L’armée russe a subi de lourds dégâts matériels depuis le début du conflit, et doit mettre la main sur des composants électroniques. L’Arménie et le Kazakhstan moissonnent notamment des réfrigérateurs.
Des pièces de lave-vaisselles ou de réfrigérateurs pour réparer des chars: selon une enquête de Bloomberg, la Russie aurait fait d’équipements des plus basiques ses réservoirs pour reconstituer ses armes détruites depuis le début de l’invasion en Ukraine.
Indice de cette stratégie surprenante: des flux d’importations depuis l’Europe inhabituels dans les pays limitrophes de la Russie, soupçonnés de l’appuyer dans son effort de guerre.
L’Arménie s’est ainsi découverte une passion pour les machines à laver européennes, au point d’en acheter autant ces huit derniers mois que sur les deux années précédentes. Le Kazakhstan a vu de son côté ses importations de tire-lait augmenter de 633% sur le premier semestre 2022, par rapport à la même période en 2021. Sans que ses besoins ne le justifient: le taux de natalité s’est effondré de 8,4% en un an.
Union économique eurasiatique
Dans le même temps, les importations de la Russie depuis le Kazakhstan augmentent: elle a récupéré pour 7,5 millions de dollars de machines à laver, alors qu’Astana ne lui avait envoyé aucun produit de ce type ces deux dernières années. La demande russe en tire-lait auprès du pays a aussi triplé.
Il demeure probable que les pays voisins de la Russie profitent des sanctions occidentales pour vendre plus qu’à l’accoutumée. L’Arménie comme le Kazakhstan ne sont pas visés par l’Union Européenne, et appartiennent à l’Union économique eurasiatique, qui leur permet d’échanger sans frais via une union douanière et un marché commun. L’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan et le Kirghizistan en font partie; le Tadjikistan est candidat, quand Moscou se verrait bien intégrer la Moldavie.
L’emploi fait par la Russie de ces équipements ne fait en outre plus vraiment doute: Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, affirmait déjà il y a un mois que des pièces issues de lave-vaisselles avaient des fins militaires. En Ukraine, de multiples observateurs ont constaté les vols systématiques de matériel de ce type par les troupes de Vladimir Poutine.
Pénurie de semi-conducteurs
Principal intérêt de l’électroménager: les puces qu’ils contiennent. Leurs semi-conducteurs ne sont fabriqués que dans une poignée de pays – dont Taïwan et les Etats-Unis – et les exportations américaines de ce type de produits a été drastiquement réduit avec l’invasion de l’Ukraine, de 70% environ dès les premières semaines de conflit.
L’une des choses que j’ai pu faire avec les activités russes, et je ne m’en cache pas, c’est réduire leur capacité à accéder à certains de ces matériaux », décrivait le président américain, Joe Biden, dans une prise de parole la semaine passée à la Maison Blanche.
Les puces entrent dans la fabrication de toutes les armes, de par leur omniprésence dans les circuits électroniques. En août, une étude montrait que sur 27 systèmes de défense russe utilisés en Ukraine, la grande majorité des 450 composants électroniques trouvés était de fabrication américaine ou européenne. La Chine demeurant, de son côté, très réticente a fournir ces matériaux coûteux et dont la production est placée sous haute tension par une forte demande mondiale.
Reste que pour éviter le contournement des sanctions, l’Union Européenne estime pouvoir surveiller les flux en récupérant des débris d’armes russes, et en identifiant les pièces issues de biens de consommation. Mais elle ne pourra que difficilement répondre par des sanctions, malgré s’être doté récemment des moyens juridiques de pénaliser un Etat qui aiderait la Russie.
bmftv
