L’Ouganda et le Mali initient une coopération militaire

Dans un communiqué du 9 octobre, l’armée ougandaise a fait savoir qu’au terme de trois jours de discussions bilatérales avec le Mali, les deux pays ont signé un cadre de coopération militaire. Pour Wendyam Aristide Sawadogo, chercheur associé à l’Institut Clingendael, bien que cette coopération régionale puisse susciter des questions, il pourrait y en avoir de plus en plus sur le continent.

DW : Que pensez-vous de cette future coopération militaire entre le Mali et l’Ouganda ?
Wendyam Aristide Sawadogo : C’est un accord historique à magnifier dans le cadre de la coopération Sud-Sud en Afrique. Ceci dit, je reste un peu dubitatif quant aux retombées réelles de ces collaborations.

DW : Qu’est ce qui vous laisse dubitatif ?
Wendyam Aristide Sawadogo : Je suis assez dubitatif pour plusieurs raisons. D’une part, il y a ce que vous mentionnez au regard du caractère assez nouveau et historique de cette coopération. Tout ceci, compte tenu du fait que le Mali est confronté aujourd’hui à une situation insurrectionnelle assez pesante sur les populations et sur l’économie même du pays, exige des réponses plus immédiates.

Il faut également tenir compte de l’éloignement géographique qui, pour ma part, rend assez difficiles les attentes en matière de coopération réelle. Il a aussi été fait mention d’opérations terrestres et aériennes éventuelles. Il se pourrait, par exemple, que l’armée ougandaise puisse intervenir au Mali. Mais avec plus de 4000 kilomètres qui séparent les deux pays, la manœuvre paraît assez difficile.

Cette coopération n’est pas la plus opportune parce que selon moi, il y a d’autres pays voisins qui, au regard de leurs succès militaires et leur classement militaire en Afrique, sont plus recommandables que l’Ouganda.

Et enfin, au niveau politique, non pas que je critique, mais la situation de gouvernance assez décriée au niveau de l’Ouganda avec Museveni qui est au pouvoir depuis 1986, cela peut apparaître également comme une tache noire pour le Mali qui est aujourd’hui dans une période transitionnelle très délicate, et qui s’est déjà mis à dos beaucoup de pays et même une partie de la communauté internationale.

DW : Comment analysez-vous tous ces rapprochements des pays de l’Eastern African Community vers l’Ouest ou encore le Sahel? On peut également parler de la présence du Rwanda en Centrafrique.

Wendyam Aristide Sawadogo : Cela répond à une dynamique nouvelle qui est enclenchée en Afrique pour répondre à des préoccupations du moment. C’est édifiant dans la mesure où souvent les solutions sont proches mais on recourt souvent à des formes historiques qui ne sont pas très efficientes en termes de rentabilité au regard des collaborations antérieures que plusieurs pays africains ont entretenues avec leurs anciens pays colonisateurs. Je pense que c’est une dynamique qui va de plus en plus s’intensifier avec le temps.

dw

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