Mali : les États-Unis dénoncent une dégradation sécuritaire depuis l’arrivée de Wagner

« Le terrorisme a empiré de façon considérable » depuis l’arrivée du groupe Wagner au Mali, a affirmé lors d’une visioconférence, mercredi, la sous-secrétaire d’État américaine, de retour d’un déplacement au Sahel, où les États-Unis sont engagés militairement.

Les États-Unis considèrent que la sécurité s’est considérablement détériorée au Mali depuis que la junte a fait appel, selon eux, aux mercenaires de la société russe Wagner, dont la présence limite fortement l’action antijihadiste américaine, a dit, mercredi 26 octobre, une haute responsable du gouvernement américain.

« La junte malienne a fait venir Wagner et le terrorisme a empiré de façon considérable », a déclaré lors d’une visioconférence la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland, de retour d’un déplacement au Sahel, y compris au Mali, entre le 16 et le 20 octobre. Elle a fait état d’une augmentation d’environ 30 % des actes terroristes au cours des six derniers mois.

Ces propos contredisent ceux des militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 dans ce pays secoué depuis 2012 par la violence et le jihadisme. Les autorités maliennes se sont détournées depuis un an de l’allié français et de ses partenaires, et tournées vers la Russie. Elles répètent avoir inversé la tendance sécuritaire et avoir mis en débandade les groupes jihadistes.

Les États-Unis, la France et les Occidentaux accusent la junte de s’être adjoint les services de la société de sécurité Wagner, aux agissements décriés. Les autorités maliennes démentent et parlent de coopération avec l’armée russe au nom d’une relation ancienne d’État à État.

Victoria Nuland a indiqué avoir fait part des préoccupations américaines au gouvernement malien lors de sa visite.

« Ce gouvernement intérimaire a fait de très mauvais choix en faisant venir Wagner et en les associant à son dispositif sécuritaire, et nous en voyons les résultats avec une violence et des actes de terrorisme en augmentation et les forces des Nations unies poussées vers la sortie », a-t-elle dit.

Les voisins du Mali également « très inquiets » de la présence de Wagner

Elle a accusé Wagner de faire pression sur le Mali pour qu’il limite les opérations de la mission de paix de l’ONU (Minusma), limitations dont s’est plainte la Minusma elle-même. La sous-secrétaire d’État américaine s’est aussi fait l’écho des nombreuses accusations d’abus commis par les hommes de Wagner contre les populations civiles.

Les pays voisins sont également « très inquiets » de la présence de Wagner au Mali, a-t-elle déclaré en citant la Mauritanie où elle s’est également rendue et qu’elle a décrite comme un « îlot de stabilité dans un voisinage très, très âpre ».

Les États-Unis sont engagés militairement au Sahel. Ils fournissaient un soutien en logistique et en renseignement à la force antijihadiste française Barkhane au Mali avant que celle-ci ne soit poussée vers la sortie cette année. Victoria Nuland a assuré que les Américains continuaient à collaborer très étroitement avec les Français au Sahel après le redéploiement de ces derniers.

Mais « la faculté des États-Unis à aider le Mali sur le front sécuritaire est fortement restreinte », à cause des lois américaines sur la coopération avec des gouvernements non-élus, « et encore plus maintenant par le choix qu’a fait le Mali d’être de mèche avec Wagner », a-t-elle dit. Les programmes civils sont aussi affectés, a-t-elle dit.

Victoria Nuland s’est aussi rendue au Burkina Faso et y a rencontré le nouvel homme fort, le capitaine Ibrahim Traoré. « Il a dit sans équivoque que c’était aux Burkinabè de défendre la sécurité de leur pays et qu’ils n’avaient aucune intention de faire venir Wagner », a-t-elle déclaré.

AFP

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