La bactérie « mangeuse de chair » attaque la Floride

Avec le réchauffement, les évènements climatiques extrêmes se multiplient. Et provoquent des flambées épidémiques, notamment causées par les bactéries. Une équipe de chercheurs a établi des prévisions pour les années à venir de l’une des plus préoccupantes.

En septembre 2022, l’ouragan Ian a ravagé la côte sud de la Floride, inondant les maisons, les égouts et les fosses septiques. A elles seules, les pluies et bourrasques torrentielles ont causé la mort de plus d’une centaine de personnes. Un malheur n’arrivant jamais seul, cet épisode climatique dévastateur a entrainé avec lui une contamination massive par la bactérie Vibrio vulnificus qui prospère dans les eaux chaudes et saumâtres. 

La bactérie qui peut, dans des cas extrêmes, conduire à des amputations
Une équipe de chercheurs américains a tenté pour la première fois d’évaluer les impacts économiques et sanitaires d’une bactérie attisée par les changements climatiques. Leurs conclusions et prévisions pour les années à venir sont publiées dans le journal Environmental Health Perspectives, et elles sont loin d’être encourageantes…

Vibrio vulnificus provoque normalement des symptômes divers : vomissements, diarrhée, fièvre, sans grande gravité. La principale source de contamination provient de la consommation de fruits de mer mal préparés. Mais, si elle est surnommée la bactérie “mangeuse de chair“ c’est que dans les cas extrêmes, chez les personnes immunodéprimées ou souffrant d’une maladie du foie, le pathogène peut détruire très vite, en quelques heures, les cellules de l’épiderme, endommager les organes internes et conduire à des amputations. Chaque année, une centaine d’Américains décèdent de la vibriose.

Lors du passage de Ian, 28 personnes ont été infectées et 7 en sont mortes. Et, le pire reste à venir, prévoient les analystes américains : les ouragans gagnent en intensité au fil des années. Tout comme les inondations massives. En plus de l’augmentation de la température des eaux océaniques, le changement climatique fournit à la bactérie des conditions idéales pour proliférer toujours plus.

Une hausse de 50 à 100% des cas d’infections par les bactéries du genre Vibrio
D’ici à 2090, les auteurs de l’étude prévoient une augmentation de 50 à 100% des cas d’infections par les bactéries du genre Vibrio. Sans oublier, précisent-ils, qu’une prolifération des Vibrio ainsi que d’autres bactéries fournit un bouillon de culture idéal pour permettre un échange de gènes entre espèces conduisant à des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Après le passage de Ian, les cas d’infections ont heureusement baissé. Mais, les scientifiques s’inquiètent des futurs épisodes épidémiques. Avec la montée des eaux et l’élévation des températures à la surface du globe, ils s’attendent à une migration massive vers le nord des Vibrio. Déjà en 2014, en Scandinavie, 90 personnes ont été infectées…

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