Le tout nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak va s’adresser pour la première fois au Parlement mercredi, face à une opposition travailliste au plus haut dans les sondages qui réclame des élections anticipées dans un pays en pleine crise économique et politique.
Pour la première fois, un chef de gouvernement non-blanc, hindou et originaire d’une ancienne colonie anglaise, le plus jeune de l’histoire récente, fera face à la mi-journée aux députés de la chambre des Communes, lors de la traditionnelle séance de questions au Premier ministre, souvent très animée.
Le chef du Labour Keir Starmer l’a félicité mardi sur Twitter, mais sans ménagement: les Britanniques « ont besoin d’un nouveau départ et de s’exprimer sur l’avenir » du pays, a-t-il écrit.
L’opposition travailliste, largement en tête dans les sondages, réclame quasiment tous les jours ces élections générales anticipées, sans attendre 2024, dénonçant la politique des conservateurs qui « ont mis en pièces l’économie ».
Rishi Sunak, seul candidat officiel après la démission de Liz Truss la semaine dernière, a pris ses fonctions après avoir été choisi lundi en quelques heures par le parti conservateur, sans avoir prononcé un mot en public et sans que les membres du parti ne soient consultés.
Cet été, ces derniers avaient préféré Liz Truss au richissime ex-ministre des Finances, qui en pleine crise du coût de la vie, avec une inflation à 10%, appelait à la prudence budgétaire et dénonçait les « contes de fée » de sa rivale.
Devenu mardi le troisième Premier ministre britannique en moins de 50 jours et le sixième depuis le Brexit en 2016, Rishi Sunak a toutefois exclu des élections anticipées que les conservateurs, depuis 12 ans au pouvoir, seraient assurés de perdre.
Selon un sondage Ipsos publié lundi, 62% des électeurs souhaitent un tel scrutin avant la fin 2022.
Nouveau gouvernement
Après avoir rencontré le roi Charles III qui l’a chargé de former un gouvernement, Rishi Sunak a annoncé mardi des « décisions difficiles » face à la crise économique et a promis de « réparer » les « erreurs » de Liz Truss, qui avait démissionné après 44 jours au pouvoir.
« Sunak et sa femme s’assoient sur une fortune de 730.000.000 de livres. C’est deux fois la fortune estimée du roi Charles III. Ayez ça en tête quand il parle de prendre des +décisions difficiles+ », a taclé la députée travailliste Nadia Whittome.
Partisan d’une réduction des dépenses pour freiner l’inflation, plutôt que d’un recours à la dette pour soutenir les ménages – politique privilégiée par Liz Truss, Rishi Sunak a reconduit à son poste le ministre des Finances Jeremy Hunt qui depuis sa nomination en catastrophe mi-octobre a ramené un semblant de calme sur les marchés.
Il doit présenter de nouvelles mesures budgétaires le 31 octobre.
Retour de Raab
Rishi Sunak cherche à rassembler des députés conservateurs très divisés après 12 ans au pouvoir. Il a réussi à glaner les soutiens d’anciens fidèles de Boris Johnson pour être élu alors que certains l’avaient pourtant accusé de trahison en juillet quand sa démission du ministère des Finances, suivie d’une soixantaine d’autres, avait abouti au départ de « BoJo ».
Dominic Raab – proche allié de M. Sunak – a quant à lui retrouvé son rôle de vice-Premier ministre et ministre de la Justice qu’il avait dû abandonner après la démission de Boris Johnson.
Suella Braverman, nommée en septembre ministre de l’Intérieur par Liz Truss et qui avait claqué la porte la semaine dernière, retrouve elle aussi son poste. Influente dans l’aile droite du parti, elle a une position très dure sur l’immigration.
En pleine guerre en Ukraine, les ministres de la Défense Ben Wallace et des Affaires étrangères James Cleverly ont également conservé leur portefeuille.
Pour son premier appel à un dirigeant étranger, Rishi Sunak s’est d’ailleurs entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky mardi soir et lui a assuré du « soutien inébranlable » du Royaume-Uni face à l’invasion russe. Il a aussi échangé par téléphone avec le président américain Joe Biden.
AFP