PREMIERE. Une nouvelle stratégie utilise les « ciseaux génétiques » CRISPR-Cas9 contre le cancer

Pour la première fois, les « ciseaux génétiques » CRISPR/Cas9 ont servi à couper et remplacer un gène des cellules immunitaires de patients souffrant de cancer, afin de les rendre spécifiques et plus efficaces.

C’est une première. Les “ciseaux génétiques” CRISPR ont été utilisés pour modifier des gènes spécifiques dans des globules blancs humains qui ont ensuite été réinjectés à leur propriétaire, atteints de cancer. Ce traitement innovant a permis une stabilisation de l’évolution de la maladie chez cinq patients sur 16, tous arrivés à court de traitement efficace. Une réussite partielle sur le plan clinique, mais qui prouve la faisabilité de la méthode sur le plan scientifique, rapporte la publication dans la revue Nature.

Les TCR des protéines des globules blancs permettant de détruire les cellules cancéreuses
Mélanome, cancers colorectal, du poumon, du sein, de la prostate ou de l’ovaire, les 16 patients inclus dans l’étude avaient en commun une maladie en progression malgré le tarissement des traitements disponibles. A l’université de Californie à Los Angeles (UCLA, Etats-Unis), les chercheurs ont tenté une nouvelle approche. “L’objectif ultime de tout traitement anticancéreux est de cibler et de tuer les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules normales”, rappellent-ils. « Le système immunitaire humain est particulièrement adapté pour atteindre cet objectif en raison de la spécificité fine du récepteur des cellules T (TCR)”.

Ces cellules T sont un type de globules blancs, des cellules immunitaires capables de reconnaître les cellules anormales (infectées par un virus ou cancéreuses, par exemple) et de les détruire. Pour cela, elles utilisent un récepteur, c’est-à-dire une protéine présente à leur surface dont le rôle est de contrôler l’intégrité des cellules qu’il rencontre. A la manière d’un policier demandant les papiers d’identité, la cellule T connecte son récepteur TCR à la cellule suspecte. Elle y détecte un antigène, c’est-à-dire un morceau de protéine caractéristique de son état, une sorte de passeport sur la base duquel le globule blanc scellera son sort.

Prélever les cellules T du patient, les modifier et les réinjecter
Tout cela parait bien rodé, mais voilà : les récepteurs TCR des cellules T sont très divers, spécifiques à des milliers d’antigènes différents. Aussi, celles qui seraient à même de détecter les cellules cancéreuses – elles-mêmes très diverses d’un patient à un autre – ne sont souvent pas assez nombreuses, et n’entrent pas suffisamment en contact avec leur cible pour être efficaces. Pour y remédier, les scientifiques ont une méthode. Il leur faut prélever une biopsie (échantillon) de la tumeur, puis des cellules T circulant dans le sang de chaque patient. Ils peuvent ainsi sélectionner les TCR qui fonctionnent pour le cancer précis dont souffre le patient parmi ses propres cellules T, puis remplacer le TCR des autres cellules T par celui qui fonctionne. Le résultat sera réinjecté au patient.

sciencesetavenir

You may like