Battu début septembre par Liz Truss, le conservateur Rishi Sunak semble tout près de Downing Street après le retrait de la course de Boris Johnson. Une victoire ferait de lui le premier chef de gouvernement non-blanc du Royaume-Uni.
Sans son ancien patron face à lui, et avec une autre candidate, Penny Mordaunt, distancée en termes de parrainages, Rishi Sunak, ancien ministre des Finances de 42 ans, a toutes les chances pour être désigné Premier ministre dès lundi.
Après la démission de Liz Truss jeudi au bout de 44 jours en poste, Rishi Sunak est revenu sur le devant de la scène avec une crédibilité au plus haut.
Liz Truss qui avait gagné début septembre face à Rishi Sunak a été emportée par sa politique budgétaire qui a mis le feu au marché et son impopularité. Or Rishi Sunak avait bien prévenu les conservateurs durant la campagne cet été que le programme de Truss relevait du « conte de fée » et que ses réductions massives d’impôts entraîneraient une hausse des coûts d’emprunt.
Pour ses partisans, le message de M. Sunak, lors de la précédente campagne pour Downing Street, sur la nécessité de faire preuve de prudence économique pour lutter contre l’inflation, a montré qu’il est l’homme de la situation. Sa prudence budgétaire, à cause de laquelle il a été jugé trop centriste et trop lisse, rassure désormais.
L’été dernier déjà, ce conservateur, petit-fils d’immigrés indiens, était le candidat préféré des députés « tories ».
Mais il a été souvent accusé d’être un technocrate déconnecté de la population. Et face à Liz Truss, il a payé pour avoir claqué la porte du gouvernement Johnson début juillet, suivi ensuite par une soixantaine de collègues. Il a été accusé par une partie de la base d’avoir trahi Boris Johnson, avec lequel il est resté à couteaux tirés.
Parcours de l’élite
Rishi Sunak a été élu député du Yorkshire (nord de l’Angleterre) en 2015. A peine cinq ans plus tard, il accède à 39 ans au poste très convoité de ministre des Finances, peu avant le début de la pandémie.
Ce partisan du Brexit de la première heure a gagné en popularité en distribuant des milliards de livres d’aides publiques pendant la pandémie de Covid-19.
Mais sa fortune, amassée lors de sa carrière dans la finance et via son mariage avec Akshata Murty, fille d’un multimilliardaire indien, indispose parfois, alors que les Britanniques se serrent la ceinture.
Face à ces critiques, ce fan de la saga Star Wars raconte volontiers son histoire familiale, une success story comme les conservateurs les aiment.
Né le 12 mai 1980 à Southampton, sur la côte sud de l’Angleterre, Rishi Sunak est l’aîné de trois enfants et le fils d’un médecin généraliste du système de santé public et d’une pharmacienne. Nés en Inde ou d’origine indienne, ses grands-parents ont émigré d’Afrique orientale vers le Royaume-Uni dans les années 1960.
« Ma famille a émigré ici il y 60 ans. (Ma mère) tenait la pharmacie locale de Southampton. C’est là que j’ai grandi, dans la boutique, livrant les médicaments. J’ai travaillé comme serveur au restaurant indien au bout de la rue », a-t-il raconté lors de la dernière campagne pour le leadership. « Je suis ici grâce au dur labeur, au sacrifice et à l’amour de mes parents ».
Rishi Sunak a cependant très vite accédé à l’élite en fréquentant le Winchester College, un très chic pensionnat pour garçons. Il a ensuite étudié la politique, la philosophie et l’économie dans les prestigieuses universités d’Oxford, en Angleterre, et de Stanford, aux Etats-Unis.
Avant d’entrer en politique, il a travaillé dans la finance, en particulier chez Goldman Sachs, et fondé sa propre société d’investissement.
Ce père de deux filles a prêté serment sur la Bhagavad Gita, un texte sanskrit considéré comme l’un des écrits fondamentaux de l’hindouisme, quand il a été élu député en 2015.
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