A Madagascar, le limogeage, mardi, du ministre des Affaires étrangères suite au vote contre la Russie à l’ONU continue d’interroger. Il est l’occasion de faire le point sur les relations entre les deux pays qui affichent une entente cordiale.
D’après la présidence malgache, le chef de l’Etat a remercié son ministre parce que ce dernier aurait pris seul la décision de voter en faveur de la résolution condamnant les annexions russes en Ukraine. Dans un entretien réalisé par le Monde Afrique avant son limogeage mais paru après son éviction, l’intéressé a pourtant confirmé que le vote « était le choix du gouvernement ». De quoi créer un bel imbroglio dans le pays, et laisser penser à certains que Moscou aurait pu jouer un rôle dans la décision de sanctionner le chef de la diplomatie malgache. Un scénario pourtant peu probable.
En janvier dernier, soit avant le début de l’offensive russe en Ukraine, un accord de coopération militaire est signé entre Tana et Moscou. Il entre en vigueur le 25 mars 2022. Les autorités malgaches restent discrètes sur les termes de celui-ci et le présentent comme « le prolongement d’anciens accords ». Publié au journal officiel russe, on apprend alors qu’il porte entre autres sur le renouvellement de matériel d’armement et sur la formation d’officiers malgaches.
Début avril, l’arrivée d’un nouvel ambassadeur russe sur l’île, très présent sur les réseaux sociaux, marque une nouvelle étape dans les relations bilatérales. Au travers de son diplomate Andrey Andreev, le Kremlin affiche son soutien sans faille dans la reconquête, par les Malgaches, des îles Éparses, aujourd’hui françaises. Durant ses interviews à la presse nationale, l’ambassadeur russe encourage notamment la Grande Île à « achever le processus de décolonisation et établir au plus vite la souveraineté malgache sur [ces] Iles. » « Nous sommes prêts » aime-t-il à répéter, « à contribuer par tous les moyens possibles à un règlement politique de ce différend ».
Par ailleurs, jamais les propositions d’invitations de Malgaches en Russie par le corps diplomatique russe n’ont été aussi nombreuses. Des attitudes et prises de positions offensives complètement assumées.
En revanche, côté économique, la Russie semble absente. A côté de ses concurrents américains, chinois ou européens, qui investissent massivement sur l’île, les Russes ont pour le moment peu de leviers à leur disposition.
Quant à la question de la présence de la milice russe Wagner sur le territoire malgache, aucune preuve aujourd’hui ne permet d’affirmer que les hommes d’Evgueni Prigojine sont sur l’île.
rfi