Sclérose en plaques : traiter précocement, même sans signes ?

Une première étude internationale menée dans un petit groupe de patients dit RIS (syndrome radiologique isolé) et sans signes cliniques de sclérose en plaques défend l’intérêt d’un traitement précoce. Un concept qui ne fait toutefois pas encore l’unanimité.

Une première. Les résultats de l’étude ARISE présentés en toute fin du 38econgrès européen Ectrims, entièrement consacré à la sclérose en plaque (SEP) et qui se déroulait à Amsterdam du 26 au 28 octobre, sont en effet les premiers du genre.

Une découverte fortuite d’anomalies chez certains patients
Dévoilés à la toute dernière minute à la fin du congrès, ils démontrent qu’un traitement précoce par le fumarate de diméthyle (Tecfidera, Biogen) chez des personnes ne présentant aucun signe clinique mais uniquement des anomalies radiologiques à l’IRM, permet, dans ce groupe très particulier dit RIS (syndrome radiologique isolé), de réduire de manière significative le risque de présenter les signes cliniques d’un premier événement de démyélinisation.

Les RIS sont en fait une entité récente définie en 2009 par le Pr Darin Okuda, neurologue à l’Université du Texas Southwestern Medical Center (Etats-Unis). Ils concernent le plus souvent des patients chez qui, face à des signes par exemple évocateurs de migraines, une IRM est prescrite et dont l’analyse des clichés révèle de manière fortuite des anomalies (dites de signal T2) évocatrices d’une pathologie démyélinisante pouvant faire craindre une SEP en devenir. C’est d’ailleurs ce même Pr Okuda qui vient de coordonner Arise, le premier essai du genre.

Une approche qui ne fait pas l’unanimité
Selon les chiffres présentés à l’Ectrims, l’administration de ce traitement, un immunomodulateur à action anti-inflammatoire, permettrait de modifier l’évolution de la maladie. L’essai, multicentrique et randomisé, a inclus 87 patients qui répondaient aux critères du RIS et qui ont été tirés au sort. 44 ont reçu du fumarate de diméthyle par voie orale (240 mg deux fois par jour), les 43 autres un placebo. L’étude a duré au total 96 semaines et une diminution significative de 80 % a été identifiée dans le groupe traité en comparaison du groupe placebo. « Nos résultats soutiennent le concept de traitement et d’intervention précoces face au RIS », a déclaré le Pr Okuda face aux congressistes. Mais cette approche thérapeutique active ne fait pas encore l’unanimité dans la communauté des neurologues.

Pour preuve : la veille de la présentation de ces résultats, une autre session opposait justement deux spécialistes aux idées radicalement opposées. D’un côté du ring, le Dr Christine Lebrun-Fresnay (Nice) qui a aussi participé à l’essai du Pr Okuda et qui plaidait pour le traitement précoce des RIS. De l’autre, le Dr Ide Smets (ErasMS, Rotterdam), elle partisane d’une abstention thérapeutique.

« Nous avons tous envie de traiter nos patients le plus tôt possible pour ralentir la progression vers le handicap, défendait alors le Dr Smets. Mais combien de patients va-t-il falloir traiter pour rien ? Cela dépend aussi de la volonté des patients, certains peuvent aussi se réserver l’opportunité de ne pas savoir ».

« Si ARISE est positif, cela devrait changer l’histoire du traitement de la SEP », estimait pour sa part le Dr Lebrun-Fresnay la veille de l’annonce des résultats. Elle coordonne d’ailleurs un autre essai, toujours en cours auprès d’autres patients RIS. Dit Teris, il a été mené avec une autre molécule, le tériflunomide, un immunomodulateur (Aubagio, Sanofi Genzyme). La guerre des RIS ne fait sans doute que commencer.

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