Le James Webb vient de capturer la plus belle image de sa carrière

Lorsque le James Webb Space Telescope était encore confiné dans les laboratoires de la NASA et bien loin d’entrer en fonction, les spécialistes salivaient déjà à l’idée de poser les yeux sur ses superbes photos. Ils étaient particulièrement impatients de découvrir ses images de certaines régions célèbres du ciel ; on peut par exemple citer la nébuleuse d’Orion, dont l’astrophysicien Olivier Berné nous a récemment raconté l’observation (voir notre interview). Aujourd’hui, c’est une autre photo parmi les plus attendues qui vient de tomber : voici les Pilliers de la Création, édition JWST.

Cette structure de la nébuleuse de l’Aigle, photographiée pour la première fois par ce bon vieux Hubble en 1995, est l’une des plus iconiques de la voûte céleste. Elle est constituée de gigantesques tours de gaz et de poussière qui dominent un somptueux panorama constellé d’étoiles. Certains y voient aussi une sorte de main tendue, comme si elle cherchait désespérément à saisir un objet lointain.

En plus de ses qualités esthétiques évidentes, cette zone a rapidement suscité l’intérêt des chercheurs à cause de son intérêt scientifique. Comme leur nom l’indique, les Piliers de la Création sont des usines à étoiles de première catégorie ; au cœur de ces pouponnières stellaires, le gaz et la poussière se livrent à un ballet mystérieux qui aboutit à la formation de nombreux astres.

Ces régions regorgent d’informations inestimables pour les spécialistes. Le souci, c’est que ces nuages si intéressants sont aussi quasiment opaques. Les télescopes traditionnels, comme Hubble, sont plus ou moins incapables de déterminer ce qui se trame au milieu de ces colonnes.

Une comparaison des photos des Piliers de la Création vus par Hubble (

C’est précisément pour cette raison que le JWST a été conçu ; grâce à sa capacité à observer dans l’infrarouge et ses performances exceptionnelles, il peut capturer des détails auxquels aucun autre télescope n’a jamais eu accès. Et c’est exactement ce qu’il vient de faire avec les Piliers de la Création.

Un nouveau regard sur un morceau de ciel iconique

Pour la première fois, nous pouvons découvrir le cœur de ces immenses structures. Il était presque invisible sur les images rapportées par Hubble. Les astronomes pourront exploiter ces observations pour affiner leurs modèles. Ils chercheront notamment à identifier des étoiles individuelles avec une précision tout simplement inconcevable auparavant.

Mais surtout, on distingue de nombreux nœuds plus denses que le reste des nuages. Dans ces zones, la matière s’accumule jusqu’à atteindre une masse critique ; à ce stade, le nœud s’écroule sous l’influence de sa propre force gravitationnelle, donnant ainsi naissance à une toute nouvelle étoile.

Ces objets jouent aussi un rôle dans la structure des piliers. Aux extrémités, on distingue des lignes ondulées qui ressembleraient presque à des jets de lave lors d’une éruption volcanique. Il s’agit en fait d’une conséquence des jets de matière catapultés à très grande vitesse par les astres juvéniles. En se déplaçant, ils génèrent des turbulences importantes, d’où ces structures en forme de vaguelettes.

 

Le halo orangé qui apparaît en haut des deuxièmes et troisièmes piliers est produit par des molécules d’hydrogène surchauffées; elles sont elles-mêmes produites lors de l’interaction entre les jets et le nuage avoisinant.

Les chercheurs vont désormais exploiter ces images dans l’espoir d’en tirer des données déterminantes; elles leur permettront d’améliorer leur connaissances sur le cycle de vie des étoiles, des nébuleuses, et des galaxies. Le quoi faire de grands progrès dans notre compréhension globale du monde qui nous entoure.

En attendant, cette image mérite une place d’honneur dans l’album photo déjà bien garni du Webb. Comme Orion, Stephan’s Quintet ou encore la nébuleuse de la Tarentule, c’est le genre d’observation à la fois inestimable pour les chercheurs et fascinante pour les amateurs ; et cette liste va encore continuer d’enfler, pour le plus grand plaisir des amoureux du cosmos.

 NASA

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