Ici, on parle de boycott. Là-bas, le Qatar se prépare au plus grand événement de la planète. Et on prépare aussi ceux qui ont décidé de s’y rendre aux règles strictes qui entoureront leur séjour.
Ceux qui craignaient des stades vides peuvent se rassurer, et ceux qui l’espéraient vont déchanter. Les billets pour la Coupe du monde, du 20 novembre au 18 décembre, se vendent. Sur les trois millions de places disponibles, 2,5 millions ont déjà trouvé preneur. Le Qatar, à domicile, jouera évidemment à guichets fermés. Mais les supporters saoudiens et ceux des Émirats arabes unis font partie des plus gros acheteurs de billets. Les champions du monde de l’achat de tickets demeurent les Argentins. Ils viendront en masse assister au dernier mondial de Lionel Messi. Les supporters mexicains, brésiliens feront aussi parler leur ferveur habituelle. Plus surprenant (quoique…), les Anglais, les Gallois et même les Français et les Allemands font partie du top 10 selon les organisateurs qataris. Des pays où le débat sur le boycott est pourtant vif.
Alors, à quoi doivent-ils s’attendre sur place ? Ils peuvent commencer à l’imaginer, avec le document de seize pages publié par les autorités qataries. Nommé Qatar : Do’s And Don’ts 2022, il liste les mesures à respecter pour assurer aux supporters et VIP un voyage sans impair. Il faudra d’abord bien lire la partie sur l’attitude en société car les règles sont nombreuses. Saluer la personne la plus âgée en entrant dans une pièce, éviter de serrer la main d’une personne du sexe opposé, respecter les files femmes et hommes dans les lieux publics, recevoir un présent et boire son thé de la main droite…
Et surtout, ne pas fixer un Qatari. Au niveau vestimentaire, les autorités demandent aux hommes de porter des pantalons et de couvrir leurs épaules. Les femmes devront, elles, également couvrir leurs jambes, leurs épaules et leur nuque. Le port du voile n’est pas obligatoire (sauf dans les mosquées), mais est encouragé. Vient ensuite le point qui intéresse probablement le plus les supporters : l’alcool. La bière sera accessible dans les fanzones entre 18 h 30 et 1 h du matin. Autour des stades, la consommation sera autorisée, mais dans les cafés et bars uniquement. Dans les enceintes, l’alcool sera interdit. Il s’agira de rester sobre au moins jusqu’à l’hôtel puisque l’ivresse sur la voie publique est passible de prison. On s’inquiète un peu pour les supporters anglais… Arriver sur le territoire avec de l’alcool, de la drogue ou des produits à base de porc sera également interdit.
Les règles sont donc très strictes, surtout pour des millions de supporters lâchés dans l’euphorie d’une Coupe du monde. Et ça, ce n’est que pour le Qatar. Rappelons que pour absorber le flux de supporters, le petit territoire a prévu de loger une partie des visiteurs dans les pays voisins, affrétant 160 vols quotidiens pour les transporter d’une frontière à l’autre. D’autres pays, d’autres coutumes à assimiler. De quoi s’attendre, après les scandales liés à l’écologie et aux droits humains, à des affaires compliquées pour les ambassades ? Le gouvernement qatari pourra au moins dire qu’il avait prévenu.
Peu de supporters belges
On l’a dit, les supporters étrangers ne bouderont pas le Qatar. Mais qu’en est-il en Belgique ? Selon les chiffres dévoilés par La DH, seuls 886 tickets ont été vendus chez nous. C’est évidemment très peu. “En plus de la question éthique, il y a les dates et les prix qui ont refroidi beaucoup de nos fans”, a expliqué le porte-parole de la fédération belge de foot, Pierre Cornez. La dernière grande compétition internationale de notre génération dorée se fera donc sans eux.
L’heure de la sobriété
Dans tout le brouhaha qui entoure le débat sur le boycott ou non de la Coupe du monde, un geste fort (ou plus ou moins). Hummel, l’équipementier de l’équipe danoise, a décidé de faire porter des tenus ultra-sobres à Christian Eriksen et ses coéquipiers. Un maillot rouge, un blanc et un noir, “la couleur du deuil”. Avec l’écusson danois et le logo de la marque en ton sur ton, pour qu’ils n’apparaissent pas distinctement. “Nous ne voulons pas apparaître dans un tournoi qui a coûté la vie à des milliers de personnes”, a commenté Hummel. L’organisation qatarie a très peu goûté à la démarche de la marque danoise, soulignant ses efforts en matière de droit du travail.
Un nouveau scandale
Plus on se rapproche de la Coupe du monde, plus on semble entendre parler du Paris-Saint-Germain, club détenu par le Qatar. Le président du PSG, Nasser al-Khelaïfi, est visé par de graves accusations impliquant du chantage, des menaces de mort et de la torture. Une longue enquête du journal Libération révèle en effet qu’un homme, Tayeb B., arrêté puis torturé durant neuf mois à Doha, détenait des informations compromettantes sur NAK et son entourage. Notamment autour de la corruption qui a entouré l’attribution du Mondial au Qatar. Le gouvernement qatari se serait assuré que ces documents ont été détruits.
moustique.be