Biden très attendu, et sous pression, à la COP27

Le président américain Joe Biden fait une brève escale vendredi à la COP27, pour donner en exemple son plan colossal pour l’action climatique aux Etats-Unis mais est sous pression pour augmenter l’aide aux pays pauvres, en première ligne du dérèglement climatique.

Conforté par les élections de mi-mandat, qui n’ont pas vu déferler la vague républicaine annoncée, il va vanter dans son intervention les 370 milliards de dollars de son plan d’investissement consacrés au climat, le plus gros chèque pour l’environnement jamais signé aux Etats-Unis. Et appeler les autres pays à faire eux aussi le maximum pour lutter contre le réchauffement.

« Nous vivons une décennie décisive. (…) Que ce moment soit celui où nous répondons à l’appel de l’Histoire. Ensemble », a tweeté le président quelques heures avant son arrivée à Charm el-Cheikh, en Egypte, où se déroule le sommet mondial annuel pour le climat.

La militante ougandaise  Vanessa Nakate lors d'une manifestation à Charm el-Cheikh, en Egypte, le 11 novembre 2022
 (AFP - Fayez Nureldine)

 

Le temps presse en effet alors que les émissions de gaz à effet de serre issus de la combustion d’énergies fossiles, dont les Etats-Unis sont le premier producteur et consommateur mondial, vont à nouveau atteindre des records en 2022, selon un rapport de référence publié vendredi.

Mais le président américain sera aussi très attendu sur la solidarité financière avec les pays les plus affectés par le changement climatique.

Washington n’a en effet toujours pas tenu ses engagements dans le cadre de la promesse des pays riches de fournir 100 milliards de dollars de financements par an aux plus pauvres, pour lutter contre les émissions et s’adapter au changement climatique.

« Les Etats-Unis doivent être un leader climatique. (…) Le message au président Biden est de se tenir au côté des peuples de la planète et des générations futures », a dit à l’AFP à Charm el-Cheikh la militante ougandaise Vanessa Nakate, figure du combat des jeunes pour le climat.

Le président Biden s’est engagé sur une contribution de 11,4 milliards, mais qu’une future majorité républicaine pourrait bloquer.

Dans le passé, les Républicains « n’ont pas vraiment été des partenaires pour s’attaquer à la crise climatique », a dit à l’AFP Kathy Castor, présidente démocrate de la commission spéciale de la Chambre sur la crise climatique.

– « Plus loin, plus vite » –

Et alors que les catastrophes climatiques – sécheresses affectant les récoltes, canicules, méga-feux, inondations – se multiplient à travers le monde, les pays les plus touchés réclament désormais des fonds pour les « pertes et dommages » subis.

Un manifestant déguisé en ours polaire, lors de la COP27 à Charm el-Cheikh en Egypte, le 10 novembre 2022 (AFP - JOSEPH EID)

 

L’émissaire spécial américain pour le climat, John Kerry, a voulu enjamber la question en assurant mercredi à la COP qu' »aucun gouvernement au monde n’a l’argent » pour mettre sur la table les « milliards » nécessaires, et qu’il faudrait donc trouver des moyens d’enrôler le secteur privé.

Selon le conseiller pour la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, M. Biden va « souligner la nécessité d’aller plus loin, plus vite, pour aider les communautés les plus vulnérables à renforcer leur résilience » et encourager les principales économies mondiales à « radicalement » baisser les émissions.

Sur ce dernier point, ce sont les vives tensions entre la Chine et les Etats-Unis qui inquiètent.

L'émissaire américain John Kerry lors de la COP27 à Charm el-Cheikh, en Egypte, le 11 novembre 2022 (AFP - Fayez Nureldine)

La coopération entre les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux est jugée primordiale et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, les avait appelés lundi en ouverture de la COP à assumer leur « responsabilité particulière ». 

Le président chinois Xi Jinping n’a pas fait le voyage de Charm el-Cheikh, mais les deux hommes se rencontreront lundi à Bali, en Indonésie, en marge du sommet du G20. Ils devraient notamment aborder le « travail commun » sur le changement climatique, selon un haut responsable de l’administration américaine.

Entrée du centre de conférence de la COP27, le 10 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Egypte (AFP - AHMAD GHARABLI)


Avant de s’adresser à la COP, en fin d’après-midi, le président Biden aura un entretien avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Selon la Maison Blanche, il évoquera notamment la question des droits de l’Homme et le sort d’Alaa Abdel Fattah, blogueur prodémocratie emprisonné et en danger de mort après sept mois de grève de la faim.

 

 

 

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