Après les drones, l’Iran pourrait fournir des missiles balistiques à la Russie

Selon des informations publiées dimanche par le Washington Post, l’Iran se prépare à livrer des missiles de courte portée à la Russie, ainsi que de nouveaux drones kamikazes qui ont fait leur apparition depuis un mois dans le conflit ukrainien. Washington a, de son côté, menacé de sanctionner les entreprises ou les États collaborant au programme de drones de l’Iran.

Après les drones kamikazes, l’aide militaire iranienne à la Russie est-elle en train de franchir un nouveau cap ? Selon plusieurs hauts responsables américains et alliés des États-Unis, Téhéran pourrait bientôt fournir des missiles balistiques à Moscou, rapporte dimanche 16 octobre le Washington Post, une première depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.

Cette livraison comprendrait des missiles de courte portée Fateh-110 et Zolfaghar, capables de frapper des cibles situées à respectivement 300 et 700 km.

Selon les experts militaires, ces projectiles sont à la fois puissants et relativement précis à courte distance. Certains modèles s’accompagnent d’un guidage électro-optique permettant à l’opérateur de diriger le missile juste avant qu’il n’atteigne sa cible.

 

Moscou aurait également commandé des « dizaines » de drones Mohajer-6 supplémentaires et un nombre encore plus élevé de Shahed-136, des engins kamikazes qui ont frappé, lundi matin, la capitale ukrainienne.

Malgré les dénégations outrées de Téhéran, les preuves de la présence de ces bombes volantes sur le théâtre ukrainien s’accumulent. Selon Kiev, ces drones d’attaque iraniens ont notamment été utilisés en masse la semaine dernière pour viser les installations énergétiques du pays, en plus des frappes de missiles russes.

Washington a menacé, lundi, de sanctionner les entreprises ou les États participant au programme de drones de l’Iran, après ces récentes frappes. « Toute personne exerçant des activités avec l’Iran en lien avec le développement de drones ou missiles balistiques, ou [participant à] la circulation d’armes de l’Iran vers la Russie devrait faire preuve de vigilance », a déclaré Vedant Patel, porte-parole du département d’État.

Le porte-parole du département d’État a par ailleurs estimé que les livraisons de drones à Moscou violaient la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU qui validait le JCPOA, l’accord (de Vienne) de 2015 conclu entre les grandes puissances et Téhéran pour brider le programme nucléaire iranien, en échange d’une levée des sanctions internationales.

Un arsenal iranien varié et étoffé

Signe que l’Iran se prépare à jouer un rôle grandissant dans le conflit, Téhéran a envoyé fin septembre plusieurs hauts responsables en Russie pour négocier ce nouvel afflux d’armement, assure le Washington Post.

Pierre angulaire de sa politique régionale, Téhéran possède l’un des arsenaux les plus variés et les plus avancés du Moyen-Orient. Selon l’International Institute for Strategic Studies (IISS), les Gardiens de la révolution peuvent compter sur une vingtaine de types de missiles balistiques, ainsi que des missiles de croisière. 

D’après cet institut de recherche britannique en relations internationales, la priorité en matière d’armement pour l’Iran est désormais la précision de ses projectiles. En février, les Gardiens de la révolution avaient annoncé la création de Kheybarchékan, un missile de moyenne portée, capable d' »atteindre des cibles dans un rayon de 1 450 km ». 

Les progrès spectaculaires de Téhéran dans ce domaine inquiètent tout particulièrement la communauté internationale. D’autant que le pays transfère généreusement son savoir-faire aux groupes armés qu’il soutient : rebelles houthis au Yémen, milices chiites en Irak ou encore Hezbollah libanais.

Des stocks de missiles russes qui s’épuisent

S’il est finalisé, cet achat de missiles iraniens vient confirmer ce que les experts occidentaux avancent depuis plusieurs mois : avec 3 000 projectiles lancés contre le territoire ukrainien depuis le 24 février, les stocks de missiles modernes (Kh-101 ou Kalibr) de la Russie sont arrivés à un seuil critique.

L’armée russe a notamment tiré des missiles depuis des batteries antiaériennes S-300 ou S-400 pour frapper des objectifs au sol, un usage impropre révélateur des difficultés du Kremlin à maintenir l’effort de guerre après huit mois d’engagement.

Affaiblie par les sanctions occidentales qui l’empêchent de s’approvisionner en composants électroniques, l’industrie russe de l’armement est également dans l’impossibilité de fabriquer des projectiles sophistiqués en nombre suffisant. En conséquence, la Russie s’est tournée vers des pays comme l’Iran ou la Corée du Nord.

Alors que la Russie ne parvient pas à imposer sa supériorité aérienne en Ukraine, ces missiles iraniens pourraient s’avérer des atouts de taille dans les prochains mois. De son côté, l’Occident a récemment promis d’accélérer la livraison de systèmes de défense anti-aérienne modernes. Les Iris-T allemands sont arrivés en Ukraine le 11 octobre et les Nasams américains seront déployés au cours des prochains mois. Ce dernier, fabriqué par le constructeur américain Raytheon et le norvégien Kongsberg, peut intercepter n’importe quel engin volant dans un rayon d’environ 25 km. 

Les lignes bougent en Israël

L’Ukraine pourra-t-elle également compter un jour sur de l’armement israélien ? Jusqu’ici, l’État hébreu s’est montré réticent à livrer des armes à l’Ukraine malgré les supplications de Kiev, se contentant d’envoyer de l’aide humanitaire et du matériel non létal.

 

Le pays cherche à ménager la Russie depuis le début du conflit, notamment pour préserver sa capacité à mener des frappes aériennes en Syrie. Mais l’implication en Ukraine de l’Iran, l’ennemi juré d’Israël, semble faire bouger des lignes.

 « Il n’y a plus de doute sur la position d’Israël dans ce conflit sanglant. Le temps est venu pour l’Ukraine de recevoir, elle aussi, une aide militaire « , a notamment écrit sur Twitter le ministre de la Diaspora Nachman Shai.

Interrogé sur ces déclarations, une porte-parole du Premier ministre israélien Yaïr Lapid, a déclaré de son côté à l’AFP que son cabinet ne commenterait pas les propos de l’ancien président russe.

AFP

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