Des dizaines de bébés morts faute de soins adéquats dans les maternités anglaises

Des dizaines de bébés sont décédés par manque de soins adéquats en Angleterre. Un rapport accablant décrit une série de défaillances, comme des médecins inexpérimentés et des retards à la réanimation.

Des dizaines de bébés morts faute de soins adéquats, une « culture du déni » et la parole des femmes ignorée: un nouveau scandale, le deuxième cette année en Angleterre, a révélé l’ampleur des défaillances dans certaines maternités. Sept mois après un rapport accablant sur des hôpitaux de l’ouest de l’Angleterre, le docteur Bill Kirkup, avec d’autres experts, a rendu ses conclusions sur le cas de 202 personnes, des mères ou des bébés nés entre 2009 et 2020 dans deux grandes maternités du Kent, dans le sud-est de l’Angleterre.

65 morts de nourrissons évitables
Quarante-cinq décès de bébés auraient pu être évités, sur un total de 65, selon son rapport. « Ce qui est arrivé dans l’est du Kent est déplorable et poignant », a déclaré Bill Kirkup lors d’une conférence de presse. « Des morts, des blessures et autres préjudices auraient pu se conclure différemment si les soins avaient été donnés suivant les standards en vigueur au niveau national », a-t-il ajouté. L’enquête a été déclenchée après la mort en novembre 2017 d’Harry Richford, sept jours après sa naissance par césarienne. Un décès causé, selon une enquête, par une série de défaillances, dans la manière dont un médecin « inexpérimenté » a procédé à l’accouchement, suivies de retards dans la réanimation. Sur 17 cas de dommages cérébraux, douze n’auraient pas eu lieu si des traitements adéquats avaient été apportés. Vingt-trois décès ou blessures de mères auraient aussi pu être évités, sur un total de 32.

Bill Kirkup a condamné une culture du « déni » dans ces hôpitaux publics. Un thème a été soulevé à maintes reprises par les victimes, selon le rapport: « l’incapacité du personnel du groupe hospitalier à prendre en compte les femmes lorsqu’elles ont exprimé des préoccupations, lorsqu’elles ont remis en question leurs soins et lorsqu’elles ont contesté les décisions qui ont été prises concernant leurs soins ». Les experts ont constaté « des défaillances flagrantes dans le travail d’équipe » dans ces maternités, avec « un manque de confiance mutuelle », des « énormes égos » chez certains obstétriciens, des « comportements de clique » chez certaines sages-femmes.

Des refus obstinés de césariennes
Un rapport « horrible » sur un « terrible scandale », a tweeté Jeremy Hunt, le nouveau ministre des Finances, qui fut ministre de la Santé entre 2012 et 2018. « La ministre de la Santé a tout mon soutien pour transformer la culture dans les traitements dans les maternités ». Il a remercié Bill Kirkup pour ce « nouveau rapport ». Car c’est la deuxième enquête publiée cette année. Le précédent rapport, en mars, qui concernait des maternités dans l’ouest de l’Angleterre, avait déjà poussé le gouvernement à s’excuser. Il concluait que les décès de plus de 200 bébés en 20 ans, conséquence d’un refus obstiné des césariennes et d’une absence de soins adéquats, auraient pu être évités.

Donna Ockenden, qui a mené cette enquête, a été chargée en mai de mener une autre étude dans la région de Notthingham dans le centre de l’Angleterre, après des plaintes de plusieurs familles. En 2015, un autre rapport, sur des maternités du nord de l’Angleterre avait conclu qu’une série de défaillances avait conduit à la mort de plusieurs bébés, des décès qui auraient aussi pu être évités. Bill Kirkup était déjà l’auteur du rapport de 2015. « Quand j’ai fait ce rapport (…) je n’imaginais pas un instant que je serais là sept ans plus tard » pour parler du même sujet, a-t-il dit. « Cela ne peut pas continuer. (…) Nous ne pouvons pas simplement faire comme si c’était la dernière fois que cela arrivait ».

« Mon fils ne sera plus jamais avec moi »
Tracey Fletcher, la responsable du groupe hospitalier visé par le rapport, a présenté ses excuses, tout comme la ministre de la Santé, Caroline Johnson. « Je ne serai jamais capable de pardonner », a réagi sur la BBC Bex Walton, dont le fils Tommy est décédé en 2020. « Ce qu’ils font maintenant ne suffira pas car mon fils ne sera plus jamais avec moi ». Beaucoup reste à faire dans toute l’Angleterre. Selon des chiffres publiés mercredi dans le Daily Telegraph, le nombre de réclamations pour des défaillances dans des maternités a augmenté de 25% en deux ans. En 2021-2022, il y en a eu 1.243 contre 1.015 en 2019-2020. Il y a environ 600.000 naissances par an en Angleterre.

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