Le sort réservé à l’Institut français de Ouagadougou montre à souhait que le Burkina Faso n’est plus ce qu’il était : le pays des hommes intègres. Des pratiques d’une autre époque y ont en effet été constatées et qui ne peuvent en aucun cas se justifier. Quels que soient les agissements de la puissance coloniale. Et encore !
C’est une véritable scène de désolation que présente l’Institut français de Ouagadougou. «Murs calcinés, vitres brisées, portes défoncées, ordinateurs et livres éparpillés». Voilà comment a été décrit cet édifice «cher au milieu culturel» burkinabè. La raison : la multiplication des manifestations de rue, le 1er octobre, au lendemain du coup d’Etat qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir.
Les manifestants ont saisi l’occasion pour s’attaquer à des bâtiments français. L’Ambassade de France vandalisée de même que les Instituts français à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Ils accusaient la France de protéger le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, évincé par la capitaine Traoré. Et voilà le prétexte brandi pour s’attaquer à l’Institut français, alors que Paris a démenti toute ingérence dans cette affaire.
Lâcher un pays pour un autre qu’on ne connaît pas
Cela n’a pas empêché le saccage, car révèle VOA, «la rue menant à l’Institut français est jonchée de bris de verres, de carcasses d’ordinateurs ou de climatiseurs brûlés». De la pure barbarie qui ne dit pas son nom. Des hommes intègres dont l’attitude a vite fait de se désintégrer au point de réduire en cendres leur propre bien. Car si l’Institut français a été construit, il profitait plus au peuple burkinabè, notamment aux artistes du pays, qu’à quiconque d’autres.
Et même l’Ambassade de France qui a été vandalisée, bref, tout ce qui se dit intérêt français, servait plus au peuple burkinabè qu’aux Français eux-mêmes. Et derrière ce saccage, difficile de ne pas y entrevoir une main étrangère, qui pourrait être celle de la Russie. Comme a souvent accusé Paris, sans être entendue encore moins écoutée. Car ce n’est pas un hasard si des drapeaux russes ont été parfois brandis lors de ces manifestations et la Russie scandée.
Aux Burkinabè particulièrement, aux Africains de façon générale, j’aimerais partager cet adage de mon oncle, un Sénégalais ayant longtemps vécu en Gambie, qui ne cessait de me répéter : «on ne lâche pas un poisson frais qu’on a entre les mains pour tenter d’en attraper un autre qu’on a sous le pied. Car celui qu’on a sous le pied peut s’échapper avant qu’on ne l’attrape, ou même être pourri. Si ce n’est pas qu’on a mis le pied sur un objet qu’on aura pris pour un poisson». Dans tous les cas, on aura perdu.
Espérer que le peuple burkinabè retrouve la raison
Ceci dit, en termes clairs : on ne peut pas lâcher un pays pour un autre qu’on ne connaît pas ou qu’on connait peu. L’Afrique et la France, c’est un peu comme deux personnes qui partagent le même lit. Si l’un chasse l’autre lui reprochant de faire pipi au lit et décide d’en inviter un autre pour lui tenir compagnie, rien n’écarte qu’il se retrouve avec un invité qui, lui, fera tous ses besoins au lit. Et bonjour les dégâts !
Il urge pour les peuples et dirigeants africains de ne pas singer ce qui se fait ailleurs, car si le chemin avec la France, cette puissance coloniale, n’a pas toujours été agréable, il y a eu pourtant de beaux moments. Une belle idylle qu’aucun pays africain ne peut rejeter. L’heure est plutôt à la recherche et au développement des points qui rapprochent la France et l’Afrique et non ceux qui les séparent. Quant au peuple burkinabè, il faudra juste espérer qu’il retrouve la raison, ce qualificatif qui a valu à leur pays d’être surnommé celui des hommes intègres.
afrik