Les trublions français de l’hydrogène s’invitent au Mondial de l’Auto

Sciences et Avenir a parcouru les allées du Mondial de l’Auto qui se tient du 17 au 23 octobre 2022. Entre constructeurs français visant l’électrification et homologues asiatiques ayant déjà tout misé dessus, la voie de l’hydrogène n’a pas dit son dernier mot.

Le grand « Salon de l’Auto » de Paris n’est plus. Déjà, avant la pandémie de Covid-19, la défection de nombreux constructeurs (Alfa Romeo, Fiat, Ford, Nissan, Volkswagen, Volvo, etc.) au Mondial 2018 avait donné un signal. Les plus grands constructeurs voulaient rester maîtres de leur agenda, ne plus investir des millions d’euros pour des salons – en France ou ailleurs – qui ne leur garantissaient plus une visibilité à la hauteur des moyens engagés. La course en avant, afin de toujours plus impressionner, est finie, notamment pour les constructeurs non-français privé du « hall 1 », celui qui accueillait les constructeurs depuis 1962 et le déménagement du Mondial de l’Auto, jadis au Grand Palais.
En 2035, fin de partie pour les véhicules thermiques

Bienvenue en 2022. L’échéance est sur toutes les lèvres : en 2035, plus aucun véhicule thermique neuf ne pourra être vendu. La transition est en marche. Les constructeurs français amorcent le tournant. Peugeot avec la 408 hybride, Renault qui fait revivre R4 et R5 aux parfums électriques, DS qui veut accélérer plus vite encore la marche vers l’électrification, ou encore Alpine, qui présente sa berlinette « rétrofittée » en tout électrique. Face à eux ? Seuls des constructeurs chinois et vietnamien sont présents à Paris. Hybride, hybride rechargeable, tout électrique : voilà le paysage du Mondial de l’auto 2022. 

Mais il est aussi des projets, encore très spéculatifs, qui tentent d’attirer la lumière à eux, vers une voie alternative : l’hydrogène. La « solution hydrogène », Sciences et Avenir en a fait la « une » de son numéro 889 de mars 2021. Production, stockage, distribution, nos lecteurs fidèles n’ignorent rien de ses promesses et de ses limites.

Les trois trublions de l’hydrogène

En déambulant dans les allées du Mondial de l’Auto, force est de constater que dans une ambiance de transition électrique, trois acteurs français jouent les trublions avec cette source d’énergie. Aujourd’hui, en France, seuls le sud-coréen Hyundai (Nexo) et le japonais Toyota (Mirai), proposent des véhicules à hydrogène, avec des ventes confidentielles. Mais tous les deux sont absents du Mondial. La voie est donc libre à ces trois autres visions d’un futur du véhicule à hydrogène.

Alpine

Concept car Alpine Mondial de l\'Auto 2022 Crédit : Mathieu Nowak

Concept car Alpine Mondial de l’Auto 2022. 

Le plus beau « concept-car » du salon est l’Alpenglow. Une supercar tout d’abord vouée à définir les codes de la marque pour les prochaines années. Inspirée des implications du constructeur en compétition – aussi bien aux 24h du Mans qu’en Formule 1 – l’exercice est avant tout esthétique. A priori, pas question de le transposer dans une voiture de route produite industriellement. D’ailleurs, le prototype de berlinette électrique présenté juste à côté repose sur une solution classique de moteur électrique et de batteries. Il n’empêche, pour la première fois, un constructeur français imagine un véhicule bâti autour de la problématique d’intégration d’un réservoir d’hydrogène.

  1. Hopium

Hopium au Mondial de l\'Auto 2022 Crédit : Mathieu Nowak

Hopium au Mondial de l’Auto 2022. 

C’est le stand le plus insolite du Mondial. On ne pourrait faire plus minimaliste. Un sol blanc, une seule estrade, une seule voiture. Une berline, la Machina de Hopium. Elle devrait être entièrement fabriquée en France, à Vernon (Eure), avec deux lignes de production affichant une capacité de 10.000 exemplaires chacune. A la tête du projet, le pilote français Olivier Lombard, qui a conduit un prototype de véhicule à hydrogène aux 24 heures du Mans. Une berline haut de gamme, vendue 120.000 euros, avec la promesse d’une autonomie de 1000 kilomètres, fruit d’une start-up cotée en bourse.

  1. NamX

NamX au Mondial de l\'Auto 2022 Crédit : Mathieu Nowak

Concept car Alpine Mondial de l’Auto 2022. 

Un SUV à l’allure très moderne, dessiné avec Pininfarina, dont le secret se révèle à l’arrière de l’automobile : en plus d’un réservoir à hydrogène intégré au véhicule (500 km d’autonomie), six capsules de recharge. Chacune, d’un poids d’une douzaine de kilogrammes, renferme 500 grammes d’hydrogène. Le constructeur franco-marocain imagine ainsi une nouvelle forme de recharge. D’un côté les rares pompes à hydrogène, de l’autre, des cartouches que l’on pourrait échanger ponctuellement. Que ce soit dans une station-service ou un supermarché. Chacune offrant 50 km d’autonomie supplémentaire. Plus qu’un véhicule, c’est donc un écosystème de recharge universel qu’imagine NamX. 

Effets d’annonce ? Sans doute, tant la commercialisation reste lointaine. Il n’en reste pas moins que ces trois initiatives sont bien les seules au Mondial à proposer une vision différente du futur de l’automobile de celle du tout électrique face auxquelles les constructeurs français sont menacés par leurs homologues chinois (GWM, BYD, Wey) ou vietnamien (Vinfast).

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