inflation de 18,6% en août (et qui pourrait atteindre 20% en septembre). Face à cette tendance, le Premier ministre d’extrême-droite, Viktor Orbán, ne cesse de dénoncer les sanctions européennes envers la Russie. La Hongrie ne participe pourtant pas à l’embargo sur le pétrole russe, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de difficultés que la majorité des pays européens. Selon ING, le premier moteur de l’inflation hongroise, c’est en réalité l’alimentation. La banque néerlandaise « n’a pas pu trouver un seul article du panier de consommation avec une inflation à un chiffre » (hormis ceux plafonnés). Le prix du pain hongrois a par exemple bondi de 64,3% sur une base annuelle.

Ces hausses en Hongrie sont bien sûr dopées par les conséquences de la guerre en Ukraine mais elles ont également d’autres causes diverses. France Tv Info rappelle notamment que le gouvernement hongrois « a beaucoup dépensé avant les élections du printemps dernier, ce qui a nourri l’inflation« , sans oublier la chute de la monnaie hongroise face au dollar et le manque de volonté de l’État à appliquer les demandes de réforme de l’Union européenne, ce qui inquiète les marchés.

Des réalités variées à l’ouest

En Europe de l’Ouest, les Pays-Bas subissent la plus forte hausse, avec 13,7% en août. Selon BFMTV, l’État néerlandais, très attaché à la rigueur budgétaire, n’a que peu investi d’argent public pour lutter contre l’inflation. Les deux autres marchent du podium étaient occupées par la Belgique et l’Espagne, à égalité avec 10,5%. La particularité belge de l’indexation automatique des salaires a joué un rôle, mais aussi le manque de soutiens forts du gouvernement pour faire face à la hausse des prix de l’énergie, premier moteur de l’inflation chez nous.

Les pays qui s’en sortent le mieux sont la France (6,6%), l’Islande (5,5%) et la Suisse (3,3%). L’Hexagone s’en sort donc relativement bien, et ce pour plusieurs raisons: son bouclier tarifaire, ses ristournes sur le carburant, mais aussi des mesures étatiques précoces dans la crise (comme le gel des prix du gaz il y a près d’un an, limitation des prix de l’électricité à 4% en 2022). La question, c’est de savoir combien de temps l’État français peut tenir en creusant toujours plus la dette publique. Quant à la Suisse, exemple frappant de stabilité économique, elle bénéfice d’ »une relative indépendance énergétique, d’un coût du travail élevé et d’une dose de protectionnisme« , selon le journal économique Les Échos.

En septembre, une situation contrastée

Pour septembre, les données sur l’inflation sont encore partielles, certains pays n’ayant pas encore rendu leurs bilans. On peut toutefois déjà faire plusieurs constatations. La plus marquante est que certains pays ont vu leur inflation baisser en un mois, et inversement pour d’autres. La France est ainsi passée de 6,6% à 6,2%. Idem pour l’Espagne (9,3% au lieu de 10,5%) et Chypre (9,0% au lieu de 9,6%). Ailleurs, la hausse continue, comme en Belgique, passant donc de 10,5% à 12%. Aux Pays-Bas, c’est bien pire: 13,7% en août, 17,1% en septembre.

La moyenne de la zone euro s’établit à 10%. Les champions restent de loin les pays baltes, la tendance étant toujours à la hausse en Lituanie et Lettonie. En Estonie toutefois, il y a une (très légère) accalmie, l’inflation passant de 25,2% à 24,2%.

moustique

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