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Alors qu’un tiers des stations essence du pays rencontrent des difficultés d’approvisionnement suite à un mouvement de grève, le gouvernement a lancé la réquisition des salariés d’un deuxième dépôt de carburant près de Dunkerque. TotalEnergies s’est dit prêt à consentir à une hausse de salaire de 6 % pour ses employés français.

Les automobilistes français devront encore faire preuve de patience pour pouvoir faire le plein. Le groupe TotalEnergies, pressé par le gouvernement de débloquer le conflit social en cours dans le secteur pétrolier français, a invité jeudi 13 novembre l’ensemble des organisations syndicales à des négociations salariales sans délai, à partir de 20h00.

La grève se poursuit dans plusieurs dépôts et raffineries en France, où la crainte d’une pénurie d’essence provoque de longues files d’attente d’automobilistes. Le gouvernement a ordonné jeudi une nouvelle réquisition de personnels, cette fois-ci au dépôt TotalEnergies de Dunkerque (Nord).

« Un accord à la hauteur des enjeux »

Les débrayages sont en revanche terminés sur le site Esso de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a confirmé à la mi-journée un représentant de la CGT à Reuters.

« Compte tenu de l’attitude responsable des équipes concernées par la réquisition décidée par le gouvernement pour rétablir les flux de carburants sortant du dépôt de Dunkerque, la direction invite l’ensemble des organisations syndicales représentatives du Socle Social Commun à des négociations salariales collectives ce soir à 20h00 », a fait savoir TotalEnergies dans un communiqué.

La CFDT a déclaré qu’elle participerait à ces négociations « avec ses revendications et sa volonté d’obtenir un accord à la hauteur des enjeux ».

 

TotalEnergies, qui dans un premier temps avait proposé d’avancer à octobre – au lieu de novembre – la négociation annuelle obligatoire sur les salaires, estimait jusqu’à présent que la poursuite des blocages empêchait la tenue de discussions.

Il avait annoncé jeudi matin dans un communiqué consentir le versement d’une prime exceptionnelle représentant un mois de salaire à tous ses salariés dans le monde.

Le groupe pétrolier se dit également disposé à envisager un budget pour les augmentations salariales 2023 sur la base de l’inflation 2022.

La direction du groupe français avait déjà accepté de recevoir mercredi une délégation de la CGT dans le cadre de rencontres bilatérales avec les syndicats représentatifs.

Premières réquisitions

Jeudi matin, le gouvernement avait de nouveau exhorté les deux parties en conflit à la responsabilité, appelant à un « partage de la valeur équitable » par la voix du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

TotalEnergies « doit augmenter les salaires », a-t-il martelé sur RTL. Les services de la Première ministre Elisabeth Borne avaient en outre fait savoir qu’ils comptaient sur une reprise du dialogue « dans les prochaines heures ».

La CGT a annoncé jeudi matin la poursuite de la grève sur cinq sites, dont quatre raffineries.

Évoquant l’inflation élevée et les profits engrangés par TotalEnergies à la faveur de la flambée des cours du pétrole, le syndicat réclame des augmentations immédiates et rétroactives pour 2022.

Les premières réquisitions ont été décrétées mercredi et concernaient quatre employés (deux pour ce mercredi et deux pour jeudi matin) du site de Gravenchon-Port-Jérôme (Seine-Maritime) d’Esso, filiale d’ExxonMobil, autre groupe pétrolier touché par le mouvement de contestation en France.

Jeudi, Matignon a annoncé à la mi-journée avoir demandé au préfet des Hauts-de-France de prendre « un arrêté pour la réquisition des personnels strictement indispensables à la distribution du carburant » au dépôt TotalEnergies de Dunkerque.

Selon un représentant de Force ouvrière (FO), cinq salariés ont été réquisitionnés pour travailler à partir de 14h00 (12h00 GMT) dans ce dépôt.

La CGT a dénoncé ces réquisitions, assimilable à ses yeux à une entrave au droit de grève et Philippe Martinez, son secrétaire général, a annoncé jeudi matin sur BFM TV et RMC qu’un référé avait été déposé à ce sujet.

« L’heure du bras de fer est venue »

Alors que des mouvements de grève affectent également plusieurs centrales nucléaires d’EDF faisant l’objet de travaux de maintenance ainsi que des stockages de gaz d’Engie, le syndicat FNME-CGT (Fédération nationale des mines et de l’énergie) a appelé jeudi dans un communiqué à « l’élargissement de la grève dans toutes les entreprises de l’énergie ».

La CGT devait par ailleurs se prononcer ce jeudi sur un mouvement de grève nationale interprofessionnelle la semaine prochaine.

« Nous allons proposer que dès la semaine prochaine il y ait un nouvel appel à grève et manifestations dans toutes les entreprises publiques comme privées », a déclaré son secrétaire général Philippe Martinez jeudi matin sur BFM TV et RMC.

La journée de mardi semble la plus probable, une manifestation nationale étant déjà prévue de longue date à l’appel de la fédération CGT des cheminots, ainsi qu’une grève nationale à l’appel d’une intersyndicale de l’enseignement public et privé contre le projet de réforme des lycées professionnels.

La FNME-CGT a d’ores et déjà fait part de son intention de participer à « la grève interprofessionnelle à l’appel de la CGT, le 18 octobre ».

« L’heure du bras de fer est venue », a déclaré la députée de Seine-Saint-Denis (LFI) Clémentine Autain sur France 2, alors qu’une « Marche contre la vie chère et l’inaction climatique » est prévue dimanche à Paris à l’appel des partis de gauche, notamment.

Reuters

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