Royaume-Uni : après le retrait de Boris Johnson, Rishi Sunak aux portes de Downing Street

Battu début septembre par Liz Truss, le conservateur Rishi Sunak semble tout près de Downing Street après le retrait de la course de Boris Johnson. Une victoire ferait de lui le premier chef de gouvernement du Royaume-Uni issu de l’immigration. 

Rishi Sunak sera-t-il seul à dépasser le seuil des 100 parrainages de députés conservateurs requis dans la course, synonyme de couronnement immédiat ? Le couperet doit tomber peu après 14 h locales (13 h GMT). Et à mesure qu’approche l’échéance, le camp de Penny Mordaunt, seule autre candidate déclarée, revendique avoir rassemblé 90 soutiens – contre une trentaine de soutiens connus selon les médias – et appelle les députés conservateurs à se rallier à elle, afin que les adhérents aient « leur mot à dire ».

En effet, c’est seulement si deux candidats sont en lice que les 170 000 adhérents du parti conservateurs seront consultés pour choisir d’ici à vendredi le prochain chef du gouvernement.

Boris Johnson, dont la candidature divisait profondément son parti, a affirmé dimanche soir dans un communiqué qu’il avait les 100 soutiens nécessaires pour se présenter, mais qu’il y avait renoncé, en raison des divisions dans la formation de droite. « Ces derniers jours, je suis arrivé à la triste conclusion que ce ne serait simplement pas la bonne chose à faire. Vous ne pouvez pas gouverner efficacement si vous n’avez pas un parti uni au Parlement » a expliqué l’ancien chef de gouvernement, qui avait quitté Downing Street début septembre, après une succession de scandales.

Son renoncement a ouvert la voie à la victoire de Rishi Sunak, 42 ans, candidat malheureux cet été contre Liz Truss, Première ministre éphémère, qui a démissionné après seulement 44 jours au pouvoir, victime de la tempête financière provoquée par ses projets de baisses d’impôts massives. 

Petit-fils d’immigrés d’origine indienne au parcours de l’élite britannique, Rishi Sunak, richissime ancien banquier, serait alors le premier non-Blanc à diriger le gouvernement britannique.

Il avait annoncé sa candidature dimanche, à l’issue d’un intense week-end de tractations. « Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays », a-t-il déclaré sur Twitter, promettant dans un tacle à Boris Johnson « intégrité, professionnalisme et responsabilité ».

Il continue, lundi, à engranger les soutiens, notamment de fidèles de Boris Johnson, comme l’ex-ministre de l’Intérieur Priti Patel, et est soutenu par plus de la moitié des 357 députés « tories », selon les médias.

« J’aurais eu une bonne chance »

Boris Johnson s’est tout de même dit convaincu qu’il aurait eu, s’il avait choisi d’être candidat, « une bonne chance (…) de retourner à Downing Street », dont il avait démissionné en juillet, poussé dehors par des dizaines de démissions dans son gouvernement, dont celle de Rishi Sunak. Il s’est dit aussi « bien placé » pour mener son camp lors des prochaines législatives prévues dans deux ans.

Même s’ils ne le soutiennent pas, de nombreux députés conservateurs ont pris soin de professer leur affection pour Boris Johnson, éternel optimiste qui reste populaire auprès de la base du parti. Mais pour beaucoup, y compris dans son camp, il est trop controversé pour revenir au pouvoir. D’autant qu’il fait toujours l’objet d’une enquête parlementaire, qui doit démarrer prochainement, pour établir s’il a menti au parlement sur le « partygate », ces fêtes illégales à Downing Street durant le confinement anti-Covid.

Rishi Sunak, gardien de l’orthodoxie budgétaire et bourreau de travail, leur apparaît comme un meilleur choix alors que le pays traverse une grave crise économique et sociale, encore aggravée par les errements calamiteux de Liz Truss qui ont déstabilisé les marchés et fait chuter la livre. L’ancien ministre des Finances avait d’ailleurs régulièrement dénoncé cet été le plan économique de Liz Truss.

AFP

You may like