Une carte interactive publiée par l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir met en évidence l’accès déplorable aux praticiens en France, qu’ils soient médecins généralistes, gynécologues, ophtalmologues ou pédiatres… Selon l’association, il y a urgence à réguler les installations des praticiens et à veiller à leurs tarifs pour que la fracture sanitaire ne s’aggrave pas davantage dans les années à venir.
Pour mener son étude, l’UFC-Que Choisir a croisé deux critères : l’éloignement géographique des médecins (accessibles à moins de 45 minutes de route) et les tarifs pratiqués (dépassements d’honoraires ou non).« Près de 4 Français sur 10 ont des difficultés d’accès à un ophtalmologue, plus de la moitié des enfants sont en difficulté d’accès pour un pédiatre, plus de 4 femmes sur 10 ont du mal à accéder à un gynécologue. Et si on essaie en plus de consulter un spécialiste sans payer de dépassement d’honoraires, c’est quasiment le parcours du combattant pour avoir un rendez-vous », détaille Maria Roubtsova, spécialiste des questions de santé pour UFC-Que choisir.
Une fracture sanitaire qui est en effet une fracture financière puisque les dépassements d’honoraires payés par les patients ne cessent de croître, pour atteindre 3,5 milliards d’euros par an en 2021. « Non seulement il y a déjà deux tiers des gynécologues et des ophtalmologues qui les pratiquent, mais en plus la part des praticiens qui effectuent des dépassements d’honoraires a tendance à augmenter pour les spécialistes, donc si on ne fait rien, les soins vont continuer à être de plus en plus inaccessibles d’un point de vue financier », souligne Maria Roubtsova.
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— UFC-Que Choisir (@UFCquechoisir) November 8, 2022
L’association a donc élaboré une carte interactive pour illustrer le constat qu’elle fait. « On a aussi observé que ce sont les départements dans lesquels les médecins sont les plus âgés qui sont aussi les moins denses, c’est-à-dire que du fait de la dynamique des départs en retraite, la fracture géographique va s’accentuer dans les années à venir si on ne fait rien », alerte l’association de défense des consommateurs qui remet en cause les mesures d’incitation, notamment financières, à l’installation des médecins, menées par les pouvoirs publics depuis 15 ans. Elle préconise de ne plus permettre aux médecins de s’installer en zones sur-dotées, sauf « si la situation l’exige », sans dépassement d’honoraires, de fermer l’accès au secteur en honoraires libres et de supprimer les aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la Sécurité sociale.Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), actuellement en cours d’examen, prévoit, dans le même sens, une quatrième année d’internat pour les jeunes médecins avec des stages « en priorité » dans les zones sous-dotées. Les étudiants en médecine, mobilisés depuis plusieurs semaines, y sont hostiles. Ils dénoncent l’injustice de telles mesures, dénoncent leurs conditions de travail et de formation déjà désastreuses et préjudiciables aux patients. Anaïs Werestchack, jeune médecin clermontoise, alerte, depuis la mi-octobre, l’opinion publique sur la situation, via son compte Instagram.