Les bébés conçus par procréation médicalement assistée (PMA) grandissent-ils comme les autres ?

La procréation médicalement assistée donne des bébés plus petits que ceux issus d’une conception naturelle, d’après une étude. En revanche, ils semblent rattraper leur retard pendant l’enfance.

Les enfants conçus par procréation médicalement assistée (PMA) sont plus susceptibles de naître prématurés ou avec un petit poids, mais cette différence s’estompe à l’adolescence, conclut une analyse internationale de 26 cohortes comprenant des données françaises. A l’âge adulte, ces individus issus de la PMA pourraient au contraire être plus susceptibles de développer un surpoids. 

Depuis la première naissance PMA en 1978, on estime à 8 millions le nombre de naissances dans le monde avec des méthodes”, dépeint Marie-Aline Charles, directrice de l’Etude Longitudinale depuis l’Enfance (ELFE), la plus grande étude française sur le développement des enfants. ELFE suit 18.000 bébés nés en 2011, dont 419 (7,5%) par PMA, au travers de tests et questionnaires remplis chaque année par l’enfant ou ses parents. Dans cette nouvelle analyse, les enfants ELFE et EDEN (une seconde cohorte française) font partie des 26 cohortes internationales d’enfants nés par PMA examinées.  

Un peu plus de petits poids et de prématurité avec la PMA 

« Même si dans la plupart des cas l’enfant naît en parfaite santé, il y a tout de même plus de petits poids, soit moins de 2,5 kg, et de prématurité avec la PMA”, affirme Marie-Aline Charles. Des données des pays nordiques comparant bébés nés par conception naturelle et par PMA permettent cependant de relativiser ce sur-risque. En apparence, 13% des naissances par PMA et 3% de conception naturelle sont de petit poids. Mais lorsqu’on ne considère que les différences de poids entre bébés de même fratrie et en tenant compte des naissances multiples (connues pour donner des bébés plus petits) et du rang de naissance (les premiers-nés sont souvent plus petits), cette différence de 10 points (13% vs 3%) diminue pour atteindre 1,5 points seulement. 

Il y a donc bien plus de petits poids après PMA, mais la différence reste modérée. Quant à savoir pourquoi, la réponse est moins claire. Marie-Aline Charles évoque un potentiel effet de la technique elle-même, le fait qu’elles provoquent souvent des grossesses multiples aux bébés plus petits, ou bien les soucis de santé des mères qui ont causé leur infertilité en premier lieu, comme l’obésité. Le type de PMA semble également jouer un rôle, les embryons frais au moment de l’implantation étant plus à risque de petit poids et de prématurité que les embryons congelés. Ces derniers ont un risque augmenté de gros poids à la naissance et également de prématurité par rapport aux bébés conçus naturellement. “Cela pourrait être lié à la quantité d’hormones subsistant chez la mère lors de l’implantation d’un embryon congelé, car elle a subi une stimulation ovarienne il y a peu”, suggère la chercheuse. 

Des bébés plus petits à la naissance, mais qui rattrapent leur retard pendant l’enfance 

Dans cette nouvelle étude, les bébés PMA naissent bien avec 180 g de moins que les bébés conçus naturellement et une masse grasse plus faible. « Mais cette différence s’estompe pendant l’enfance, jusqu’à disparaitre à l’adolescence« , explique Marie-Aline Charles. « Ces différences de croissance sont des conséquences du risque augmenté de prématurité et de petit poids, dont on sait que dans d’autres situations ils donnent lieu à un rattrapage pondéral dans les premiers mois de vie ». En revanche, « ce rattrapage peut entraîner une susceptibilité plus importante à développer un surpoids plus tard« , tempère-t-elle. Les premières données des cohortes comportant les individus les plus âgés semblent d’ailleurs confirmer cette tendance au surpoids chez les naissances par PMA. 

« Ce sont des données rassurantes, car les différences de croissance sont faibles, même s’il faut poursuivre la surveillance« , interprète Marie-Aline Charles. D’autant, ajoute-t-elle, que l’évolution des techniques de fécondation in vitro (FIV) par lesquelles sont réalisées les PMA devraient permettre de réduire cette différence à l’avenir. Une conclusion rassurante, alors que le nombre de naissances par PMA ne cesse d’augmenter. En 2019, 3,7% des naissances furent le produit d’une PMA, contre 2,9% en 2012, d’après l’Ined. 

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